Les organisations patrona les siégeant à la tripartie ont consenti à octroyer des augmentations à leurs salariés. Un principe auquel elles s’étaient ralliées lors de la tripartite de décembre dernier.
Mais ces augmentations seront a minima puisqu’elles se situeront dans une fourchette de 10 à 20% de hausse, alors que l’UGTA leur a proposé d’aller jusqu’à 35%. Et pour aussi modique que soit ce «sacrifice» financier qu’elles ont accepté de faire, elles l’ont entouré de conditionnalités, augurant qu’il ne sera pas exécutoire dans l’ensemble des entreprises qui leur sont affiliées.
Pour la mise à jour salariale qu’elles vont demander à celles-ci d’appliquer, les organisations patronales estiment en effet qu’il convient de tenir compte de la réalité de chacune, notamment des entreprises financièrement déstructurées. Qu’il faut assurer la préservation de l’emploi, de l’outil de production et l’augmentation de la productivité.
Il est facile de comprendre que nombre d’entreprises privées concernées vont prendre prétexte de l’une ou l’autre de ces conditionnalités mises par leurs organisations représentatives à l’application de l’accord auquel elles ont souscrit pour ne pas relever les émoluments de leurs salariés.
Pour cette raison, mais aussi parce que les entreprises privées affiliées, elles, à des organisations patronales ne siégeant pas à la tripartite, ne s’estimeront pas concernées par cet accord sur les augmentations, la masse des salariés du secteur privé appelée à en bénéficier en sera forcément réduite. D’autant qu’en seront exclus ces salariés employés au noir, qui se chiffrent, selon des statistiques officieuses, par centaines de mille.
Le patronat privé est dans son rôle de défendre les intérêts des entreprises dont il est le mandant. Mais pas au point de faire l’impasse sur le scandale qu’est l’exploitation éhontée de ces travailleurs au noir. Que dire alors de l’Etat qui est parfaitement informé de cette pratique mais laisse faire, sinon que c’est lui le plus condamnable. Quant à l’UGTA, qui s’est arrogé le droit de parler au nom des salariés du secteur privé alors qu’elle en est pratiquement absente, elle s’est faite complice de ce patronat et l’alibi de l’inertie de l’Etat en cette affaire.
Il serait opportun, en cette veille de célébration de la fête des travailleurs, que les pouvoirs publics rappellent à l’ordre de façon comminatoire les patrons privés à l’obligation de renoncer à la pratique du recours à la main-d’œuvre au noir et au respect de l’exercice par leurs collectifs de salariés du droit à la syndicalisation.
La protection du secteur privé national par l’Etat sous la forme d’exonérations fiscales, douanière et autres mesures avantageuses pour lui permettre de faire face à la concurrence étrangère, doit avoir pour contrepartie que ce secteur se conforme aux lois sociales les plus élémentaires qui régissent dans notre pays les relations entre les détenteurs de l’outil de production et ceux qui fournissent la force de travail.
28 avril 2010
Contributions