Culture (Mercredi 21 Avril 2010)
Par : Badreddine Khris
Toute personne ayant connu ou côtoyé cet homme reste subjuguée par son intelligence, son niveau d’instruction et son patriotisme.
À l’entrée de la ville de Tizi Rached, la stèle de Laïmèche Ali offre un accueil des plus chaleureux. Son auguste effigie est érigée dans cette accueillante localité qui a enfanté tant de valeureux militants et de vaillants guerriers. Cette contrée de la Kabylie a vu naître l’un des précurseurs de la révolte contre l’occupant.
Hormis cette statue, des célébrations annuelles irrégulières, quelques récits et écrits réalisés çà et là, Ali Laïmèche n’est pas suffisamment connu du grand public. On ne dira jamais assez de son parcours militant et de son vécu, consacrés exclusivement à la révolution algérienne. Ce n’est donc point un hasard si un livre retraçant sa vie lui soit dédié.
C’est l’œuvre de deux journalistes, en l’occurrence Kamal Ahmane et Mohand Amara, qui ont eu cette brillante idée et la louable initiative de rassembler tous les témoignages de parents, de compagnons de lutte et autres écrits dans un ouvrage poignant et émouvant sur le héros. Intitulé Laïmèche Ali, l’irréductible révolutionnaire, ce livre vient à point nommé soulager la frustration de tous les amis de Laïmèche qui ont souvent souhaité que la personnalité de ce fervent défenseur de la patrie serve d’exemple aux générations futures.
Les auteurs ont eu ce mérite de faire découvrir cette figure de proue du nationalisme algérien au grand public. “Ali n’avait que vingt-et-un ans lorsqu’il est décédé mais sa vie intense et fulgurante le destinait dès lors à être une véritable légende. Une vie courte qui exhale toutefois un parfum d’éternité”. Si l’on veut résumer la vie d’Ali Laïmèche, ce passage du livre le synthétise parfaitement. Ali Laïmèche est né un 14 juillet 1925 à Ichariouène dans la commune de Tizi Rached.
Tout bambin, il avait montré dès la première année de sa scolarité des prédispositions inouïes. Ses facultés intellectuelles et sa brillante scolarité étaient autant de prémices annonçant la naissance d’un mythe, d’un véritable leader politique.
Après le primaire, au collège comme au lycée de Ben Aknoun, Ali fera, selon les auteurs, un parcours réussi en dépit de son activisme absorbant au sein du PPA. Il sera d’ailleurs reçu à la première partie du baccalauréat, bien qu’il ait passé les trois semaines de révision dans le maquis. “Âgé à peine de dix-sept ans, il embrassa la cause nationale et adhéra au Parti du peuple algérien”, précisent Ahmane Kamal et Mohand Amara.
C’est en 1942 donc que Laïmèche Ali, en véritable pionnier, entamait son militantisme et son travail d’explication au sein de la société. Il s’est également engagé dans la formation des scouts. Le but de la création d’une cellule des Scouts musulmans algériens (SMA) à Tizi Rached et d’une autre à Larbaâ Nath Irathen, à la fin de l’année 1943, était de former un “noyau nationaliste” qui pourrait servir par la suite le PPA et sa cause.
Vers septembre 1944, Laïmèche qui s’apprêtait, les vacances terminées, à rejoindre le lycée à Alger, choisit pour le remplacer à la tête de la cellule scout de Tizi Rached l’un de ses éléments de confiance et des plus dynamiques, Khris Mohamed Arezki.
C’est ainsi qu’il fera partie du groupe du lycée de Ben Aknoun, devenu une cellule estudiantine rattachée au PPA. Outre Laïmèche, ce noyau était composé d’Omar Oussedik, Hocine Aït Ahmed et Mohand Saïd Aïche, que rejoindront d’autres lycéens à l’image d’Idir Aït Amrane, Sadek Hadjerès, Ould Hamouda Amar et Saïd Chibane. Son amour de la patrie, ses cris de sédition, l’attachement à son identité, sont autant de principes exprimés dans des chants composés en tamazight, parmi lesquels : Ssalam ay idurar n tmurt-nnegh (Salut, montagnes de notre pays). Au village Aït Zellal, commune de Mekla, le mardi 6 août 1946, Laïmèche rendra l’âme des suites d’une paratyphoïde.
Laïmèche Ali, l’irréductible révolutionnaire, de Mohand Amara et Kamal Ahmane, éditions l’Harmattan, Paris, 2009.
21 avril 2010
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