Dans les nouvelles traditions, pour souligner tout l’attachement qu’on a eu avec une personne chère disparue, on s’adresse à un journal et on négocie une pensée qui finirait par «Puisse tous ceux qui l’ont connu et apprécié, avoir une pieuse pensée pour lui». Sans oublier de signer qui est à l’origine de ce bout de rien qui paraîtra un jour pour disparaître le lendemain, avec les invendus qui finiront entre les mains du poissonnier.
La bonne affaire ! Personne n’a été voir tes enfants, ou du moins très peu (je n’en fais pas partie). Et tu le savais. C’est pour cela que de ton vivant, tu les as armés de carapaces pour dépasser toutes les mondanités des êtres qui font dans le paraître.
J’étais en train de lire ce que j’avais écrit à ton sujet il y a une année, quand une seule personne m’a appelé pour me rappeler la commémoration de ton décès. Je dis bien une seule.
Si cela peut te faire plaisir, tous nos trottoirs on été recouverts de noir dans le centre-ville où tu aimais prendre une «batta». C’est dire qu’après toi, la couleur du carrelage a pris un coup de deuil. Djazaïria, ta chanson préférée, est devenue l’hymne des fêtards. Le domaine de l’imprimerie de labeur coule de plus en plus, comme si le parrain parti, les machinistes ne trouvent plus de repaires.
La cigarette «Algeria» que tu fumais a survécu à toutes les campagnes antitabac. Ton épouse, l’entrepreneur incompris, pérennise ta mission. Tes filles et tes garçons affichent toujours le sourire que tu leur as imprimé sur le visage et la joie de vivre, même avec la douleur qu’ils n’aiment pas extérioriser. Tu leur as appris que le sentiment doit rester profond. Jamais il ne doit être exposé tous azimuts. Car les gens qui paraissent compatir ne font qu’incarner une tristesse de circonstance.
Zohir, la joie de vivre, a perdu en toi son chantre. Cette joie de vivre, toute ton existence tu l’as semée. Elle demeurera dans ton foyer. Frère typographe, tu avais du caractère, il a survécu.
28 avril 2010
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