On vous dira que l’on n’est ni plus bêtes ni moins travailleurs que d’autres, que nous sommes dans la moyenne. Nous bosserons plus s’il y a nécessité pour ce faire.
Par Redha LOUNIS
Les statistiques ont ceci d’intéressant, c’est que vous pouvez leur faire dire ce que vous voulez. On peut être le pays le plus fainéant du monde, mais forcément le moins bête. Pour aboutir à ce genre de constat, vous utilisez les statistiques sur le nombre d’heures travaillées, celui chômé pour cause de grève, le taux d’alphabétisation de la société, la proportion d’universitaires sans emploi dans le taux global du chômage dans le pays et vous aurez une position plutôt honorable en matière d’indice de développement de la population algérienne. On vous dira que l’on n’est ni plus bêtes ni moins travailleurs que d’autres, que nous sommes dans la moyenne. Nous bosserons plus s’il y a nécessité pour ce faire.
Les statistiques sont formidables aussi parce qu’ils donnent au politiques, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, les grilles de lecture que l’on désire. Prenons un exemple : le ministre de l’Emploi mettra l’accent sur le nombre d’emplois créés durant un exercice donné.
Mais il se trouvera toujours un député de l’opposition qui lui sortira le nombre d’emplois détruits dans le même laps de temps. Les deux chiffres sont vrais et les deux thèses se valent donc.
Nous autres, destinataires de ces statistiques, destinées à nous endormir en encore pour nous tirer quelques jurons contre les gouvernants, sommes quelque peu perdus.
Car, quoi que disent les uns et les autres, notre situation quotidienne ne change pas trop. Mais reconnaissons tout de même que nous adorons les chiffres.
C’est d’ailleurs pour cette raison que les politiques les utilisent pour argumenter leurs critiques ou autosatisfactions. Nous aimons savoir où nous en sommes, même si nous oublions l’information vite faite. Mais il est des chiffres qu’on retient mieux que d’autres. Par exemple que nos universités ne sont même pas classées dans le top mille des institutions d’enseignement supérieur dans le monde. C’est un truc très facile à retenir. Ou qu’Alger est l’avant dernière ville au classement international des capitales du monde.
Les autres sont plus difficiles à retenir, comme par exemple le taux d’inflation des produits agricoles frais pour l’exercice précédent. Ou encore, le déficit réel en matière de logement…
Mais il y a un chiffre que l’on n’oubliera pas de sitôt. Il a un rapport direct avec le fric. Ce sont les réserves de changes du pays. Elles dépassent le seuil des 140 milliards de dollars depuis belle lurette.
Le dernier chiffre en date est celui relatif à la fin 2009. Eh bien, sachez donc que l’Algérie dispose d’une réserve de change supérieure à 149 milliards de dollars. C’est beaucoup d’argent ça ! Mais ce n’est pas fini. Le meilleur est pour la fin : ce chiffre place notre grand pays dans le top 10 des nations les plus riches au monde ! Pour ce qui concerne les réserves de change seulement. Car pour ce qui concerne la richesse en matière de savoir, on attend toujours de voir nos université dans le top 1000, c’est qu’elles n’y sont pas encore !
R.L.
12 avril 2010
Contributions