Youm El Ilm, journée du Savoir, célébrée le 16 avril, correspondant au jour du décès, en 1940, du grand imam réformateur algérien Abdelhamid Benbadis, pourrait aussi être «La journée du livre», a estimé Mme Slimani, sociologue, qui mène, depuis une année, une enquête sur la lecture et les jeunes.
Selon cette universitaire qui inscrit sa réflexion dans le cadre d’un projet de recherche en cours, «le développement et la valorisation du savoir dans la société, se mesurent concrètement à l’aune du développement de la lecture et du livre». Ce sont, a-t-elle affirmé, des indices «précis et quantifiables» du progrès culturel dans une société où l’individu s’affirme par des compétences qui «s’acquièrent essentiellement par le livre, outil noble de l’affirmation de l’individualité dans la société moderne». Pour la même sociologue, «l’action islahiste (réformatrice) menée avant l’indépendance par le moyen de l’enseignement libre, la presse et le livre, a constitué pour les élites nationales un défi, à la fois collectif et individuel d’émancipation, relevé face à la domination coloniale toute puissante». Un défi dont les termes «demeurent posés dans la même logique de sacralisation du savoir par le livre, qui doit conquérir toujours plus de place dans la vie quotidienne », a-t-elle estimé. Ainsi, le livre en tant qu’indice privilégié du progrès culturel, a constitué un des grands débats ayant marqué les premières années de l’indépendance, lorsque dans une conférence donnée en 1968, le regretté Mostefa Lacheraf avait comparé la situation du livre en Algérie par rapport à celle prévalant dans les pays avancés, en relativisant le crédo de l’époque, selon lequel «un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle», rappelle la chercheuse. Les élèves qui sont les plus enclins à lire par eux mêmes, à rechercher le livre et à en faire un compagnon de tous les jours, sont ceux dont les parents lisent. Ce fait étant attesté par les premiers dépouillements de l’enquête en question, dans laquelle il est noté que «l’enfant apprend déjà à lire, avant même de toucher un livre, lorsqu’il a la chance de voir souvent ses parents en train de lire». Mais le développement du livre «ne dépend pas seulement de la croissance de la demande par l’éducation familiale, scolaire et culturelle. Il faut que l’offre soit organisée de telle sorte que l’individu soit amené naturellement à devoir lire pour s’affirmer à tous les niveaux de la vie sociale», résume la même spécialiste qui insiste sur «l’importance de rendre la lecture un fait de société courant, qui donnerait à voir les gens lire dans que personne n’en soit surpris, dans un bus, une salle d’attente, un jardin public ou un café». Pour Mme B. enseignante dans un CEM, interrogée dans le cadre cette enquête universitaire, «aucun média moderne ne peut déprécier, ni détrôner le livre, même si autrefois on lisait plus parce que c’était l’unique moyen de s’ouvrir sur le monde», ajoutant que «les parents encouragent la lecture en offrant des livres, les enseignants aident les élèves à aimer et apprécier un auteur».
18 avril 2010
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