L’histoire retiendra que le grand savant italien, Galiléo Galilée, a tenu tête à la puissante église catholique, passa outre ses enseignements obscurantistes et fit faire un grand pas à la science astronomique, entre autres.
La jeunesse d’un grand savant
Galileo Galilei naît à Pise en 1564. Son père, théoricien de la musique, souhaite ardemment qu’il devienne médecin, profession bien rémunérée. Ainsi, à dix-sept ans, le jeune Galilée débute des études de médecine, qu’il abandonne aussitôt : Ostillo Ricci, son professeur de dessin, parvient à le passionner pour les mathématiques, terme sous lequel on regroupait alors plusieurs de nos disciplines actuelles, notamment l’astronomie et la physique.
Excessivement doué, ses biographes racontent qu’en 1583, donc à dix-neuf ans, Galilée aurait découvert l’isochronisme des pendules simplement en observant les oscillations du lustre d’une cathédrale. Il aurait en outre compris tout l’intérêt de cette loi pour la mesure du temps.
En 1587, il rencontre le célèbre professeur du Collège Romain, le plus prestigieux établissement d’enseignement de l’époque, le père jésuite Christopher Clavius. Nommé «Archimède du XVIe siècle», ce dernier se trouve au faîte de sa gloire : cinq ans auparavant, il avait en effet réformé le calendrier Julien en créant le calendrier Grégorien, toujours en usage. Galilée qui convoite un poste de mathématiques à Bologne impressionne favorablement le Père mais sa tentative échoue. Cependant, en 1589, il obtient du grand-duc de Toscane la chaire de mathématiques de Pise. Deux ans après, Galilée découvre que ses émoluments sont insuffisants : le décès de son père lui laisse en effet la charge de sa mère et de deux s?urs très exigeantes.
En 1592, il devient professeur de mathématiques à Padoue et arrondit sa paye en fabriquant des instruments de navigation, des compas et des sextants. Il y fait la connaissance d’une femme de petite condition, Marina Gamba, qu’il refusera d’épouser mais qui lui donnera en six ans trois enfants, le premier en 1600.
Dès 1597 au moins, Galilée s’intéresse à la chute des corps. D’après la légende, il aurait discrédité Aristote en laissant tomber du haut de la Tour de Pise des objets de tailles différentes, prouvant ainsi qu’ils tombaient tous à la même vitesse, alors que le philosophe grec affirmait le contraire. Parfois, on ajoute que Galilée aurait réuni pour cette occasion l’ensemble des professeurs de l’université. S’il est vrai que Galilée a réalisé des expériences à la Tour de Pise, il est impensable qu’elles aient pu avoir une telle solennité. Dans une université si hiérarchisé, on voit mal pourquoi ses collègues auraient accepté une invitation émanant d’un des professeurs les moins bien payés pour assister à une expérience sans intérêt : il y avait longtemps qu’on savait qu’Aristote s’était trompé !
En 1602, Galilée reprend ses travaux sur la chute des corps à l’aide d’un plan incliné. Après de brillantes expériences, c’est à lui qui revient l’honneur d’avoir formulé la loi mathématique décrivant cette chute.
L’année décisive : 1609
La vie de Galilée connaît un tournant en 1609 lorsqu’il apprend l’existence de la lunette, objet inventé par un hollandais qui servait davantage de jouet que d’instrument d’observation. Galilée en fabrique immédiatement une copie afin de la commercialiser. Son intelligence et le professionnalisme de son ouvrier lui permettent de perfectionner rapidement l’instrument : en peu de temps, il disposera d’une lunette grossissant 30 fois. Il a aussi l’idée de les tourner vers le ciel. Il y découvrira que la Voie lactée se compose en fait de nombreuses étoiles invisibles à l’œil nu, que la Lune présente des irrégularités et, surtout, il voit quatre petits corps tournant autour de Jupiter, comme la Lune autour de la Terre, reproduisant un système solaire en miniature : il les appelle «planètes médicéennes» pour faire allégeance à son nouveau protecteur, le grand-duc de Toscane, Côme II de Médicis, dans le Siderius Nuncius (Messager Céleste, 1610). Au comble de l’allégresse, le grand-duc nomme Galilée son philosophe et mathématicien personnel. Peu après, le savant découvre les taches solaires, prouvant par là que Soleil, comme la Terre, présente des imperfections. Véritables bombes dans le jardin de l’aristotélisme, ces affirmations successives gênent l’église catholique qui en avait fait du philosophe grec son savant officiel. En outre, Galilée qui se déclare désormais ouvertement copernicien s’engage vivement dans des querelles scientifiques et se mêle imprudemment des questions religieuses. Irrité, le cardinal Robert Bellarmin (en fait, «saint Robert Bellarmin» car il sera canonisé au XXe siècle), interdit à Galilée en 1616 de prêcher le copernicanisme et, par la même occasion, condamne explicitement l’héliocentrisme et le mouvement de la Terre. Il s’agit d’une menace sérieuse : le cardinal Bellarmin n’est pas seulement le Cardinal Inquisiteur, mais aussi l’un des plus grands responsables du procès qui avait conduit le malheureux philosophe, Giordano Bruno, à être brûlé vif en 1600. Le procès verbal de la rencontre entre Galilée et le cardinal porte cette mention «docere quovis modo». En d’autres termes, Bellarmin, au nom de l’Église, interdit à Galilée «d’enseigner (le copernicanisme) par quelques moyen que ce soit». Pour bien des historiens, cette mention est un faux ajouté au procès verbal (par le cardinal Bellarmin, ou par quelqu’un d’autre) dans le but de confondre Galilée plus tard.
(A suivre)
Rachid Mihoubi
22-04-2010
17 novembre 2010 à 21 09 16 111611