En soutenant dans sa déclaration faite dimanche passé que même si l’année scolaire «a été quelque peu difficile en raison des grèves, le secteur n’est pas resté passif et a pu rattraper presque tous les retards par l’utilisation des vacances scolaires et d’autres jours consacrés aux examens trimestriels, le ministre de l’Education nationale,
Boubekeur Benbouzid, a soulevé l’ire et l’indignation du syndicat autonome SNAPEST, section d’Oran, qui nous a contacté pour faire savoir qu’il s’inscrit en faux contre cette présentation que contredit la réalité telle qu’elle se décline dans les établissements de la wilaya d’Oran.
Les syndicalistes en question affirment que, contrairement à ce qu’a avancé le ministre, pour les 3es AS (sciences) par exemple, qui préparent au fameux sésame qu’est le baccalauréat, en mathématique, le cours sur les «Probabilités et les statistiques» n’a pas du tout été entamé, alors qu’une bonne maîtrise de ce cours nécessite au minimum un mois. Il en va de même, selon eux, de celui de «Physique», dont deux chapitres n’ont pas été abordés, qui nécessitent une préparation d’un mois et demi. De même pour les «Sciences naturelles», dont tout le chapitre «Géologie» n’a pas été abordé, et ceci à moins de vingt jours des examens du bac et à une semaine du «bac blanc».
Nos interlocuteurs ont été par ailleurs catégoriques pour démentir qu’il y ait eu des récupérations d’opérées les samedis pour rattraper les retards et cela sur l’ensemble des lycées de la wilaya d’Oran.
Pour le SNAPEST donc, la situation ne prête pas à l’optimisme dont a fait montre le ministre de tutelle et exige, dans «l’intérêt» des élèves concernés par l’examen du bac, l’organisation d’une deuxième session.
Ce tableau noir décrit par le SNAPEST Oran est-il spécifique à cette seule wilaya ou est-il commun à l’ensemble des lycées du territoire ? Entre la vérité assénée par Benbouzid qui prétend que grâce aux rattrapages opérés, le baccalauréat 2010 se passera normalement et sans handicaps pour les candidats, et celle des syndicalistes qui soutient le contraire, il y a de quoi se faire des inquiétudes sur ce «bac cru 2010».
Il est en effet difficile de prendre pour argent comptant la vision rassurante qu’à donnée le ministre de l’Education, quand on sait dans quel état d’esprit les enseignants ont repris les cours sur l’injonction de la justice et sous la pression des menaces de sanction dont ils ont fait l’objet de la part de l’administration.
Nous avions écrit à ce moment-là que le ministre et l’encadrement dirigeant de l’Education nationale poussaient le bouchon trop loin après cela en comptant sur ces enseignants humiliés et convaincus d’être victimes d’un déni de droit, pour qu’ils fassent le nécessaire pour faire des rattrapages rendus indispensables par les retards occasionnés par leurs grèves.
A Oran en tout cas, notre prévision semble s’être vérifiée, à en croire les syndicalistes du SNAPEST. Le ministre qui a admis que «c’est presque tout le retard qui a été rattrapé», a-t-il envisagé une solution en faveur des candidats au bac des wilayas qui, à l’instar d’Oran, selon le SNAPEST, n’ont pas connu d’opérations de rattrapage rassurantes pour le déroulement de l’examen ?
12 mai 2010
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