« Si je ne brûle pas, si tu ne brûles pas, si nous ne brûlons pas, comment les ténèbres deviendront-elles clarté »
Nazim Hikmet
Le costume bien porté, sobre et discret, et l’allure sont conformes au personnage. L’élégance posée et le vocabulaire choisi, Abdelkader nous
conte sa vie jalonnée de luttes. Jeune communiste, il a milité aux côtés des paysans du côté de Tlemcen, et lorsque la guerre a éclaté, il n’a pas hésité un instant, bravant les directives de son parti, à rejoindre le maquis. Les accords entre le fln et le pca l’ont conforté dans son initiative. Abdelkader qu’on ne peut dissocier de son épouse, Jacqueline, grande militante engagée, avait hérité d’une responsabilité stratégique dans une période cruciale. Il s’était alors écrié comme le poète : « Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle ». Le nationaliste a supplanté le communiste. Arrêté, torturé, il sera condamné à mort en 1957. Il survivra. Le jeune « instit », féru de grec et de latin, aura gardé intactes ses convictions. Il est vrai que l’homme qui a le triomphe modeste ne monnaie ni son passé ni son avenir.
Abdelkader a fait son chemin sans concession, sans céder à la tentation du compromis. Il appartient sans doute à la catégorie des battants. Courtois, volontiers ironique, il peut être disert si on insiste pour qu’il aille plus loin dans son discours. Lorsqu’il parle de son enfance, il n’insiste pas particulièrement sur son côté heureux. Il éprouve de la mélancolie mais refuse de s’y complaire. Morceaux choisis.
Un engagement sans faille
« J’ai le souvenir de mon frère Baghdad, mort alors qu’il n’avait que quelques mois. Je suis à peu près sûr qu’il a dû mourir d’une maladie infantile. Comme nos moyens étaient extrêmement limités à l’époque, on n’a pas pu l’emmener chez le médecin ni lui acheter des médicaments. Voilà le souvenir le plus ancien que j’ai de mon enfance, et c’est un souvenir à la fois de misère et d’injustice parce que si l’injustice n’avait pas existé, mon frère ne serait pas mort d’une maladie somme toute bénigne. C’était dans les années trente. Celles de la grande crise économique mondiale et l’Algérie n’avait pas échappé à ce phénomène.
Nous habitions la maison Benchouk. Nous logions dans une pièce. Mon père, Boumediène, lorsqu’il ne travaillait pas comme ouvrier agricole, était au chômage. C’est dans le petit village de Bréa où nous avions emménagé que j’ai eu l’occasion de voir pour la première fois la mer. Nous avons pris le train à Bréa, nous avons voyagé longtemps et nous sommes arrivés à la mer. Nous vivions dans un environnement particulier. Il y en avait qui étaient encore plus pauvres et plus malheureux que nous. Malgré notre pauvreté et grâce à ma mère qui était la prévoyance même, je ne me souviens pas d’avoir passé une période où j’ai eu vraiment faim… »
Abdelkader est né le 26 juillet 1928 à Tlemcen. Il a fait sa scolarité à l’école Decieux, la première école indigène. C’est là qu’il décrocha son certificat d’études. « Une des plus grandes joies de ma vie, du moins tant que j’étais écolier, peut-être la plus grande, a été le jour où j’ai été reçu au certificat d’études. Je me souviens que je suis revenu de l’école Decieux où on venait d’annoncer les résultats, j’ai fait le trajet de l’école jusqu’à la maison d’une traite en courant et en sautant. J’avais l’impression que je pouvais atteindre le sommet des arbres tellement j’étais content et heureux… » Il fera ensuite le collège Deslane, du nom du baron spécialiste d’Ibn Khaldûn. Le bac en poche, il passe le certificat d’aptitude pédagogique et embrasse la carrière d’enseignant.
« Mes professeurs voulaient me destiner soit à une carrière littéraire car j’étais bon en latin et en grec, soit à l’éducation physique où j’étais premier prix. En 1949, j’étais aussi premier prix, mais en philo devant mon ami Inal qui deviendra mon adjoint lorsqu’on nous a affectés à Aïn El Hout à 7 km de Tlemcen où tous deux nous présidions aux destinées de l’école communale à deux classes ». Les deux instits ont eu le privilège de présenter pour la première fois depuis l’existence de l’école deux candidats à l’examen du certificat d’études qu’ils décrochèrent avec brio. C’était Touhami Mohamed, mort au maquis et Benkhelila.
Communiste et nationaliste
Abdelkader reste un an dans ce village. Il est nommé ensuite à Sebdou, Hennaya et Tlemcen où il enseigne de 1952 à 1955. Peu avant, il avait convolé en justes noces avec Jacqueline, enseignante elle aussi. Adolescent, Abdelkader a déjà ses idées sur les luttes. Son éveil à la conscience nationale n’est pas fortuit. Plusieurs facteurs l’y ont amené. D’abord, il est né dans un milieu nationaliste, et il se trouve que Messali est un membre de sa famille. Cela n’empêchera pas Abdelkader d’éviter d’adhérer au parti en vogue à l’époque, le ppa en l’occurrence. Il fait l’école des sma. ses études littéraires humanistes et le soutien de son prof de philo, M. Minne, contribueront à façonner sa personnalité et à l’aider à mieux percevoir le monde alentour qu’il connaîtra et comprendra à Aïn Fezza à 10 km de Tlemcen où il réside avec son épouse. « Nous militions déjà avec les camarades paysans de la région d’Ouchba, Oum El Oulou, Terni, Yebder et Ouled Sidi El Hadj. »
Abdelkader avait adhéré au pca et en était responsable dans la région : « Un jour, alors qu’on était en pleine réunion dans la montagne, les hommes du Bachagha Talha Ben Affane, qui voyaient d’un mauvais œil nos activités, ont crevé les roues de ma Panhard. On a été obligés, mon épouse et moi, de retourner chez nous sous la neige en faisant plusieurs kilomètres à pied. C’est dans cette région que je suis revenu pour monter au maquis. Jacqueline a été de tous mes combats et parfois de façon plus engagée que moi-même », concède-t-il.
Au début de 1955, une épidémie terrible de rougeole a emporté beaucoup de bébés faute de soins dans la montagne… « Jacqueline et moi allions voir les familles et nous nous procurions les médicaments chez le Dr Detouris, un homme de droite, qui se doutait de la destination mais qui laissait faire. Je suis un communiste mais avant je suis nationaliste. J’aime mon pays. Cela m’a marqué de façon définitive. Quand il y a eu le feu aux poudres en 1954, j’ai réagi en tant que nationaliste le 3 novembre 1954 et, à mon initiative, il y a eu une réunion à Ouchba de 24 responsables du pca. tous étaient paysans sauf moi. Tous comme un seul homme nous avions décidé de nous engager dans l’action armée sans consulter la hiérarchie. Ma chance ? Je n’étais pas membre de la direction, donc pas tenu par une certaine discipline, contrairement à mes deux autres camarades, Mejdoub Berrahou et Tahar Ghomri.
Nous n’avons pas réfléchi en tant que partisans. Il fallait y aller et nous avons pris des décisions concrètes en procédant à des actions de sabotage. J’avoue qu’il y avait deux sons de cloche, nous agissions à notre guise alors que la direction du parti tenait un autre langage. Le pc m’en veut d’avoir eu raison avant. Moi, je ne tiens pas rigueur au parti dont les militants étaient sincères. Nous partagions les mêmes valeurs. Fin de l’année 1954, le pCa était toujours dans l’expectative. Alors qu’on était dans l’action, le parti n’a pas pris le train quand il le fallait et prônait encore la lutte politique de masse. » Le 21 avril 1955, un arrêté d’expulsion est signé à l’encontre de Abdelkader et d’autres militants, dont Jacqueline, Ghomri et le Dr Laribert.
Abdelkader est ainsi le premier expulsé d’Algérie, mais, en raison de vices de procédure, il n’embarqua pour Sète que le 1er mai 1955. A paris, son avocat, Tuveni, avait attaqué en justice le préfet Lambert qui avait outrepassé ses prérogatives. L’homme de droit avait obtenu gain de cause. En juin 1955, Abdelkader retourne à Alger où il est assigné à résidence. Le 14 juillet, il monte au maquis. « Mais avant, j’étais logé à la rue Edith Cavel chez un instituteur M. Estorges qui m’a aidé à me procurer de faux papiers au nom de Martinez Lucien.
C’est sous ce patronyme que j’ai milité en étant un des transporteurs d’armes avec Maillot. C’était au temps des combattants de la libération. Quand Maillot a fait le coup dans la région de Chlef avec Laban, Guerab Saâdouni et d’autres, c’était ce qu’on appelait le maquis rouge. Etant au maquis, je me déplaçais d’endroit en endroit pour des épisodes qui auraient pu être tragiques pour moi, mais j’ai eu beaucoup de chance. L’accord entre le fln et le pca a été précédé de beaucoup d’atermoiements et de tergiversations, mais il a quand même eu lieu . C’est Hadjeres et Hadj Ali qui ont été les négociateurs côté communiste, ce que je sais, c’est que l’intégration s’est faite sans problèmes. » Le 4 janvier 1957, Abelkader est arrêté à Baïnem où il résidait avec sa famille.
Des brimades aux tortures
« Deux brigades sont venues m’arrêter. Celle spécialisée dans les bombes et l’autre venue me remettre une assignation à résidence. Le procès a eu lieu du 4 au 7 janvier 1957, précédé de séances atroces de torture. » Les mots sont posés un à un sur des charbons ardents. Abdelkader parle avec tout son corps, on l’écoute et on l’observe. La gegene, l’eau, l’électricité réveillent en lui des blessures et des déchirures physiques et morales. Comment des hommes peuvent-ils être aussi inhumains.
Dans sa déclaration à ses juges, en 1957, Abdelkader attire l’attention que « nous aurions voulu, même si nous ne portons pas l’uniforme être considérés comme des soldats et non être jugés comme des malfaiteurs de droit commun. Avant notre expulsion, j’ai eu effectivement à souffrir et à voir mes frères souffrir de la misère, de l’injustice, de l’exploitation de l’atteinte à la dignité d’hommes. Né moi-même dans la misère, ma conscience et mon devoir m’interdisaient d’oublier ceux qui y restaient encore.
Cela m’a amené à entrer en lutte… Aujourd’hui, en plein XXe siècle, l’indépendance de tous les peuples est une nécessité, une fatalité de l’histoire et le peuple algérien n’y échappera pas. Notre mouvement n’est ni fanatique ni xénophobe. Regardez-nous : nous ne sommes ici qu’un petit nombre et déjà il y en a parmi nous qui sont d’origine juive, catholique, musulmane, protestante. Nous avons la conviction profonde que notre cause est juste et que nous allons dans le sens de l’histoire et du progrès ». Ces paroles ô combien prémonitoires se sont envolées en l’air, et le 7 décembre 1957, le tribunal permanent des Forces armées d’Alger condamnait à la peine de mort Jacqueline et Abdelkader Guerroudj ainsi qu’un jeune étudiant nationaliste, Abderrahamne Taleb, déjà condamné dans le procès de Djamila Bouhired.
Lorsqu’on l’interroge sur l’état de ses convictions profondes face aux aléas du temps et l’écume des jours, Abdelkader, imperturbable, garde le cap. « Le communisme, note-t-il, est un idéal. Je peux en vouloir à des personnes mais pas une idéologie à laquelle j’ai adhéré volontairement. Du reste, il en va du communisme comme de toutes le idéologies. Regardez les religions, elles sont faites par et pour Dieu mais elles sont déformées par les hommes. » L’écriture de l’histoire contemporaine de l’Algérie est, selon lui, une œuvre difficile à réaliser tant que le pouvoir est faux. S’il n’y avait pas une culture de la désinformation, on aurait su la vérité sur tous les assassinats politiques depuis le déclenchement de la guerre, quels qu’en soient les risques. Par devoir de mémoire, l’écriture de l’histoire n’est pas l’affaire des officiels mais le fait des chercheurs et des historiens. »
Abdelkader est convaincu que le fln qui a atteint l’objectif assigné, à savoir l’indépendance du pays, doit disparaître pour rester un symbole, pour ne pas être sali par des politicards de tous bords. « Nous avons fait une guerre de libération mais les révolutions si nécessaires restent à faire… », préconise ce jeune homme de 82 ans, si agréable et qui a bien conservé la verve de ses 20 ans…
Parcours : | Abdelkader dit Djillali Guerroudj est né le 26 juillet 1928 à Tlemcen. Après des études dans sa ville natale, il décroche le bac et embrasse une carrière d’enseignant. Il milite aux côtés des paysans de la région de Tlemcen en compagnie de son épouse Jacqueline. Il adhère au pca et rejoint le maquis dès 1956. Arrêté et torturé, il est condamné à mort en 1957. Fier de ses convictions, Abdelkader puise toujours dans les mêmes valeurs. « Nous ne nous sommes pas enrichis illicitement alors qu’on en avait la possibilité. Cela nous permet d’être des hommes libres vis-à-vis de tous les pouvoirs qui se sont succédé. »
Par |
26 octobre 2012 à 23 11 15 101510
je suis honoré de porté se nom et je suis fière d’être algérienne et déssendu de cet famille ……..et je dis au fond de moi même « d’ou sa vein cet amour au payé et ces principe de honnête et fidélité de parole ……allah yerhemek mon père mon héros si vous me permété …….javé l’optimisé d’allez loin pour laissé mé terrasse a cet vié at surtout a mon payé et vu les obstacle jé cessé …..mé quand tu vois cet vidéo………ta que a pensés a quoi son s’ouffaire et sa patiente …rein no récolte sans quand en brûle