De manière régulière et souvent dans des situations dramatiques pour les Palestiniens se pose la question de l’utilité de la Ligue arabe. Sa capacité d’agir de manière active et positive et d’exprimer clairement au monde et donc aux Etats-Unis les vues des opinions publiques arabes est nulle.
Il ne reste que son jeu négatif dont on vient d’avoir l’illustration à travers le soutien apporté par le «Comité de suivi du processus de paix à la Ligue arabe» – quelle dénomination pompeuse ! – aux négociations indirectes entre Israéliens et Palestiniens. La belle affaire ! Les membres dudit comité semblent croire que les opinions publiques ne suivent pas les informations et ne lisent pas les journaux. Et qu’ils n’ont pas constaté que Mme Hillary Clinton a déjà annoncé depuis une semaine que lesdites négociations indirectes entre Palestiniens et Israéliens vont reprendre. Si les membres du «comité» ont raté ces déclarations publiques de la secrétaire d’Etat américaine, ils doivent vite licencier leurs sherpas chargés, en théorie, de s’occuper de ce qui les concerne.
Mais soyons sérieux ! Ils n’ont pas raté un traître mot des déclarations de Mme Clinton, ni ses injonctions adressées aux Etats arabes à donner plus de gages à Israël. Et s’ils sont aujourd’hui décidés à soutenir ces négociations, cela a directement à voir avec les admonestations de la secrétaire d’Etat américaine.
On est en plein mauvais usage d’une Ligue arabe oubliée la plupart du temps, mais mise en exergue quand les nécessités de l’Empire l’imposent. Pour la forme et parce qu’ils savent que les négociations sans fin et sans but sont totalement décriées par les Palestiniens en premier, les membres du comité disent douter du «sérieux» d’Israël dans la recherche de la paix.
Ce qui les aurait motivés, ce sont des «nouveaux engagements» de Barack Obama au sujet de la colonisation de Jérusalem. Tant de naïveté déroute. Les membres du comité ne suivent apparemment pas ce qui se passe aux Etats-Unis et ce que fait, avec beaucoup de réussite, le lobby israélien. Ils n’entendent pas non plus ce que disent les membres du gouvernement israélien.
Apparemment, ils vivent dans une bulle appelée «processus de paix», loin du sang, de la peur et de l’encerclement vécus heure par heure par les Palestiniens. A la limite, on leur aurait trouvé un aspect de lunatiques sympathiques s’ils ne jouaient pas un rôle pervers. La question d’aller aux négociations ou pas se jauge, aux yeux de tous les Palestiniens, à ce qui se passe sur le terrain. Et là, même si on fait le benêt, il est difficile de trouver quelque chose de pacifique sur un terrain où l’on affame, encercle, où l’on tue, l’on exproprie et où l’on purifie ethniquement.
Dans ces conditions, Mahmoud Abbas, dont la légitimité est contestée au-delà du Hamas, se trouve une légitimation non-palestinienne à travers un comité de la Ligue arabe qui n’a, aux niveaux juridique, moral et politique, aucun droit à se substituer aux Palestiniens.
En définitive, ils ont tellement bien entendu Hillary Clinton qu’ils ne pouvaient que lui signifier que le message a été bien reçu.
3 mai 2010
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