Les citoyens commencent à voir dans la campagne anti-corruption engagée sous l’autorité de Bouteflika autre chose qu’un remake de celles qui ont été cycliquement menées par le passé. Même s’ils sont encore dubitatifs sur sa finalité,
ils constatent non sans satisfaction qu’elle n’épargne pas des milieux et des sphères considérés jusque-là intouchables. Et de fait, contrairement aux précédentes elle est en train de s’attaquer au phénomène de la corruption autrement qu’en débusquant d’obscurs petits délinquants. Surprise par la tournure des évènements, l’opinion publique a dans un premier temps pris pour argent comptant la lecture qu’en a fait le marigot politico médiatique. A savoir que si des enquêtes ont concerné ces milieux intouchables, elles ne sont nullement la preuve d’une volonté politique de s’attaquer au fléau de la corruption là où sa gangrène fait effectivement le plus de mal aux finances du pays mais la manifestation de manœuvres opérées l’un contre l’autre par les clans constitutifs du pouvoir en sourde lutte pour le contrôle de celui-ci. L’explication a eu un semblant de vérité du moment que les premiers scandales révélés par ces enquêtes ont éclaboussé des responsables et des personnages que la rumeur publique décrit comme appartenant ou proche du cercle présidentiel. D’où l’écoute populaire qu’a eu la spéculation voulant que c’est Bouteflika que visaient à mettre en difficulté ces enquêtes en établissant un lien entre son proche entourage et les délinquants confondus par elles. Si tel est le cas alors Bouteflika est en train de retourner la situation en sa faveur en ayant donné au gouvernement et aux services en charge de la lutte anti-corruption, instruction qu’elle n’épargne nul «intouchable» fut-il de ses proches ou de ses partisans. Quoi qu’en dise la rumeur, et les assertions distillées par ses adversaires, Bouteflika apparaît désormais comme le maître d’œuvre et le chef d’orchestre d’une véritable guerre déclarée à la faune des corrompus et prévaricateurs qui sévissent dans tous les rouages de l’Etat et de l’économie nationale. Il faut croire qu’il a parfaitement intériorisé le fait que l’inertie des autorités face à l’extension du fléau de la corruption durant ses deux premiers mandats a totalement terni leur bilan alors que celui-ci comporte beaucoup de positif au plan des réalisations. Intériorisation qui lui a fait comprendre que pour son troisième mandat il devait placer la lutte contre cette corruption en tant que priorité des priorités de sa gouvernance. Sous réserve que cette lutte ne soit pas dévoyée et ne concerne pas que les lampistes, l’on ne peut que saluer la détermination dont le président semble animé dans cette affaire. Ce qui est en tout cas déjà un acquis est que des milieux qui se considéraient à l’abri parce que intouchables d’une opération «main propre» se font du mauvais sang et soutiennent avec mauvaise foi que l’on est dans des règlements de compte dont ils sont les «victimes innocentes».
10 mai 2010
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