Ce sont les noms mystérieux de la décennie : B. Hamza. Un inconnu qui aurait été l’instigateur de la première grosse grève des enseignants. Cette mystérieuse anagramme serait à l’origine de communiqués, de faux communiqués et de crises entre Benbouzid et ses employés indociles. Le ministre l’avait évoqué un moment mais on n’en saura jamais plus. Ensuite, Boumaârafi, un homme qui s’est caché derrière un rideau qui l’accompagne toujours. Jugé et accusé, il sera sauvé par l’explication de «l’acte solitaire» alors qu’ils étaient deux : lui et le rideau.
Abdelmoumen Khalifa, un mystérieux pharmacien que rien n’explique : ni sa pharmacie, ni le MALG, ni son père, ni l’argent qui a transité sous son nom. Sauvé par un avion, il connaîtra le sort inverse de Boumaârafi et de Raïssi : un rideau sera inculpé à sa place lors du procès (inculpé d’acte collectif), mais il sera accusé de détournement par Londres alors qu’il n’a jamais piloté un avion, mais seulement tout un pays.
Ensuite Guermah Massinissa, tué par son propre pays dans le dos alors qu’il voulait lui parler en face. Il sera traité de voyou par un ministre, après sa mort, et sera traité de mort par son pays avant son décès. S’il est listé ici, ce n’est pas parce qu’il appartient au club des méchants et des énigmatiques, mais c’est parce que son nom est l’évocation la plus proche du nom du gendarme qui l’a tué.
Autre prénom mystérieux, chargé d’énigmes, d’anagrammes et de trous noirs cosmiques : Boulemia. On s’en souvient aujourd’hui à peine, mais cet homme a arraché Hachani au moment même où celui-ci voulait arracher une dent. Le vrai dentiste de cette affaire restera un mystère. Boulemia accusera tout le monde lors de son procès, parlera de généraux, d’extraterrestres, de manipulations, puis sera jugé et inculpé. Boumaârafi l’accueillera avec un plaisir solitaire dans son étroit paradis.
D’autres noms allongent ce mystérieux livret de famille astrologique de l’Algérie. L’assassin de Cheikh Sahnoun, celui de l’avocat Mecili, le deuxième tueur de Medeghri, le vrai ennemi de Mellouk, le prénom réel du gardien du pouvoir comme devoir personnel et le patronyme du père légitime de Mokhtar Benmokhtar.
Des noms connus, oubliés, imaginaires ou à moitié fabriqués. Certains sont morts, d’autres en exil, certains n’ont jamais existé. Il s’agit, en fait, d’un vaste cimetière inachevé où les gens sont enterrés debout quand ils sont utiles et la peuplade est ensevelie couchée pour mieux apprécier la projection vers les étoiles du destin.
29 avril 2010
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