L’Emir Abdelkader a lutté, tout au long de la résistance populaire contre le colonialisme, contre «la démystification culturelle imposée par le colonialisme », a souligné hier à Ain Temouchent l’historien Bensenoussi Bouziane.
Animant une conférence sur «le rôle de l’Emir Abdelkader dans l’édification de l’Etat algérien moderne et l’identité nationale», programmée dans le cadre du mois du patrimoine, M. Bensenoussi a précisé que «cet homme d’Etat, très estimé même par ses propres ennemis, a toujours revendiqué et obtenu le respect de l’identité nationale». Il a ainsi rappelé que les traités de Desmichels (1834) et de la Tafna (1837) ont comporté, respectivement dans leurs articles 2 et 5, «le respect par les occupants de la religion musulmane et des usages arabes ». «Le traité de la Tafna, a-t-il dit, a même permis aux habitants des territoires occupés par les colons, de jouir du libre exercice de leur religion, de construire des mosquées et d’accomplir leurs devoirs religieux en tous points, et le plus important sous l’autorité de leurs chefs spirituels». Ces positions, a ajouté M. Bensenoussi, ont conforté la position de l’Emir Abdelkader, qui a enregistré le ralliement et l’allégeance de l’ensemble des tribus. Ces acquis arrachés au colonialisme à la suite des trois grandes batailles d’El Mactaa, Sid Yakoub (Ain Temouchent) et Sekkak, lui ont permis ensuite de s’atteler à l’organisation administrative du pays et la création de son gouvernement composé de six ministères, dont celui de la santé, a-t-il noté, en relevant que l’Emir Abdelkader a été le précurseur dans la création du poste de secrétaire d’Etat. Le gouvernement créé par l’Emir figurait parmi les meilleurs du 19ème siècle en raison de l’intégrité morale de ses membres issus de zaouïas. Une assemblée ou Madjliss Echoura, constituée de bénévoles, couronnait le tout, a-t-il rappelé. Le conférencier a également abordé la situation économique à l’èpoque de l’Etat algérien moderne fondé par l’Emir, qui avait sa propre monnaie frappée à l’effigie de l’Etat, ses usines, à l’instar de celle de l’armement, tout en évoquant le plan diplomatique, marqué notamment par des relations nouées avec les anglais et les américains.
L’Echo d’Oran
21 avril 2010
Colonisation