Question à un zloty contrefait : combien vaut un (d) euro en chute libre contre un douro en roue libre et un dinar en flottement trop libre ? La tragique moralité est aussi vieille que le bipède qui créa la première monnaie des primates anthropoïdes. L’huile d’homme étant la seule capable de graisser n’importe quelle machine debout sur ses deux pieds qui s’enraye, pourquoi alors dilapider son huile de coupe lorsqu’il suffit juste d’ouvrir sa bouche pour avaler le pays découpé en quartiers entiers?
La galette demeurant encore et toujours le pain béni des hommes «en-cîmés» et le croûton rassis le gâteau maudit des gens «sous-terrés»), tout le monde continue à rêver au chemin le plus court vers le trésor éventré de toutes incuries.
L’histoire qui suit est d’une tragique vérité : quelque part entre Tidda et Z’dama, dans l’arrière-pays occidental, Chalachou est un bipède-commissionnaire en col usé sévissant à l’état naturel dans un bureau miteux jusque dans le tiroir-caisse fermé avec une serrure sans chas. Le rôle «naturel» de Chalachou est de toujours réclamer un cinquième du gâteau, juste pour zyeuter le dossier, l’examiner, le disséquer, l’entourlouper, le lire à l’endroit, puis à l’envers, avant de le ranger avec un soin sacerdotal dans le troisième tiroir à partir du bas de son bureau papivore. Alors, pour arracher sa part volée du gâteau mijoté sans lui, il a la très «démocratique» idée de placer à l’entrée de son bureau une tirelire grandeur nature, capable de contenir jusqu’au double de son poids mouillé en oseille, qui n’exhale jamais d’odeur ni n’a de couleur. Le premier «ponctionné» déposa deux kilos de pièces de monnaie usées dans la tirelire à Chalachou, ouverte aux quatre vol(s).
Le second, plus friqué, misera un mois de sueur froide pour y incruster un quintal en fausses coupures de deux cents dinars trop fripés. Le troisième, plein aux as, y mettra carrément un million en (d) euros pour remplir la tirelire à ras bord. Le quatrième, le cinquième, puis le énième ponctionné finiront de faire dégouliner la tirelire, sous le regard orgasmique de Chalachou. Face à ses trop obligés, bâillonnés et ligotés, Chalachou, entre un dîner royal et un dinar déloyal, eut un discours dont se souviennent encore les macchabées, morts écrasés sous le poids trop lourd d’une brique contrefaite.
Voici, à une demi-syllabe près, l’abracadabrant aphorisme que légua Chalachou à la meute des crypto-argentés : «comme il y beaucoup de gens qui n’ont de leur fortune que la crainte de la perdre, autant voler le flouze à ceux qui l’ont chipé »
L’histoire des plus prosaïques dira, pour la postérité, que son bedon était si lourd à porter que Chalachou se brisa le dos et mourut affalé contre le dossier de son fauteuil que l’on dit exagérément rembourré…
13 mai 2010
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