1962. Ils sont trois enfants embarqués avec Ray, leur mère, sur le Kairouan à destination de Collioure. Ils ont dit adieu définitivement à Alger et vont s’installer à Palavas, dans une location de vacances, en attendant mieux. Edmond le fils aîné, handicapé mental ; Francine l’adolescente aux allures de vamp ; et Jackie, qui ne parle plus depuis le mitraillage d’une terrasse de bar. Réfugié dans son imaginaire de petit garçon muet, il reconstruit à sa manière les événements tragiques qu’ils viennent de vivre, dans une conversation télépathique avec sa soeur et surtout, dans un dialogue fantasmatique avec son père, resté dans la clandestinité en Algérie. Au pays des « blonds-blonds », des Français de France, il ne fait pas bon être rapatrié. Jackie, qui a caché une photo de son père dans la caravelle qu’il traîne toujours derrière lui, est bien le seul à croire qu’ils connaîtront à nouveau les dimanches à Sidi-Ferruch…
Comme dans son premier roman, Christophe Léon déploie une langue puissante, au service de situations étranges et violentes. Loin d’un récit nostalgique sur les rapatriés d’Algérie, Palavas la Blanche pose un regard singulier sur la Guerre d’Algérie, où les enfants sont témoins de l’horreur et la transfigurent, tel ce fellagha torturé dans l’atelier du grand-père ressuscité en Christ de Mantegna.
12 avril 2010
Colonisation