L’ex-golden boy Rafik Khalifa sera extradé vers l’Algérie. C’est une certitude après l’accord à cette mesure donné hier par le ministre de l’Intérieur britannique Alan Johnson. Même si les avocats londoniens ont décidé de faire appel contre la décision, il est en effet extrêmement improbable que les autorités britanniques fassent marche arrière.
Ce dénouement, peu d’Algériens l’ont cru possible. Les uns parce que convaincus que Londres n’y consentirait pas car ne faisant pas foi en les garanties diplomatiques données par les autorités algériennes quant à la sécurité de Rafik Khalifa, une fois renvoyé dans son pays, et sur le procès équitable qu’elles ont promis d’instruire contre lui. D’autres, les plus nombreux, au motif que ces mêmes autorités algériennes n’y tenaient pas pour la raison qu’un nouveau procès sur l’affaire Khalifa provoquerait un scabreux et déstabilisant déballage.
En apparence, l’extradition annoncée de Rafik Khalifa tombe bien pour les autorités algériennes, qui affichent une volonté déterminée de lutte contre la corruption et la dilapidation du bien public. L’occasion leur sera ainsi donnée d’en administrer la preuve par le biais du procès qui s’en suivra. Lequel doit lever les zones d’ombre que le premier procès de l’affaire Khalifa a laissé subsister en l’absence du premier concerné. Ce qui devrait être la raison première de ce nouveau procès, du moment que l’examen des cas de hautes personnalités du régime et de l’Etat, soupçonnées d’être impliquées sous une forme ou une autre dans le scandale de la banque Khalifa, a été différé, semble-t-il, jusqu’à l’extradition de l’ex-golden boy.
Le procès pourrait être donc une opportunité de convaincre les Algériens qu’il n’y a pas d’impunité pour ceux qui sont impliqués dans des affaires de corruption ou de concussion, fussent-ils des personnalités nationales de premier plan. Ceci d’autant que la cascade de scandales dont prennent connaissance les citoyens au fur et à mesure des révélations qui filtrent des enquêtes diligentées depuis quelques mois, annonce des procès où vont être forcément mêlés des personnages jouissant de ce statut. Ce n’est pas sans raison que l’opinion publique a vu dans la conclusion judiciaire du premier procès Khalifa l’encouragement qu’en aurait tiré une partie de la caste dirigeante à s’adonner, avec la voracité que l’on sait, à la captation de l’argent destiné au développement du pays.
En attendant de vérifier si les autorités sont réellement animées de l’intention de mettre le holà à la prédation que subissent les finances publiques, l’on doit tout de même mettre à leur crédit la ténacité dont elles ont fait montre dans la gestion du dossier d’extradition de Rafik Khalifa. Même si, par moments, cette ténacité a semblé vaine au regard de l’apparent manque de maîtrise par la justice algérienne des subtilités de celle des Britanniques.
29 avril 2010
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