Les cheminots sont en colère, beaucoup plus pour avoir été «omis» des prochaines augmentations salariales que pour des revendications d’ordre socioprofessionnel.
Pratiquement, tous les trains d’Algérie sont restés lundi en gare, laissant en rade des milliers de voyageurs et de banlieusards, qui se sont rabattus sur les taxis et les bus pour aller vers leurs lieux de travail. Officiellement et selon des syndicalistes, le ras-le-bol est dicté par les mauvaises conditions de vie des travailleurs du rail, dont les salaires sont très bas.
En réalité, les travailleurs des chemins de fer ne sont pas concernés par les prochaines augmentations de salaires décidées par le gouvernement avec l’UGTA et les SGP, à travers la mise en place des conventions de branches. Ces conventions de branches, dont certaines seront déjà applicables à partir du mois de mai, selon un communiqué ayant sanctionné il y a une dizaine de jours les travaux de la tripartite (UGTA-Gouvernement-Patronat), ne concernent pas les travailleurs de la SNTF. C’est, apparemment, l’éviction des travailleurs de cette entreprise, et plus précisément le personnel technique (conducteurs de trains, contrôleurs, machinistes, etc.) des «dividendes» des conventions de branches, qui est à la source du mouvement de débrayage. C’est, de toute évidence, un sentiment de désarroi devant cet «oubli» qui aura mis le feu aux poudres et incité les cheminots à enclencher une grève lourde, violente et appelée à durer, selon ses initiateurs.
Connu pour être très dur dans ses positions, le syndicat des cheminots a toujours eu gain de cause dans ses bras de fer avec sa direction. Or, dans le cas présent, ce n’est pas le syndicat qui est derrière ce mouvement de débrayage, mais des syndicalistes qui ont au passage appelé leur fédération à les soutenir dans leurs revendications. C’est en même temps le second débrayage de cette corporation en moins de six mois, signe évident que les travailleurs des chemins de fer ont non seulement une longue tradition de contestation et de luttes syndicales, mais surtout que leurs revendications ont un effet social et économique lourd pour beaucoup de secteurs professionnels. Une grève des cheminots paralyse presque un pays, perturbe les activités de production des entreprises et a un coût social et financier extrêmement élevé.
Pourtant, selon la direction de la SNTF, les travailleurs de l’entreprise, dont les cheminots, ont bénéficié en 2009 d’une nouvelle grille des salaires avec une majoration de 20% du SNMG, en passe d’être relevé à 15.000 dinars. Mais, à voix basse, on estime que le problème de l’entreprise se pose avec acuité au niveau d’une trésorerie qui ne peut supporter une autre augmentation des salaires. Plus concrètement, la SNTF n’a pas d’argent, et ne peut fatalement aller en discussions pour les conventions de branches devant mener vers une hausse des salaires de ses travailleurs.
Les acquisitions des nouveaux équipements, la modernisation de ses trains et les nouveaux projets de modernisation du rail ont-ils englouti tout l’argent de la société ? Ou la SNTF n’a-t-elle plus d’argent, au point de rester en marge des autres secteurs économiques ? En attendant, l’arrêt des trains a un coût : qui paiera la note ?
18 juin 2011 à 6 06 37 06376
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