Le célèbre avocat français du FLN, durant la Guerre de libération, Jacques Vergés, a une nouvelle fois cassé l’image prétendument «civilisatrice » de la colonisation française en Algérie, notamment. Profitant d’un séminaire tenu à Sétif, cet homme de grande conviction, n’a pas hésité à dénoncer ce qu’il qualifie de «sauvagerie du colonialisme». Ainsi, au discours pernicieux et négationniste en France qui glorifie,
par doses homéopathiques, la longue nuit coloniale, Jacques Vergès est allé à contre-courant des «histoires» distillées par la droite française. D’entrée, l’avocat assène que les massacres perpétrés le 8 mai 1945 dans les villes de Guelma, Kherrata et Sétif «annonçaient la guerre d’indépendance qui a été précédée par la débâcle française à Dien Bien Phu (Indochine)». Devant une assistance composée de juristes, de moudjahidine et de représentants de la société civile, suspendue à ses lèvres, Vergès a balayé «les bienfaits de la colonisation». «Criminels, carnages, sauvagerie» sont les mots qui revenaient le plus souvent, durant la conférence que l’avocat a animée autour de son nouveau livre «L’amour de la résistance». Pour lui, il ne fait pas de doute que les massacres du 8 mai 1945 représentent «un crime contre l’humanité ». Jacques Vergès a souligné que «si ces événements sanglants avaient ébranlé les consciences libres à travers le monde, les carnages perpétrés contre des civils ont dévoilé des procédés criminels, dénonçant, aux yeux de tous, la sauvagerie du colonialisme». Et de décocher une fléchette à l’endroit de ceux qui, en France aujourd’hui, «tentent toujours de cacher les tares et de minimiser les fautes du colonialisme mais surtout de taire la vérité sur les événements du 8 mai 1945». Le célèbre avocat ne regrette évidemment rien de son parcours. Mieux encore, il déclarera être «fier de son itinéraire» et «toujours prêt» à défendre des personnalités que l’on peut qualifier de «méprisables ou de personnalités controversées ». «Je suis même prêt à défendre George Bush et Hitler à condition que l’accusé reconnaisse sa culpabilité devant le tribunal» précise l’avocat pour qui les droits de l’Homme sont vraiment sacrés. Me Vergès, pour qui la profession d’avocat est une mission sacerdotale, a reconnu qu’elle lui a permis de «tisser des relations profondes avec de nombreux peuples et de découvrir les joies et les malheurs de ses clients, et de s’attacher l’amitié de nombreux leaders et hommes politiques dans le monde entier ». Cette sortie médiatique risque de ne pas plaire dans l’Hexagone où il est surnommé d’ailleurs «l’avocat du diable» du fait qu’il a toujours défendu des causes politiquement incorrectes en France.
IMANE B. JOURNALISTE DE LA VOIX
19 avril 2010
Colonisation