Ce dernier samedi, dans la soirée, au cours de l’émission animée par Laurent Ruquier et ré servée pour les téléspectateurs qui ne se couchent pas tôt, Fadela Amara, secrétaire d’Etat chargée de la ville, fut l’invitée de marque et a donné à voir la militante en verve qu’elle est depuis toujours. En effet, il a été, un peu, question de la politique de la ville et du traitement réservé dans les banlieues aux jeunes issus de l’émigration qui pour beaucoup d’entre eux sont maghrébins. Les vis-à-vis de Fadela Amara
intransigeants comme savent l’être les animateurs attitrés de cette émission phare, n’ont pas été très tendres avec la représentante du gouvernement à qui il a été reproché d’être plus volontariste du verbe que de l’action. Et pour cause, les chiffres qui prêtent à inquiétude, ne sont guère en sa faveur. Il a été question aussi et surtout de Burqa, ce sujet qui fâche, et qui a fait sortir de ses gonds Fadela Amara qui milite avec véhémence pour son interdiction pure et simple exhibant en guise de scansion le vote belge qui a donc interdit de territoire ce «voile intégral». Le glissement sémantique vaut que l’on s’y arrête. La Burqa est un mot connoté religieusement parlant. Le voile intégral renvoie à de simples questions de voies publiques et de sécurité. Et puis tant qu’à faire, inventer une expression pour éviter ces emportements aux allures de croisades, c’est économique et commode. Cela permet en outre d’éviter les empoignades inutiles. Il n’en demeure pas moins, cependant, que Mme Amara, vivant peut-être douloureusement une sorte de dédoublement fonctionnel, a laissé plutôt parler la militante en lieu et place de la secrétaire d’Etat soumise, en principe, à la tension de l’obligation de réserve. Eric Naulleau, pour une fois dans ses petits souliers, donnait l’impression d’être étonné de tant d’ardeur, émanant d’une immigrée récente, à vouloir être «plus française que les français». Il ne l’a pas dit néanmoins. C’est non pour la Burqa qui ne signifie que la mort sociale des femmes! Aucun questionnement visant à analyser les ressorts intimes qui transparaissent derrière cet accoutrement. Tant pis si ces bégueules doivent éprouver une démangeaison, celle de porter ce voile, pourvu qu’il leur soit interdit de se gratter. Fadela porte sans le savoir peut-être, la violence et la virulence que les algériens se sont donnés pour projet de combattre dans leur pays. Le prince a dit et cela suffit. Et le Prince a toujours raison. Mais le «hic» de cette soirée turbulente, au final, c’est lorsque l’un des protagonistes a rappelé les origines qu’il croyait «arabes » de Mme Amara. Il fut promptement corrigé par son interlocutrice qui a tenu à préciser qu’elle était d’origine Berbère. Ce qui est sans doute vrai. Cela nous a laissé un parfum d’avant, et l’on a été subitement plongé dans cet ostracisme «anti melons» dont nous avons assez soufferts, alors enfants. Avant d’écarter d’un revers de main dédaigneux une culture, et seulement une culture pas une race, il faudrait peut-être avoir la sensibilité de na pas écorcher les susceptibilités de ceux qui ont choisi de la porter. Merci Madame Amara!
PAR MUST H. musthpolemic@yahoo.fr
3 mai 2010
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