Les «douctours» de l’époque islamo-baâthiste, encore que baâthisme et islamisme sont antinomiques, qui assénaient leur vérité dans les années 1980 sur l’identité algérienne qui ne pouvait être qu’arabo-islamique et l’arabe langue nationale, sont aujourd’hui dépassés. Le discours qu’ils tenaient sans être contredits en raison de l’absence
de liberté d’expression, les idées qu’ils assénaient sans débat semblent aujourd’hui appartenir à la préhistoire algérienne.
L’islamisme salafiste, pour qui le baâthisme est le pire ennemi de la «oumma», puisque Michel Aflak et ceux qui se réclamaient de l’idéologie du panarabisme, Hafez al-Assad ou Saddam Hussein, en ont fait le moteur de la construction d’États — la «région arabe de Syrie» et sa concurrente «la région arabe d’Irak» — qui devaient être le point de départ d’un seul État arabe regroupant toutes les «régions», allant du Golfe persique à l’Atlantique (1). Ce projet nationaliste est mort avec Saddam et avec l’affaiblissement et l’isolement de la Syrie. Climat antidémocratique et autoritarisme aidant, les islamistes, soutenus par l’Occident du temps où ce dernier pariait sur l’Islam pour combattre le communisme, ont été les premiers à lui porter des coups. À la nation arabe, ils proposaient et proposent toujours la nation islamiste. Par la voie armée ou si les circonstances le permettent par la voie des urnes, pays par pays. Chez nous, l’islamisme a d’abord choisi la voie de la violence armée. En dépit de crimes effroyables, d’une terreur de masse selon le principe que si la méthode de la persuasion ne fonctionne pas, il faut user de la force, il n’a pas réussi dans son entreprise. À la fin des années 90, il était pratiquement anéanti. Au prix, cependant, de plusieurs dizaines de milliers de morts et de destructions matérielles d’un montant de plusieurs milliards de dollars. Toutefois, la Concorde civile et la réconciliation nationale, dont le but était de persuader les derniers récalcitrants à déposer les armes, a permis aux salafistes d’effectuer un retour remarqué sur la scène nationale. Pour faciliter la réinsertion de ces «égarés», l’État, prônant une démarche conciliatoire faite de demimesures, refusant d’assumer une modernité indispensable pour le devenir de l’Algérie, leur a cédé des espaces où, finalement, le religieux sous sa forme la plus rétrograde a, selon l’expression de l’universitaire tunisien Hamadi Redissi, toujours le dernier mot faisant peser sa chape sur la société et les individus. Ils se sont réorganisés, squattent de nouveau des mosquées, interdisent la mixité dans certaines résidences universitaires et à l’instar de Madani Mezrag, Layada et autres, ils assument publiquement et en toute impunité leur «djihad» contre l’État et la société, y compris le meurtre de personnalités comme Abdelhak Benhamouda ! Ayant donc compris que la violence était contre-productive, et ce, bien qu’ils n’aient jamais condamné nommément les actes d’Al Qaïda au Maghreb islamique, les islamistes usent de méthodes différentes pour repartir à la conquête du pouvoir. Au point où le ministre des Affaires religieuses n’a pas hésité dans un entretien à Liberté du 19 octobre 2008 à accuser les salafistes de noyauter l’État. Le retour des salafistes, aidés par des chaînes satellitaires religieuses, a drainé derrière lui le charlatanisme et les tartuffes. Les «chioukhs», qui ont pris la place des «douctours » baâthistes, sont devenus des spécialistes en tout genre. Ils ont des réponses à tout. Le sida, la grippe H1N1, rien n’échappe à leur science. Au point où des médecins convertis à la nouvelle idéologie prodiguent aux malades qui les consultent des «rokia» et toutes sortes de médications relevant du charlatanisme. Et quand un journaliste en fait état comme ce fut le cas de notre consœur d’ El Watan, il est traduit devant la justice pour… «diffamation» ! Même certains journaux sportifs se font le relais de ce charlatanisme conseillant à des joueurs de football la «rokia» pour soigner leurs bobos et améliorer leurs performances. En résumé, le moins qu’on puisse dire est que la régression est en marche et personne ne sait quand elle s’arrêtera.
H. Z.
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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/05/06/article.php?sid=99729&cid=8
6 mai 2010
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