Des pieds et des mains par El-Guellil

Retirer les paravents urbains ! La manifestation est terminée. De l’Algérie, on retiendra des rues-couloirs et des ronds-points, diront certains de nos invités. En effet, les chemins «officiels» ont été nettoyés, les ronds-points fleuris, les bordures des trottoirs repeintes. Dieu merci, tout s’est bien passé. Ils ont vu, vécu et…on ne connaîtra pas la suite.

Mais pour ceux qui restent, qu’est-ce qui s’est passé durant ces derniers jours ? Rien. Ils n’ont rien compris au film. Pour eux, le train-train n’a pas évolué. Seule la date a changé. Les chemins qu’ils ont l’habitude d’emprunter sont là. La routine. La débrouille brouille leurs journées. Le quotidien de la débrouille. Vice-versa, koulchi kifkif.

Les bus à l’intérieur sont toujours pas très propres, les ordures sont toujours traitées de la même manière. Les poubelles maltraitées par les récupérateurs. Les gens s’entassent dans les appartements toujours trop petits. Les étudiants embauchés pour la circonstance reprennent le chemin des amphis, en attendant que soient prises en charge les revendications de leurs enseignants et… la grève qui dure plus que l’année scolaire. Les étudiantes retirent leur accoutrement d’hôtesse. Adieu, l’air éphémère de liberté, elles sont sommées de reprendre leurs heures de pointage auprès du frère, du père, de l’oncle ou de la mère.

La mer se libère, les bateaux-hôtels reprennent le large. Les pêcheurs sont autorisés à reprendre leurs activités nourricières. Le prix de la sardine va augmenter. Les pêcheurs resteront pêcheurs. Et la population toujours prise dans les filets et les interdits. Elle attend le prochain évènement international et nos traditions de routes coupées, chemins barrés, accès interdits.

Vite, vite, finissons-en, libérons les écoliers. C’est bientôt la prochaine rencontre. En Afrique du Sud, l’équipe nationale doit prouver qu’on peut faire de la politique avec les pieds ! En attendant que notre pays puisse organiser une coupe du monde et que des journaux puissent titrer «une coupe du monde pour rien».