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Le professeur tire sa révérence Par N. E. Khendoudi

24 avril 2010

Non classé

Triste fut cette matinée du jeudi 22 avril 2010 pour tous ceux qui connaissent Si Abdelkader Djeghloul. Le destin l’a ravi à ses proches, à ses amis et à la scène culturelle du pays, en ce jeudi printanier où il pleuvait à l’averse. La grisaille du ciel a rimé avec la peine des coeurs. Sociologue de formation, enseignant, écrivain, essayiste, journaliste,

directeur de recherches, Si Abdelkader était une somme de connaissances, un cumul de savoir. Face à ses interlocuteurs, une solide culture générale est vite perceptible chez ce lecteur insatiable qui dévorait des ouvrages. Un véritable rat de bibliothèque. Le livre était son compagnon de toujours. Même dans la pénible épreuve qu’il avait endurée avant de rendre l’âme. Esprit curieux, regard interrogateur, questionnant l’actualité, interprétant le mouvement des idées et scrutant le devenir des sociétés, Djeghloul était un observateur lucide que renforçait sa formation et ses penchants, un témoin engagé des saccades et des mutations qui touchaient l’Algérie. A chaque tournant décisif que le pays prenait ou s’apprêtait à emprunter, il était là, pour participer aux débats. Sur la scène politique du pays et ses acteurs ainsi que les défis qui se posent au pays, ses livraisons restent magistrales et font autorité. Des décennies plus tôt, son étude sur Ibn Khaldoun a contribué à rehausser le prestige du père de la sociologie et du précurseur de la philosophie de l’histoire. Avant de conquérir cette autonomie de jugement qui fait défaut chez beaucoup et aspirer au statut de penseur libre, Djeghloul était pour un temps, prisonnier des gardefous et des carcans idéologiques qui poussent aux partis-pris, parfois, aberrants. Il avait, ainsi, dans un premier temps, interprété l’histoire d’après une grille de lecture développée en France et qui tentait de dénier la paternité de la sociologie à Ibn Khaldoun et d’en offrir la couronne à Emile Durkheim. Puis, c’est le «natioplanalisme intellectuel». Je n’ai connu Si Abdelkader que tout récemment. C’était malheureusement au début de la longue maladie qui allait l’emporter et cette brève et commune affinité n’a pas duré. Il était déjà sous un traitement éprouvant. Mais je peux me permettre de parler de son rôle dans la séquence culturelle du pays dans la phase ultime de sa vie et témoigner de son honnêteté, de ses grandes capacités et de ses dons qu’il déployait au service de la renaissance intellectuelle de la patrie. Sur ce front, on ne peut que partager avec lui une confiante fraternité intellectuelle. Ces dernières années, il a contribué à rendre quelque lustre à la vie culturelle terne du pays à travers ses mémorables préfaces rédigées aux nouvelles éditions d’ouvrages dépoussiérés de grands noms de l’Algérie moderne : Ali Al Hammamy, Malek Bennabi, Omar Ouzzegane, l’Emir Abdelkader et tant d’autres noms qu’il a réintroduit dans une séquence dont ils furent exclus ou presque. On notera à son honneur et à l’actif de sa grandeur que ce devoir, cette mission, il les accomplissait dans la discrétion, loin des parades et des vanités devant lesquelles cèdent généralement les hommes. Lorsque je lui ai adressé des exemplaires de mes ouvrages consacrés au «Dr Abdelaziz Khaldi» et à «Mohamed Hamouda Bensai», deux intellectuels algériens outragés et ensevelis, il m’a téléphoné pour me dire : «ce que vous faites est formidable». Je lui ai répondu que nous travaillons, tous, pour la renaissance intellectuelle de l’Algérie. Cela l’avait beaucoup enchanté. Au service de son pays, Djeghloul était un combattant sur le front idéologique. Les nombreux intellectuels, aussi bien algériens qu’étrangers qui l’avaient connu et apprécié, salueront en sa disparition, un homme aux qualités certaines. Un hommage doit être rendu à cet inlassable intellectuel. Rahimahou Allah.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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