Dans son récit de 96 pages, Ô ma mère l’Algérie, «l’auteur consacre un regard d’espérance sur l’Algérie. Des nouvelles qui mènent tout droit au rêve porteur de meilleurs jours. Il y a, dit-il, comme une brise de bien-être qui s’épand sur le pays «heptagone» ces jours-ci, malgré les quelques cris de détresse. Le refrain Bladi de Baâziz a déjà annoncé les prémices du printemps tant attendu…».
Rachid Ezziane dans Un visa pour l’honneur, en opposant sa jeunesse perdue avec un penchant stérile pour l’écriture, met en exergue une jeunesse jetée en pâture dans un monde virtuel que seule la vieillesse connaît. Un visa pour la France défie la lecture universelle. Dans un texte de 7 pages, l’auteur, tout en décrivant le calvaire des demandeurs de visa, a relevé les différents aspects névralgiques de la France envers les Algériens, similaires à ceux de la France d’occupation de l’époque. Il assimile la combat des demandeurs de visa au parloir de la prison de Guantanamo. Il écrit : «Quelle est la différence entre Le Pen qui nous aime «chez nous» et ceux qui nous traitent de la sorte «chez nous ?» Arrivé à un âge avancé, dans une cascade d’injustices passées, Rachid Ezziane évoque sa peur et sa honte en se posant la question que chacun de nous se pose : pourquoi sommes-nous tombés si bas ? Pourquoi nous rejette-t-on comme de la «racaille» ? S’ensuit Un drapeau pour mes filles. Son allocution comme entrée en matière dénote, à elle seule, l’amour et la fierté de l’auteur pour son pays. Un titre évocateur et significatif pour cet emblème, qui met le doigt sur la plaie ouverte du parcours de notre pays depuis l’Indépendance. L’injustice des hommes, l’injustice de ceux qui, ivres de pouvoir, sont comparables à ceux qui nous ont quittés. Dans un autre texte, l’auteur nous transmet la galère insupportable qu’il a vécue pour gagner son pain dans un climat d’injures, d’injonctions ou de tâches incompatibles avec l’honorabilité professionnelle. Dans un style émouvant, il nous décrit les incohérences de cette frange de la société, malade de son pouvoir hiérarchique. Dans une phrase éloquente, l’auteur écrit : «Aujourd’hui, on dirait d’autres hommes qui ont peuplé ce beau pays pour le détruire. D’où viennent-ils ? Qui sont-ils ?» Rachid Ezziane fait ainsi la comparaison du climat d’insouciance de ses vingt ans aux premières douceurs de la liberté face à celui-ci. Dans son texte Fais comme moi, il écrit : «Fais comme moi, ne donne ton amour qu’à la terre qui t’a vu naître et à la femme qui t’a fait naître.» El-Djazaïr est une anecdote sur la vie de l’Emir Abdelkader durant son exode à Damas. L’auteur décrit son exploit pour avoir su apaiser la soif de tuerie qui animait les musulmans de l’époque envers les chrétiens en louant sa sagesse exemplaire. Décrire l’amour d’un pays dans un bain de sang et de sueur montre la faculté imaginative de l’auteur qui se démarque en faisant flotter le drapeau algérien sous deux noms : Hassiba Ben Bouali martyr de la guerre d’Algérie, et Hassiba Boulmerka, héroïne sportive, dans son texte : «Elles ont aimé le même pays. L’auteur les voue, dans son imagination, toutes deux, (les «Hassiba») à courir sans s’arrêter pour porter et hisser le drapeau vert, blanc, rouge, parmi les nations. L’homme à la mule relate d’histoire d’un enfant baignant dans l’atmosphère guerrière de son pays envahi, qui, adulte, défiant avec une cinquantaine de compagnons la colonisation, la peur, sans fuir, sans se rendre, pour mourir en héros sur leur terre natale. L’apatride dans un florilège de phrases décrit les maux par les mots que subit une frange de la société, rebut parmi les rebuts – assimilée à des terroristes, des bandits de grand chemin ou des pirates sur le seul critère du faciès. Il dit : «Aimez vos animaux et oubliez-moi. Je préfère la boue de mon pays à vos cœurs de béton. Je suis occupé à aimer mon pays : l’Algérie.» Quel beau pays serait l’Algérie…, titre grandiose pour une multitude de vérités brandies, ciblant sous cape la mère patrie inerte aux mains liées. Celle qui se laisse traire sans discontinuité en attendant qu’ils soient assouvis. Mais le seront-ils un jour ?» Texte dramatique qui résume à lui seul la gangrène du pays où le mot «liberté» est proscrit. Poème en prose pour mon pays est un voyage imaginaire où l’auteur se laisse aller à dévoiler en écrivant ses pensées les plus intimes où l’amour pour son pays suinte par tous ses pores. Chante, Bazin ! Chante ! établit le lien qui lie Rachid Ezziane à l’enfant terrible, à celui qui très tôt a su écouter son amour du pays jusqu’à le quitter. Ne pleure pas Ghaza semble être le prolongement d’une tragédie qui n’en finit pas. Une hécatombe où le mot humanisme est rayé du dictionnaire. Qu’est-ce j’ai aimé mon pays ce jour !est une leçon d’amour et d’humanisme qui donne envie d’espérer un avenir meilleur à nos enfants, personnifié par le cri de l’auteur dans sa phrase. Ultime adieu à Labri Ben M’hidi enchaîné, où l’auteur décrit la sérénité du martyr sur la photo et la laideur se traduisant sur le visage de ses bourreaux.
Aksouh Fathma Zohra
Biographie
Rachid Ezziane est né le 14 avril 1955 dans la wilaya de Aïn Defla. Marié, père de trois enfants, diplômé de l’université d’Alger, licence en philosophie. Ancien professeur de philosophie. Il travaille actuellement comme cadre administratif dans une entreprise à Chlef et vit à El-Attaf. A déjà édité quatre romans et un recueil de nouvelles dans les éditions en ligne en France. Il s’intéresse au domaine de la littéraire et à tout ce qui a trait aux livres, et même ceux pour enfants.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/05/04/article.php?sid=99638&cid=16
4 mai 2010
Non classé