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Transaction par El-Guellil

20 avril 2010

Contributions

Elle a vu des enfants naître et grandir. Cela fait trente ans qu’elle occupe cette conciergerie. L’organisme qui l’avait installée, «bien facants», devient «Biens de l’Etat», puis OPGI. Elle a traversé toute cette période de la mutation de sigles et appellations, et de changements à la tête de la boîte, sans que ne change son statut. Sa seule préoccupation, élever son enfant. Sa pension de veuve de chahid n’étant pas encore régularisée, elle se voyait obligée, à chaque fin de mois, de frapper à toutes les portes des voisins pour leur rappeler de payer les frais d’entretien des escaliers. Elle était jeune. A soixante ans, ses jambes ne lui permettent plus de faire des efforts. Son enfant n’est plus. Sa seule ressource, sa petite pension, lui permettait difficilement de joindre les deux bouts. Chaque fin de semaine, c’est le calvaire pour elle. Zouzou, la voisine, descend lui faire la fête.



- «Barakette, c’est trop, sborna bessaf! Soit tu fais les escaliers, ou alors tu payes garçonna pour le faire à ta place… sinon n’dirou fik braya pour qu’on nous ramène une autre concierge…»

- «Dirou, dirou benti, kayène Rabbi!»

- «El-houkouma t’a donné ce logement, et en échange tu dois t’occuper de l’entretien…on n’a pas à te payer… Maintenant si tu ne peux pas, il y a des femmes qui ne demandent que ça»

- «Sar, ya Zoubida, tu dis ça à la femme qui tenait tes enfants quand tu allais aux mariages… Moi qui te passais mon logement chaque fois que tu aies eu trop d’invités… Ghir dirou, kayène Rabbi».

Zouzou tenait ce langage depuis deux ans. Cela fait deux ans, tous les locataires sont devenus propriétaires. Khalti Aïcha ne comprenait pas son acharnement. Chaque fois elle a réussi à calmer cette voisine. La même expression concluait le même speech: Dirou, dirou, kayène Rabbi.

Aujourd’hui, fatiguée de porter sa misère hautaine, la vieille femme claque la porte au nez de Zouzou. Furieuse, la mégère essaye d’ameuter les voisins, mais sans résultat. Le soir, Khalti Aïcha reçoit rajel Zouzou. «Tiens, je t’ai ramené des pommes, lui dit-il, d’une voix mielleuse».

«On n’a jamais vu l’aumône sortir de prison», pense-t-elle, sur ses gardes. «Tu sais, on t’aime bien… et si Zouzou fait ça, c’est pour ton bien. Il ne faut pas trop lui en vouloir… On sait que tu es dans le besoin et il n’y a que nous qui pensons à toi… Voilà, je t’ai trouvé une chambre fidar à Mdina Jdida…      Donc, Zouzou te propose de l’acheter ton logement…C’est pour notre fils, il va bientôt se marier… et avec tout l’argent que tu auras, tu vivras comme une princesse…».

Khalti Aïcha se lève, lui redonne ses pommes, lui ouvre la porte, l’invite à sortir en lui disant…» Zidou dirou, kayène Rabbi».

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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