Le Carrefour D’algérie
Pendant que la réforme hospitalière était attendue du côté de l’amélioration de la qualité humaine des personnels de santé publique, on continue de croire dans le département de Monsieur Barkat qu’elle est une question d’argent,
ce qui a permis l’annonce d’une enveloppe de 1,5 milliard d’euros destinée à la seule rénovation de 320 hôpitaux à travers le pays. Evidemment, les «rénovateurs» sont prêts à prendre le départ de cette vaste opération d’enrichissement et se frottent déjà les mains à l’aide de leurs truelles pour les uns, de leurs pinceaux pour les autres. Menuiserie, de préférence en aluminium, maçonnerie, peinture, sanitaires, plomberie, électricité et le tour est joué: on a rénové. Réforme et rénovation iront ainsi de pair, mais une fois les ordres de services honorés et le trésor soulagé de l’argent de l’Etat, commenceront les petits soucis du bricolage à l’instar de toutes les administrations. Lorsque le Ministre déclare qu’«il est inadmissible que les Algériens continuent à se soigner dans des conditions difficiles», on est bien en droit d’attendre un véritable diagnostic qui nous informe sur les causes profondes du malaise du secteur de la santé. Particulièrement, depuis la décision politique et combien démagogique de la gratuité des soins. Depuis la banalisation du médecin et de son rôle dans la société. Depuis l’envahissement des espaces de santé publique par de faux syndicalistes dont le seul souci était de prendre leur revanche sur le sort. Pourquoi alors avoir attendu que les hôpitaux atteignent un niveau de décomposition alarmant, inhumain, pour lancer un plan de rénovation alors qu’il fallait mettre en place des programmes de maintenance préventive au fur et à mesure que les infrastructures présentaient des signes d’obsolescence? Lorsqu’on voit comment du matériel commandé en devises fortes périt dans des caisses, sans jamais avoir été utilisé pour différentes raisons, dont celle de la formation de personnels techniques. Lorsqu’on voit que des équipements et autres produits pharmaco-chimiques sont détournés, volés et que le patient doit se déplacer de son lit d’hôpital pour une analyse de son sang, on se demande ce que rénovation voudra dire dans cette nouvelle politique du Ministère de la Santé. L’hôpital est l’espace du pauvre et du démuni qui en attend au moins un peu de respect pour lui conserver ce qui lui reste comme dignité. Et si certains pensent qu’en injectant 1,5 milliard de dollars, les soins seront mieux dispensés, c’est qu’ils n’ont rien compris au système de santé en Algérie. Ou alors ce n’est pas ce qui l’intéresse. 1,5 milliard de plus ou de moins n’y changeront rien.
11 mai 2010
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