On lui a posé une question très simple : Pourquoi vous ne fabriquez pas en Algérie la pièce que vous importez de Chine ? Avant de vous donner la réponse du monsieur, sachez que c’est un patron algérien, riche à milliards. Ce n’est pas un patron comme les autres, non, c’est un président de l’une des nombreuses organisations patronales.
L’anonymat est garanti pour la simple raison qu’il existe tellement d’associations patronales et dans ces associations, il y a tellement de patrons faux producteurs et vrais importateurs que l’on ne risque pas des poursuites en justice pour diffamation ou autre déclaration mensongère. Ces détails judiciaires étant réglés, voici donc la réponse du monsieur : » Mais si je fabrique cette pièce localement, elle me coûtera douze centimes plus chère ! Vous voyez donc qu’il n’est pas intéressant de produire en Algérie « . Cette déclaration a été faite dans le cadre d’un entretien tout a fait correct paru dans un journal algérien. Ce n’est pas fini ! Quelques réponses plus tard, le même monsieur tombe à bras raccourcis sur l’Etat en l’accusant de travailler contre le patronat algérien, donc contre les intérêts du pays.
Sachez encore, au passage, que ce monsieur parle au nom de plusieurs dizaines de patrons qui se servent à tour de bras depuis plus de quinze ans, mais personne n’a pensé changer de statut pour passer producteur algérien, créant de la richesse et employant des milliers de concitoyens. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils ont choisi le plus » accro » à l’import import pour les représenter. Tous ces messieurs sont à la tête d’entreprises familiales fantoches, qui génèrent tellement de bénéfices que leurs enfants roulent carrosse et se payent des vacances à Hawaï (l’équivalent de dix à quinze fois le Smig dépensé en un mois). Pourquoi donc ces entreprises là sont-elles fantoches ? Et bien, il suffirait que le gouvernement décide de serrer un tout petit peu la ceinture pour qu’ils ruent dans les brancards. Passons sur ces nouveaux patrons qui sont nés dans la culture du tout import et ne pensent qu’à engranger des dinars pour les dépenser en euros sous d’autres cieux. Il existe un autre type de patron. Oui, un exemple : il a hérité de son entreprise, créée il y a plus de soixante-dix ans. Il affirme que ses produits sont de qualité supérieure, mais se plaint de la concurrence déloyale des importateurs. Cela dit, il peste contre l’imposition du crédit documentaire censé freiner ces concurrents déloyaux. Pourquoi donc ? C’est que lui aussi est importateur de plus de quatre-vingt dix pour cent des composants de son produit. La solution serait l’exportation puisque le produit qu’il fabrique est de bonne qualité ! Sa réponse : » l’exportation est une blague. Ça ne marchera jamais » ! Mais il y a aussi un troisième type de patron à l’allure super branché qui invite des économistes et Dieu sait qui encore rien que pour nous dire que le gouvernement fait fausse route. Le FCE en a rajouté une couche avant-hier. Mais nous autres on aurait souhaité qu’ils causent un peu entre eux les patrons et reversent les centaines de milliards de dollars gagnés en vingt année d’importation dans l’économie du pays au lieu d’offrir de belles vacances à leur rejetons. Un patron ça produit ça ne jase pas !
L. B.
14 avril 2010
Contributions