Un détenu algérien à Guantanamo refuse, selon la presse, de revenir en Algérie et vient d’introduire un appel pour faire reculer son retour de Guantanamo.
Commentaire des Algériens «Ce pays est-il perçu comme plus terrible que la Prison Us ?». Possible. C’est ainsi avec les islamistes : ils haïssent l’Occident mais veulent y habiter. Ils répètent que Dieu est arabe mais s’empressent de dire qu’il est partout et donc qu’ils peuvent mieux le rencontrer au Mississipi. Et lorsqu’ils sont chez eux, ils nient les lois pour la charia, mais dès qu’ils sont en Occident, ils utilisent les lois pour ne pas subir celles de leur pays d’origine. Ecrit il y a quelques mois : on peut être Djihadiste, on en reste pas moins algérien. C’est-à-dire une nationalité individuelle ailleurs, et pas une nationalité collective chez-soi. On peut prétendre attendre le paradis de Dieu, on reste fasciné par celui que peut offrir l’Occident. Le paradoxe des Djihadistes en exil est immense. Il faut en effet rencontrer ces islamistes d’un genre à part que sont les islamistes de l’Occident : férus des lois locales, adeptes de la démocratie occidentale parce qu’elle leur permet des droits, cultivés, discrets et consensuels en sursis en attendant l’avènement du Califat final ou du repentir total de l’humanité. Un Djihadiste en Occident est démocrate et fervent démocrate, adepte des diplômes et des libertés qu’il refuse, chez lui, aux démocrates de son pays, procédurier à l’extrême là où, dans son propre pays, il clame qu’il n’y a de loi que celle de Dieu et d’administration publique que celle de la Mosquée et de son émir tuteur. Même emprisonné, torturé, enfermé, déporté ou habillé d’orange, un Djihadiste préfèrera les Etats-unis et son Guantanamo que son pays d’origine. A cause des droits de l’homme, des avocats, des possibilités de recours et de la liberté. Le pays d’origine est peut-être Dar El islam, cela reste une maison en ruine. Le choix n’en est pas un entre un califat sous-développé et un occident impie. Même pour un Djihadiste, le Salut est une affaire individuelle et plus une révolution de maquis. Le dilemme refusé est celui de l’Occident sous les yeux du Djihadiste : il veut le détruire et y appartenir. Le démentir mais y habiter. Y accomplir ses prières et ses attentats. Y demander asile en y demandant aux femmes de s’y voiler. Intervenir dans ses chaînes TV mais ne pas les regarder. Revendiquer la liberté mais surtout la sienne propre. Construire ses mosquées dedans en interdisant les églises et les synagogues des autres chez lui, dans son pays d’origine. Y pratiquer son ramadan sans être gêné, mais en lapidant le moindre touriste chez lui coupable de mordre un casse-croûte à midi lors du mois sacré.
D’ailleurs, ce paradoxe infâme est celui de tous les extrémistes qui aujourd’hui sollicitent l’Occident pour en faire leurs secondes épouses : évangélistes, sionistes religieux, Djihadistes islamistes. Tous habitent l’Occident, en respire la liberté, y pratiquent l’obligation de démocratie, mais tous veulent le convertir. L’Occident peut être infâme, colonisateur, inventeurs des rapts collectifs civilisationnels, hypocrite quant à ses valeurs et auteurs des plus lourds massacres de l’humanité par elle-même, il reste une conquête de l’homme sur ses pires croyances. L’Occident reste un ouvrage à saluer et l’œuvre de certains esprits qui mettront des siècles à mourir. Il est la distance la plus heureuse et la plus sanglante, prise entre l’homme et sa barbarie. C’est l’arche d’une sorte de Noé trader, courtier, sensible, démocrate, colonisateur, paranoïaque, fervent des machines à vapeur, auteur de la rondité de la terre. Tout le monde donc voudrait y être et y embarquer, y vivre et y mourir, le convertir ou, au moins, y faire entendre sa voix et y profiter du recul de la misère et de la vie sauvage. C’est pourquoi, malgré la haine et la croyance radicale, un Djihadiste préfère peut-être Guantanamo que le retour au pays natal. L’Occident est aujourd’hui le pommier du paradis. Pour tout religieux, vivre près de ce pommier, c’est vivre au paradis. En manger est une désobéissance à Dieu, le détruire est un dilemme, le regarder est une torture, y mordre est une prise de conscience et une chute dans le temps, hors de l’éternité.
12 avril 2010
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