Le Carrefour D’algérie
Un cri d’alarme pour les milliers de veuves algériennes. Pas celles de la guerre d’indépendance, femmes de Chahid, possédant au pire une licence de voiture et, au mieux, un logement, une pension ou un café.
Mais les vraies veuves de notre époque, celles dont le mari est mort tard, les laissant âgées, «chargées» d’enfants encore inaptes à l’emploi et de jeunes filles pubères à surveiller dans la jungle sans défense d’une famille sans père. Car si, selon les lois, la divorcée a, aujourd’hui, droit à une pension par enfant (même minable), une location pour y exercer la hadhana et la chance de refaire une vie, la veuve quant à elle, est une victime à perpétuité. Pour celle dont le mari a laissé une maison, il faut déjà faire face aux héritiers, le père du défunt et sa mère qui ont droit, selon la loi, à leur part d’héritage. La maison, le dernier foyer, est souvent, dans ce cas, objet de litiges familiaux et de luttes pour la meilleure part. Souvent, la veuve se voit dans l’obligation de «sortir», de supplier ou de se défendre pour avoir un nouveau logement. Et là, avec le prix actuel de l’immobilier, il ne reste que le «social» souvent peu accessible aux veuves car c’est déjà mal vu dans la société pour une femme d’habiter toute seule. Pour le «panier» c’est encore pire: avec des enfants encore mineurs, une veuve n’a plus droit qu’à la pension de son mari, après des mois d’attentes, et dans le cas où le défunt a eu la chance de travailler longtemps, de cotiser beaucoup et d’avoir eu un emploi bien payé. Dans le cas contraire, dans l’immense arrière-pays de notre pays, la veuve se retrouvera sans rien, dépendante, si elle a de la chance, de la générosité des membres son ex-belle famille, de leurs sens de l’honneur ou de leur mépris. La société algérienne ayant bien changé, les solidarités tribales ne sont plus qu’un souvenir et une veuve ne peut trouver, pour ses vieux jours pénibles, que ses enfants ou son Père déjà trop vieux et une maison parentale déjà vidée par les ans. C’est dire que si la condition de la femme peut être dure, celle de la veuve l’est toujours certainement.
1 mai 2010
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