Jusqu’à aujourd’hui, on ne sait vraiment pas quoi penser de la vague d’arrestation pour délit de corruption. Des cadres supérieurs, anciens et nouveaux, de grandes entreprises publiques et pas seulement Sonatrach, vous l’auriez bien deviné. Il ne se passe désormais pas une semaine sans que l’on n’apprenne que le PDG de telle ou telle autre société nationale soit sous contrôle judiciaire. Officiellement, ce n’est pas une campagne limitée dans le temps, ni une chasse aux sorcières et encore moins une lutte de clans au sein même du pouvoir.
Nous autres citoyens, nous applaudissons de voir tous ces corrompus derrière les barreaux, sauf qu’il y a comme un truc qui ne tourne pas rond. On ne peut pas le définir clairement, mais on n’est pas vraiment tranquille. On n’arrive pas à se dire que cette fois c’est la bonne. Que ce que tout ce déballage va déboucher sur une situation normalisée en terme de gestion des affaires de la République. Que ce qui arrive présentement sous le ciel d’Algérie n’a rien à voir avec la campagne main propre du début des années quatre-vingt ou encore celle de la fin des années quatre-vingt-dix. Que les gros bonnets arrêteront de placer leurs progénitures aux postes clés avec rémunération mirobolante. Que d’autres gros bonnets cesseront d’envoyer leurs rejetons suivre des études à l’étranger et tout faire pour qu’ils y restent et vivent aux frais de la République. Que des fortunes mal acquises ne feront plus l’objet d’un transfert vers l’Occident.
Vous êtes sans doute, comme beaucoup d’Algériens, un peu pressé de voir tout ça s’accomplir, mais vous pensez que les scandales qui éclatent ici et là ne vous apportent pas l’assurance nécessaire que nous sommes aux portes de l’Algérie nouvelle, celle que le petit peuple appelle de ses vœux. Vous vous dites qu’un jour ou l’autre on finira par ne plus parler de ces affaires, que les gros continueront à placer leurs progénitures aux postes clés avec rémunération mirobolante, que d’autres gros bonnets enverront toujours leurs rejetons faire des études à l’étranger et les encourageront à y rester, que des fortunes mal acquises seront réinvesties en Occident dans les commerces hallal.
Maintenant on sait un tout petit peu quoi penser de toutes ces affaires de corruption. Ce ne sont pas des campagnes limitées dans le temps, ni une chasse aux sorcières et encore moins une lutte de clans au sein même du pouvoir. Vu d’en bas, c’est tout simplement de la poudre au yeux. Allez osons parler au nom des Algériens pour dire que ceux-là, ça fait belle lurette qu’ils ne regardent plus le côté du système. Ils s’inquiètent surtout de voir leurs enfants risquer leurs vies à traverser la Méditerranée dans des embarcations de fortune. Onze familles se font un sang d’encre pour leurs rejetons. Ils se sont perdus entre l’Algérie et l’Espagne.
Le jour même, un politicien algérien a affirmé que la corruption est une forme de terrorisme. Vivement que les politiques entrent enfin en scène. Mais dites-moi, les enfants de politiciens, ils font où leurs études supérieures?
L. B.
17 avril 2010
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