Le Carrefour D’algérie
Certaines femmes n’ont pas la langue dans la poche. Elle sont bien pendantes et n’arrêtent jamais de papoter. On dirait de vraies pies. La parlotte commence déjà le matin, en envoyant les enfants à l’école. Sur le palier, voilà que la voisine montre le bout de son nez.
Et hop, elle est vite repérée. Et c’est parti pour une bonne demie heure de causerie. Tout y passe. Un véritable bilan des activités de tous les habitants de l’immeuble. De celui qui vient de se payer un frigo, à celle qui a été battue dans la soirée par son mari, au fils du voisin du 3ème étage qu est rentré complètement ivre, etc… La demie heure passée, elle décide enfin de couper court à cette discussion pour se presser d’aller faire le marché. Sur le chemin, c’est pareil. Voilà que Kheira traîne déjà son couffin. Fatiguée et pressée d’arriver chez elle, elle ne peut, cependant, faire semblant de ne pas voir la voisine «pie». Kheira s’arrête donc et encore une demi heure perdue dans des « t’as vu l’autre hier…», «wallah, ce n’est pas gentil de sa part…», ou encore «j’ai pas fermé l’oeil de la nuit, khayti…». Il est déjà presque onze heures, et la pie n’a pas encore fait ses emplettes. En se rendant compte, elle court carrément pour rattraper le retard et achète vite ce qui lui manque. Sur le chemin du retour, elle s’arrête au moins trois fois, pour saluer f’lanna et embrasser feltana et… raconter sa vie. Une fois à la maison, midi a déjà sonné et les enfants attendent impatiemment que leur mère leur donne à manger. Avant de repartir à l’école. Souvent, ils ressortent le ventre vide.
4 mai 2010
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