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Le chant syndical par El Yazid Dib

29 avril 2010

Contributions

Il y a de l’avenir pour le nouveau mouvement syndical. Il ne sera, cet avenir promoteur qu’en dehors des sphères de l’Etat-employeur. Par contre il ne saura, se réaliser que dans le sérieux d’un Etat de droit.



Le mouvement syndical aurait été subtilement cette dynamique de défense des libertés démocratiques que tendait à corroborer le mouvement associatif et citoyen pour la bonne assise des mœurs du libre exercice de l’acte politique. Des heurts majeurs se sont cependant dressés face à son évolution. Cette nouvelle tendance syndicale auto-nommée autonome née à la faveur de l’ouverture du champ politique en 1989, s’inscrivait droitement en contrepoids des prérogatives pesantes du pouvoir sur l’agissement du mouvement syndical. Chemin faisant, il s’est taillé la part du lion dans le palmarès des luttes, des grèves, des coordinations. Agréés ou non certains syndicats constituent de véritables vis-à-vis indésirables mais présents et incontournables défiant parfois, par entêtement, l’acharnement à faire le sourd officié, à leur encontre par les pouvoirs publics. Malgré les avatars et les couacs, le multisyndicalisme est en bonne voie.

Les écoles et les lycées plus que l’université et l’administration sont menacés sempiternellement par le spectre de la grève .Restreinte, sectorielle ou générale, elle offre dès son annonce le vertige et met mal à l’aise croit-on savoir non pas les chefs des secteurs concernés, mais la population et la masse de ces secteurs. En fait, elle ne réconforte que la position de ceux à l’encontre desquels elle est supposée être adressée. Par effet indirect, elle ne s’empêche pas par perversité de créer le désarroi dans le cœur de tous les autres. C’est à ce titre que le dilemme du mouvement syndical dans sa décision la plus extrémiste de vouloir décider d’une grève devrait relever du domaine de la loi et non de l’humeur du leader. Même la loi relative à l’exercice du droit syndical, preuve à l’appui demeure sans effet pragmatique sur le négativisme qu’entraînerait sa transgression. Cet arsenal juridique, qui au fond ne garantit ni la liberté syndicale ni la liberté à travailler un jour de grève, reste un semblant de texte inefficace pour tous y compris pour les instances chargées de son application. Comme la grève n’est plus un outil de réclamation, son exercice n’est plus bénéfique pour la corporation encore plus pour ses initiateurs. Avez-vous vu, des parents d’élèves heureux que leurs mômes n’aillent pas à l’école à cause d’une grève décidée la veille par les enseignants ? Avez-vous vu des opérateurs économiques, heureux quand l’on refuse de prendre en charge leurs dossiers, parce que les services fiscaux, douaniers ou portuaires se déclarent en situation de grève ? De l’autre côté de la chose, il n’existe pas aussi d’heureux enseignants ni d’heureux fiscalistes ou douaniers que l’on fait mettre d’autorité en situation de grève. La grève est ainsi l’antinomie de la liberté du travail. Elle devait de se limiter juste à un mot d’ordre et non à un ordre au mot. Impératif, contraignant et au bout agressif et répugnant. Reste cependant ceux qui ont tout l’intérêt à ce qu’une telle manœuvre aboutisse au résultat escompté. Tel un maestro à la baguette philharmonique magique, l’esprit conspirateur dirige en son podium la symphonie des âmes souffrantes. Le leadership dans le syndicat n’est plus perçu comme une compétence à mouvoir les masses ou envoûter les collectifs de travailleurs. Il est paradoxalement le virus qui tue à la longue tout combat. Que de noms et de noms furent bâtis sur l’anonymat de la gent active, des gens et des agents ! Comme le hasard fait bien les choses, le néant fait aussi procréer des noms. Il les toilette, les hisse au summum de l’ivresse disons élective ; pour les enfouir dans les plis de la disgrâce avant de les ensevelir à jamais dans les puits de l’oubli. Par contre, lequel du monde de travail n’aimerait pas voir son statut, sa solde, ses droits, sa famille, ses loisirs, sa culture ; s’améliorer davantage et au prorata de l’évolution du monde ? Le syndicat qui ne sert que l’intérêt de ceux qui y sont, est appelé un jour à disparaitre. Un syndicat, dignement représentatif, élu sur une base démocratique et sans jeux de coulisses, ni sous un étendard de bureaux et d’office, est vite pris d’assaut par ses propres bourreaux. Enfin, le syndicat par naissance est beau, reste à faire introduire cette beauté dans la cavité des syndicalistes.

La nature humaine est telle, qu’elle exige d’une vie, une norme semblable aux autres en tout point de vue. Si le poste supérieur est précaire et révocable dans les rouages de l’Etat, pourquoi ne le serait-il pas donc dans les spirales syndicales ? Il faudrait saisir le bon moment où partir vaudrait mieux que d’y rester. Sidi Said n’est plus à montrer du doigt dans cet espace là. L’envie certes de perdurer temporellement n’excite pas le désir de quitter les planches. Tel un artiste vertueux qui recule, bien avant la tombée des rideaux, le fonctionnaire haut soit-il, syndicaliste général qu’il est, devra dire en préparant pour ce faire, ses adieux. Sinon l’on les lui fera dire. Avec morosité, sans rire ni applaudissements Il sera chassé à coup de communiqués et de déballage. La machine du système est difficile à arrêter une fois l’engrenage enclenché. Tout auteur ou complice de mise en place d’un truc à broyer autrui, finira par se voir à son tour brisé par le truc infernal objet de sa conception. Plus que dans tout autre, dans le monde syndical le monstre broyeur a des dents de scie. Il arrache, mâche et hache.

Que dire d’une situation scabreuse devenue davantage scandaleuse ? Que déclarer face à une évidence sans fin approuvée ? Classiquement la grève relève d’une décision collégiale. D’un droit, elle se transforme par l’intempestivité des uns en une obligation pour les autres. Ce qui l’amène directement vers une situation d’abus de confiance. Leurrer une fois les autres est une prouesse, les leurrer autant de fois n’est qu’une idiotie de part et d’autre. Car il existe bien une différence entre une grève et un absentéisme. La grève demeure par fondement un acte politique, tandis que l’absentéisme est une dérive administrative. La grande différence se trouve également dans la promulgation des taux de participation. L’immense écart explique l’immense dilemme.

En fait de fonction élective, son acte géniteur sera justement ce bulletin de confiance que l’on place en la personne d’un prétendant à la candidature d’élu. Le vote n’est jamais parfait. Il y subsiste quelque part, des défaillances, des absentions ou encore des retentions. D’où retirer une confiance suppose qu’elle ait été déjà donnée. Or une confiance par essence, philosophie et religion n’est à déposer qu’en un endroit altièrement digne de la recevoir. A défaut de retrait par défaut de dépôt, l’on maintient sa confiance. Comme il n’y a pas de mauvais soldats, il n’y a que des mauvais chefs, il ne peut y avoir aussi de mauvais syndicats, car il n’y a en finalité que de mauvais syndicalistes.

Partant de ce fait, le travailleur quel qu’il soit ,enseignant, ouvrier, métallurgiste ou réduit de fonctionnaire, n’aimerait pas aller en contresens du chemin de la scission et de la division des rangs que suscite le syndicat national ou les autres démembrements assujettis depuis longtemps à une intendance toute hardie et inconvenante que provocante et querelleuse. Lui le chercheur de casse-croûte, obéit à la hiérarchie à laquelle, il se trouve au départ de son monde, lié par serment, ordre et respect. Son mouvement est à sens rotatif et digestif. Il aurait aimé ce travailleur, voir dans son syndicat, un traitement juste et égal pour tous.

Il ne se reconnaît point sous cet étendard barbouillé. Il décline à quiconque le droit de vouloir le représenter. Seule sa solde et son payeur restent ses uniques, défenseurs voire ses pourvoyeurs tant en joies que de peines. Ni l’UGTA, le CLA, CNES, CNAPEST, SNAPAP, CNLS …ni la FO, la CGT, ni l’ONU ou anodine corporation partisane n’est à même de contenir son désarroi. Maintenant qu’une confédération des syndicats dits autonomes, se pointe, la lueur débuterait, disons-le ; un peu par dissiper cette chape de méfiance pour se répandre partout ailleurs.

Il faudrait enfin dire, qu’il est d’une nécessité vitale, que chaque société ait ses outils comme garde-corps dans la préservation au moins des acquis sociaux. Le travail et le droit au travail en sont des plus importants. Les revendications quant à l’amélioration des conditions de vie et de travail ne devraient constituer qu’un plan de charge permanent sans casse ni fracas. Surtout sans ambition aucune pour la petite personne qui incarne toutefois une grande fonction syndicale. A l’extrémisme, l’on ne peut en opposer un autre extrémisme. L’activité tolérante paisible et tranquille n’aboutirait qu’à faire émerger une activité tolérée, aussi paisible que tranquille. La décantation sera un moyen efficace d’expurger de ses rangs les impuretés du système.

Il restera au mouvement national syndical public ou autonome un long chemin à trottiner. Plein d’embûches, ceci est aussi une étape nécessaire pour bien se construire ; mais offrirait à la longue un horizon bleu et limpide comme le bleu sain d’un ciel ou d’un océan. Tout aussi non sans vagues. L’unique assurance d’y parvenir sainement serait le bon placement d’une confiance. A défaut, la défiance ferait office de motion de retrait de confiance pour cause d’abus de confiance.

Un bon syndicat ne devrait pas se mesurer par un taux de grèves. Le meilleur taux à scorer reste celui de l’adhésion libre, volontaire et indépendante. A ce syndicat de rameuter, par propos, programme, vision, les troupes vers ses bureaux. Autrement dit, l’on n’a pas à exiger d’un travailleur d’avoir une carte syndicale, il faudrait savoir lui suggérer d’en faire la demande. L’adhésion sera ainsi une joie et non une obligation. La pire pathologie d’un syndicat demeure aussi cette obédience aveugle à l’employeur. Et là tout appel ne serait qu’un chant syndical.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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