Le Carrefour D’algérie
Fin de mois difficile, pouvoir d’achat de plus en plus détérioré, acquis socioprofessionnels menacés, le travailleur algérien n’a pas le temps de penser au 1er mai, du moins pas comme il le faisait par le passé. Il a d’autres chats à fouetter.
D’ailleurs que reste-il du 1er mai au delà de la symbolique de la lutte de toute une classe ouvrière? Aujourd’hui, la lutte s’est essoufflée et le travailleur ne se fait plus d’illusions. Pour gagner sa vie, il doit d’abord tout faire pour sauvegarder son emploi. Celui-ci est continuellement menacé dans un monde où la concurrence est telle qu’il ne suffit plus de produire suffisamment mais de vendre énormément. Certains secteurs en Algérie, autrefois, grande fierté nationale, comme le textile, par exemple, n’arrivent plus à faire face à la concurrence mondiale. Le travailleur algérien qui croyait dur comme fer être à l’abri de tous ces chamboulements, est confronté aujourd’hui à une angoisse qu’il n’avait pas connue auparavant: l’angoisse de se retrouver du jour au lendemain au chômage. L’emploi n’étant plus ce qu’il était, le recrutement n’étant plus ce qu’il était, l’Algérien même s’il travaille, n’est pas sûr de pouvoir l’être jusqu’à sa retraite. Du coup, pour lui, le 1er mai ne représente rien. Peut-être même pas cette symbolique à laquelle il tenait tellement dans un autre temps. Travailler pour nourrir toute une famille, voilà la lutte actuelle et il faut dire qu’elle n’est jamais gagnée d’avance. Même l’action syndicale a changé de philosophie, de stratégie tant il est vrai que la politique du travail n’a plus les mêmes notions ni les mêmes objectifs. Aujourd’hui, les gouvernements tiennent plus à réduire le taux de chômage qu’à se consacrer réellement aux conditions de travail et à l’avenir des travailleurs. Preuve en est cette détérioration continuelle du pouvoir d’achat qui a fini par élargir la classe des nécessiteux alors que d’autres ne cessent de s’enrichir. Alors 1er mai dites-vous?
1 mai 2010
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