C’est l’histoire pathétique d’un jeune Algérien d’une trentaine d’années, habitant Skikda, tétraplégique (souvenir d’un dramatique accident survenu il y a quelques années en pleine saison estivale) et qui se trouve être mon voisin de palier. L’autre jour, il m’a interpellé et raconté une histoire qui m’a fait dresser les cheveux sur la tête. S. Charef, c’est son nom, est un inconditionnel des Verts.
Il connaît tous les joueurs, leurs clubs respectifs, leur situation familiale, leurs hobbies. Très au fait du football national et international, il a eu l’idée de se déplacer le 2 mars dernier à Alger pour supporter, comme tout un chacun, l’équipe nationale qui affrontait ce jour-là, celle de la Serbie, en match amical. Avec d’autre copains de la capitale, il s’est rendu au stade du 5-Juillet muni d’un billet d’entrée acheté 550 DA quand même. Sans son fauteuil roulant (pour mieux s’imprégner de l’ambiance) soutenu par ses amis, ce qui devait être pour lui une journée de fête s’est vite transformée en situation cauchemardesque. Il est vrai qu’il y avait foule ce jour-là. Il s’est retrouvé ballotté. Régulées par un service d’ordre très imposant, les entrées se faisaient à une cadence quasi pachydermique. Les seules à qui on ouvrait grandes les portes étaient les supportrices et les familles. Frustrés par ce comportement injuste à leur yeux, les jeunes
commencent à se faire de plus en plus pressants. C’est alors que les coûts de matraque ont commencé à pleuvoir. Devant cet état de fait, les supporters (très jeunes pour la plupart), on improvisé une petite «intifadah».
Des jets de pierres n’ont pas tardé à s’abattre sur tout ce qui bouge. Du coup, notre ami de Skikda s’est retrouvé pour ainsi dire pris entre deux feux, d’un côté maltraité, que dis- je, molesté par des agents à la mine patibulaire, sans aucun état d’âme et de l’autre menacé par des projectiles fusant de toutes parts. Il m’a même avoué par la suite qu’il a invoqué Dieu à plusieurs reprises. Devant les cris d’orfraie poussés par les gens présents, les représentants de l’ordre ont alors cessé cris d’orfraie poussés par les gens présents, les représentants de l’ordre ont alors cessé leur salle besogne. Et des âmes charitables ont alors cessé leur sale besogne et secouru Charef. De match, le jeune handicapé n’en a pu voir. Content d’avoir échappé au pire, il demande sans aucune animosité de sa part à Raouraou pour qu’il voue une admiration non feinte pour avoir rendu un tant soit peu de crédibilité à la Fédération algérienne de football et aux autres dirigeants de faire tout leur possible pour que pareille mésaventure ne se renouvelle pas, pour que des personnes contre qui le sort s’est acharné et qui ont prouvé contre vents et marées leur attachement à un pays qu’elles aiment profondément, soient mieux considérées a l’avenir.
Chronique d’un Algérien en Algérie…
14-04-2010
Chidekh Salah
14 avril 2010
Contributions