La lutte contre la corruption se poursuit. Les commentaires médiatiques restent à peu près toujours les mêmes. Chaque cas débusqué, le dernier en date étant le P-DG du port d’Alger et ses acolytes, c’est «une preuve supplémentaire» que l’Etat algérien est en crise au sommet.
Le pays est démantelé – décapité, déboussolé – lit-on sous la plume d’analystes experts en la matière – dans le domaine du démantèlement s’entend. Les arguments fusent : «Le pays est corrompu, on vous l’a bien dit !» ou encore : «Ce ne sont que des lampistes, ceux qu’on arrête !» Les vrais coupables, sorti du cercle présidentiel, ne seront jamais que des lampistes. On veut bien, l’argument serait tout à fait recevable si, par un retournement inouï, on ne visait pas celui-là même qui a ordonné la lutte contre la corruption. Comment peut-on aspirer à éradiquer un phénomène aussi grave que la corruption et vouloir discréditer la propre personne, voire toute l’institution, qui s’y attaque, et ce, par divers biais. Particulièrement en dévalorisant l’importance de chaque prise dans le même souffle où on lui reconnaît paradoxalement une valeur symbole que tout va mal au sommet, c’est-à-dire en dramatisant son importance au bout du compte. La lutte anti-corruption est connectée à la propre «absence» de la scène médiatique de Bouteflika, et même celle, plus relative, du Premier ministre Ouyahia. La «communication» dite moderne n’étant pas le fort de nos dirigeants actuels, admettons qu’il existe là un style de la communication par le silence. Bouteflika surtout, a par le passé usé de ce style. Jusqu’à preuve du contraire, on peut donc penser que nous sommes dans une situation qui, vue par lui, nécessite un retrait jusqu’à décantation. Par quoi serait alors caractérisée cette situation ? Faire aboutir les enquêtes en cours, en établir éventuellement le premier bilan – avec, derrière tout cela, un message politique en direction de tous les responsables en proie à la tentation. Achever autant que possible les gros chantiers en retard (là aussi dresser un diagnostic) pour permettre le lancement des nouveaux chantiers dans la clarté et non dans la confusion. Enfin, déterminer sur une année (c’est-à-dire jusqu’en juin prochain ou jusqu’en décembre, c’est selon) ce que la LFC, complétée et confirmée par la loi de finances 2010, a permis et n’a pas permis. Ce dernier point nous ramène à une plus juste évaluation de la situation à la fois économique et géopolitique, sachant que les orientations contenues dans les nouvelles lois ont indiscutablement des portées d’ordre politique avec nos partenaires étrangers. D’ici la fin de l’été prochain, la vision serait dégagée. En mal ou en bien, on saura s’il faut maintenir le cap actuel, et inscrire donc le programme dans 2010-2014 en conséquence. Peut-être le président est-il dans d’autres préoccupations encore, mais celles-là au moins s’imposent à lui. Son silence actuel peut alors signifier simplement : donner du temps au temps. A. K.
25 avril 2010
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