Le Carrefour D’algérie
Passée la parenthèse du GNL16, assombrie par le nuage de cendres venu du froid, les unes des journaux sont de nouveau balafrées par les nouvelles bouleversantes d’arrestations qui livrent cette image peu attrayante d’une Algérie ravagée
par la corruption. Cela rappelle cette espèce d’emportement d’un lecteur de «revaf» des années 80, qui dans la tribune réservée s’était scandalisé un jour que la presse fasse état avec une telle désinvolture à l’égard de nos partenaires étrangers, du phénomène de la chipa qui déjà avait répandu pernicieusement ses jalons. C’est d’abord rappeler en direction de ceux qui lancent des cris d’orfraie, fustigeant la politique massive d’investissements et les épanchements qui en seraient la conséquence, que la corruption n’est pas un phénomène nouveau. Que la presse pour des raisons compréhensibles liées à une étrange commercialité fasse ses choux gras d’informations sujettes dans tous les cas à caution et enfourche la surenchère du «tous pourris» est une autre affaire. Le comité d’éthique qui devrait être remis en selle, pourrait plancher sur cette question hautement sensible. Il y eut pourtant le précédent dramatique de l’opération «mains propres» du milieu des années 90 qui a non seulement été à l’origine de tragédies, avec ses charretées de cadres que l’on a de manière éhontée fait rouler au fond des «paniers à salades» pour ensuite les blanchir plus tard non sans avoir brisé irrémédiablement le destin pour certains d’entre eux. D’ailleurs, il est symptomatique d’un état de choses que l’on puisse à la fois s’offusquer que dans notre pays l’on fasse un usage immodéré de la détention préventive et que l’on se précipite à livrer à la vindicte des algériens, pères de familles, mères courage, alors que les procédures resteront pendantes très longtemps pour beaucoup d’entre elles. Que l’on se garde de croire qu’il ne s’agit que de morale ou d’éthique. Il s’agit bien de Droit, et du somptueux principe piétiné rageusement de la présomption d’innocence. Il y a en tous cas quelque part de l’indécence ou de la trivialité à ne montrer du doigt que des individus à qui l’on fait endosser la responsabilité du fonctionnement d’institutions pourtant obligatoirement soumises à des procédures, à une sorte de «software» dont la conformité du fonctionnement est en principe surveillée par ceux qui sont payés pour cela. Ainsi, des années seraient passées avant que l’on s’aperçoive (selon la presse) que des sociétés de manutention activaient au port d’Alger en toute illégalité. Que vont penser de nous nos héroïques partenaires à qui l’on vend l’image d’une économie pacifiée et policée? Au-delà des interrogations légitimes auxquelles pourraient donner cours ces informations, l’on pourrait néanmoins se demander comment est-ce possible. Les différents services qui structurent une entreprise portuaire de l’envergure de celle du Port d’Alger ne sont pas des républiques autonomes où tout un chacun serait libre de se comporter comme il le voudrait. Malgré l’illusion que tenteraient de produire ces opérations spectaculaires, est-ce qu’il n’y aurait pas le risque de démontrer l’inconsistance des institutions de l’Etat, celles en charge des différents contrôles étant situées aux premières loges. De là à vouloir rendre plus attractif notre pays pour les investissements, le risque de ratage est évident.
24 avril 2010
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