Le Carrefour D’algérie
A l’époque, la grande chance d’un époux, c’était d’épouser une femme couturière. Depuis l’époque reculée de nos grand-mères et jusqu’à aujourd’hui, ce métier « à domicile » n’a pas perdu de son lustre. Le tic tac d’une machine à coudre,
durant les années 70, a permis de construire des villas et d’éduquer des enfants pendant des décennies. Les commandes des dix robes de mariage, pour chaque trousseau de jeune fille algérienne, a permis de constituer des fortunes. Même aujourd’hui, le métier n’a pas perdu de sa rentabilité : heureux sont les hommes qui épousent des couturières car c’est un salaire garanti tant que sont garanties la santé et la complicité de l’épouse. La cotation des couturières est encore à la hausse car les Algériennes gardent encore la tradition du trousseau, des dix mille robes le jour J, des nappes, des rideaux « faits maisons ». L’ameublement intérieur, entre salons marocains, «matelas genre l’haf » », oreillers stylisés et robes d’intérieur, restent encore du domaine des femmes et pas uniquement un marché de Chinois ou un créneau d’importateurs. Dans certaines villes, comme Tlemcen ou Constantine, le métier de couturière est une industrie. Dans certains villages, un homme ou sa maison peut être plus connu par la couturière épouse que par l’adresse de la rue. Toutes les femmes algériennes ont eu ce rêve de se faire couturière célèbre durant les années 80. C’est un métier de guerre contre la crise ou l’inflation. Une solution contre la misère ou l’inconfort. Une façon d’être une femme au foyer en étant une femme au boulot. Un créneau sans impôt, net, sans publicité. Peu ont réussi, mais celles qui ont réussi, l’ont bien fait : de l’argent à l’aiguille, il suffit de suivre le fil mais avec art et savoir-faire ! Les mains, tout le monde en a, mais tout le monde n’est pas artiste.
12 avril 2010
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