Le Carrefour D’algérie
On ne traite pas un tabou en l’ignorant. Dans notre culture, cela s’appelle cacher le soleil avec un tamis. C’est le cas de la prostitution en Algérie. Quand on veut éviter de parler de ce fléau lié au marché de l’emploi,
aux accès des femmes au travail, aux crises sociales, aux séparations familiales et aux violences cachées, on ne fait que le repousser hors du regard de la société et de ses institutions pour laisser s’y installer la loi de la force et la réaction du sauvage ou de la prédation. C’est ce qui s’est passé encore une fois à Hassi Messaoud par exemple il y a quelques temps. Là, au lieu de traiter ce «problème» avec le droit, la loi, la force de l’Etat et l’intuition du sociologue qui sait que ce genre de crises est inévitable dans les grands pôles ouvriers, on a laissé une frange extrémiste de la société réagir par la violence, par dessus l’Etat et avec la barbarie des lapidations sauvages du Moyen-âge. Il en sera de même un jour, ailleurs dans notre pays, si on persiste à croire que la solution est de lancer des rafles ou de fouiller des sacs à main au-delà de minuit. La prostitution est de plus en plus «jeune» en Algérie. Des jeunes filles à peine sorties du lycée, à peine divorcées, à peine éveillées à la nécessité du salaire, s’y mettent sans réflexion. Le filon est devenu une industrie et les femmes qui s’y mettent, y sont volontaires, victimes, obligées ou cupides pensant comme des banquières. Une sorte de conservatisme social hypocrite et un rejet de réflexion, nous font ignorer l’ampleur du phénomène et ses milliers de victimes au nom d’une «hechema» qui en interdit l’expression. Peu s’associations s’occupent de cette frange sociale et l’Etat se contente de déléguer les plus extrémistes de la société pour traiter le cas par le bâton ou le million de centimes. Un jour, on le payera. Au nom de la «moralisation», certains se sont attaqués à Hassi Messaoud à des femmes seules, des femmes de ménage, cuisinières et autres, accusées du pire pour leur voler leurs biens et les violenter au nom d’une loi que l’Etat a laissé aux mains de sauvages. Ce n’est que le début promettent-ils sans le dire.
26 avril 2010
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