Les poètes dans la terre d’Islam, à travers les temps, ont toujours célébré les fleurs et la culture de ces plantes admirables. Des milliers de poèmes en éloge à la rose ! Des livres d’une grande importance, en Andalousie musulmane, à Alger, à Baghdad, à Damas ou à Fès…
consacraient les fleurs. Les musulmans étaient les gens du Livre mais également “les gens du parfum”. La culture de la beauté et de l’élégance a toujours été une tradition de la civilisation musulmane, au Maghreb, en Andalousie comme au Machrek. Les attarine (fleuristes, droguistes et arboristes) constituaient un groupe économico-social très présent et très influent dans la société arabo-musulmane. Je vous propose de lire ce livre algérien intitulé Hikayat al ochchak fi al houbi wa el ichtiyak (histoire des amants), écrit par un certain Mohamed Ben Brahim (l’émir Mostapha). Le livre a été édité et annoté par le docteur Abou el Kacem Saâdallah (Sned 1976). Écrit dans un arabe algérois, ce beau livre est considéré comme le texte fondateur du roman algérien. Dans ce texte, l’auteur nous présente la société algéroise avec son savoir-faire dans le domaine de la culture des fleurs et la culture des parfums, où le fleuriste algérois joue un rôle primordial dans la cité. Le livre nous offre une vue panoramique sur la vie des classes moyennes et celle de l’aristocratie algéroise de l’époque. Je vous propose aussi de lire le livre de Ibn Hazm Al Andalousi (994-1064) intitulé Tawk al hamam fi el ïchk wa al üchchak (le collier du pigeon ou de l’amour et des amants) où les fleurs et les fleuristes sont le signe et l’emblème de toute une civilisation andalouse forte par sa tolérance, par son génie architectural et par sa diversité.
Une fatwa émise à l’encontre des fleurs ! Après les fatwas contre les écrivains, contre les artistes, nous voici avec une fatwa contre les fleurs, et demain, nous nous réveillerons menacés par des fatwas interdisant le sourire. Parce que le sourire est un acte provocateur.
A. Z.
aminzaoui@yahoo.fr
22 avril 2010
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