02-05-2010
Ceux qui insistent à dire que la femme musulmane est trop soumise et n’a pas le droit à la parole, vont-ils se sentir tout petits dans leurs habits après l’intervention remarquée de la première dame d’Iran ? Lors d’un séminaire de musulmanes savantes, l’épouse du président Ahmadinejad n’a pas fait dans la broderie.
Comme il semble que tous les moyens sont bons pour prévenir les «décharges sataniques» de l’Occident, Azam Sadat Farahi s’est-elle aussi mise à voir tout rouge. Et ce n’est pas l’interdiction du port du voile intégral, ou en voie de l’être, dans des pays européens qui l’a agacée particulièrement.
Ce qui l’a mise hors d’elle, c’est le fait que les vieux amis intimes de l’Iran, devenus ennemis jurés aujourd’hui, passent par les Nations unies pour promouvoir les soi-disant programmes porteurs de progrès contre la discrimination.
D’après les vérités de la première dame de la République islamique d’Iran, ces mêmes programmes encouragent la «débauche» des femmes dans les pays musulmans, via des relations sexuelles illicites. Mieux vaut dire que la démocratie occidentale, qui serait contraire à la charia, ne convient pas à la junte féminine musulmane. Mais alors là pas du tout.
N’a manqué à l’épouse du chef de l’Etat iranien qu’à distiller ce poison qui envenimerait l’ensemble du monde musulman. Du poison, il en est question sauf que c’est l’ex-première dame des Etats-Unis qui en parle.
A quelques mois de la sortie des mémoires de Georges W. Bush, qui ne seraient pas tout à fait une, Laura a créé un sensationnel buzz. Selon les révélations de l’ancienne first lady, elle et son mari auraient été victimes d’une tentative d’empoisonnement à l’occasion d’un dîner du G8 en Allemagne.
La chancelière allemande peut s’entretenir au téléphone sur tous les sujets brûlants du calendrier international, notamment sur la grave crise financière en Grèce ou des «chemises rouges» thaïlandaises qui risquent de craquer et qui en appellent à l’UE avant qu’il ne soit trop tard.
Laura Bush préfère, elle, raconter des anecdotes. Tenez-vous bien, le va-t-en guerre de son mari s’était tellement senti mal, après cette présumée tentative d’empoisonnement, que lorsqu’il a rencontré le président Nicolas Sarkozy, il n’a même pas pu se lever pour le saluer.
Du haut de la muraille de Chine, qu’il a visitée en compagnie de son épouse, Carla Bruni Sarkozy, le président français reviendra-t-il sur ce prétendu drame qui aurait pu coûter la vie à l’ex-couple présidentiel US ? Occupé à recoller les morceaux du vase en porcelaine sino-français et à préparer sa présidence du G20 en 2011, Nicolas Sarkozy a beaucoup à faire que de revenir sur la santé de son ami Bush au moment de ces faits «anecdotiques».
Bien qu’il n’a pas eu de contrats à signer avec Hu Jintao, il a eu à peine le temps d’écouter, lors du dîner d’Etat au Grand Palais du peuple de Pékin, un orchestre qui a joué deux chansons de la première dame de France. S’il ne vient pas à étayer les dires de Laura Bush, Nicolas Sarkozy prendra-t-il le temps de détruire les arguments de l’épouse d’Ahmadinejad, l’interdiction de la burqa en France serait un geste fort au nom de la libération de la femme musulmane ? Echange à suivre.
Par Anis Djaad
3 mai 2010
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