Actualité (Dimanche 11 Avril 2010)
Par : Saïd Chekri
Amirouche : une vie, deux morts, un testament, tel est le titre du livre tant attendu de Saïd Sadi. Mis sous presse depuis jeudi, l’ouvrage est salué par anticipation par le plus grand nombre car il réhabilite une grande figure du Mouvement national et de la guerre de Libération nationale. Mais chez d’autres, il suscite angoisse et anxiété tant il contient des révélations sur d’autres acteurs d’avant et après 1962.
Bien avant sa parution, attendue pour les prochains jours, le livre de Saïd Sadi, Amirouche : une vie, deux morts, un testament, a déjà fait couler de l’encre. Il promet d’en faire couler davantage une fois sur les étals des librairies. Alors que l’ouvrage fait déjà l’objet d’échanges ininterrompus sur Internet, la plupart languissant de pouvoir le lire, la seule annonce de sa sortie prochaine a également provoqué un début de polémique. Des journaux en ont déjà parlé, certaines plumes pour saluer un livre dont ils attendent qu’il rende justice au plus célèbre des chefs de wilaya durant la guerre de Libération nationale et qu’il mette à nu quelques pans de notre histoire récente, d’autres, rares pour le moment, pour énoncer des griefs contre l’auteur en manquant à peine de le vouer aux gémonies.
Pourquoi donc Amirouche : une vie, deux morts, un testament qui, disons-le d’emblée, n’a rien d’un pamphlet mais tout d’un livre documenté, regorgeant de témoignages et débordant de sérénité, suscite-t-il déjà autant de passion alors qu’il est encore sous presse ? On sait que les interventions publiques de Saïd Sadi laissent rarement indifférent mais jamais ses livres – il en a écrit d’autres – n’ont eu un tel effet et jamais ses détracteurs – il en a toujours eus – n’ont fait preuve d’une telle anticipation. Mais il est question ici du colonel Amirouche, le légendaire chef de la Wilaya III dont l’aura a dépassé, déjà bien avant sa mort, les limites de la région qu’il commandait. Il s’agit donc, aussi et forcément, de ceux qu’il a eu à croiser, de près ou de loin, y compris ceux qui ont refusé que son corps repose dans une tombe et qui, en revanche, se sont fait les fossoyeurs acharnés de sa mémoire. Voilà pourquoi d’aucuns, se félicitant sincèrement ou non de la réhabilitation d’Amirouche, ont eu toutefois ce remarquable empressement à crier au scandale et à courir au secours de… Boumediene.
L’Histoire comme elle nous parle
Réhabilitez qui vous voulez, portez aux nues qui vous plaira si cela vous tente, mais il vous est interdit de toucher à Untel. Voilà précisément le genre de pré-requis par lesquels se sont toujours imposés la censure et son corollaire la falsification de l’Histoire. Un pré-requis dont Sadi, fort heureusement, s’est refusé à faire cas dans son ouvrage. Les adeptes d’une histoire lisse, nette et sans bavure devront repasser. Idem pour ceux qui aiment à célébrer une révolution propre et sans souillures, menée par des héros tous braves, tous irréprochables.
Depuis son enfance à Tassaft jusqu’à sa mort à Djebel Thameur, près de Boussaâda, en passant par ses longs séjours à l’ouest du pays, son émigration en France, puis son retour en Algérie, Amirouche est suivi pas à pas par l’auteur qui, faisant bon usage de sa formation de psychiatre, a fini par cerner le profil du héros : Amirouche est “né pour cause”, écrit Saïd Sadi. Au maquis, le chef de la Wilaya III a toujours assumé ses responsabilités, comme il l’a fait par l’impeccable organisation du Congrès de la Soummam dont la tenue avait failli être compromise. Des responsabilités, il a dû, quelquefois, assumer aussi celles d’autres. C’est ainsi qu’après la mort de Ben Boulaïd, c’est lui qui s’est rendu dans les Aurès pour y ramener l’ordre et régler la question de la succession. Il laissera aux Aurès la coquette somme de 70 millions de centimes pour financer le fonctionnement et l’approvisionnement des structures locales de l’ALN. Le complot de la Bleuïte ? Voilà sans doute le plus infâme des procès qu’on ait jamais fait à un dirigeant de la révolution. Des témoins oculaires ont affirmé à Saïd Sadi avoir eux-mêmes torturé des personnes suspectées de collaboration avec l’ennemi. “Mais jamais Amirouche”, disent-ils. Il avait de l’aversion, voire de la haine vis-à vis des intellectuels ? C’est lui qui en recruta le plus et qui en envoya le plus massivement à Tunis pour préparer l’encadrement de l’Algérie indépendante.
Une œuvre pédagogique
Mais l’histoire d’Amirouche ne s’arrête pas le 28 mars 1959, le jour de sa mort. Par la séquestration de ses restes dans la cave d’une caserne de la gendarmerie de 1963 à 1983, il aura eu droit à une “seconde vie”. Certes, dans Amirouche : une vie, deux morts, un testament, Boumediene, Boussouf, Kafi et autres Ben Bella, pour ne citer que ceux-là, ne campent pas des rôles enviables, loin s’en faut.
Le premier et le second y sont présentés comme responsables de la mort d’Amirouche, le troisième comme un faussaire et le quatrième comme un obligé des services secrets égyptiens, les quatre partageant le sentiment anti-kabyle comme dénominateur commun, peut-être même comme seul moteur de leur union et de leur action. Tout l’inverse d’Amirouche dont la seule cause-motivation était l’indépendance de l’Algérie et la construction d’un État national. Pour autant, c’est bien à Amirouche, et non pas à ces personnages, que l’auteur a consacré son livre. Son but n’était donc pas de les accabler. Cela, c’est l’histoire d’Amirouche qui s’en charge, telle que rapportée par des témoignages d’acteurs encore en vie et appuyée par des documents dont l’authenticité ne peut être mise en doute. Car ici, l’auteur qui, à l’occasion, fait montre des indéniables talents littéraires qu’on lui connaissait, fait sienne cette règle d’or chère aux journalistes professionnels soucieux de l’éthique : “Les faits sont sacrés, le commentaire est libre.” Sadi y laisse parler l’Histoire, s’interdisant rigoureusement de lui faire dire ce qu’elle ne dit elle-même et par elle-même. C’est ainsi qu’il en fait ici le seul juge des uns et des autres. Et comme les verdicts de l’Histoire sont toujours sans appel, il est inutile de se faire l’avocat de ceux qu’elle a condamnés. C’est pourquoi il ne sera pas aisé d’apporter la contradiction au contenu de l’ouvrage, à moins de recourir encore à la falsification et à la censure.
En revanche, Sadi use pleinement et sans sourciller, tout au long des quelque 500 pages du livre, de son droit et de sa liberté de lire, d’écouter et d’interpréter l’Histoire afin de lui donner une déclinaison politique à même de permettre une meilleure compréhension des marasmes du présent et de prévenir les cataclysmes qui guettent la nation. De sauver ce qui peut encore l’être. Car les dégâts sont déjà immenses. Ils ont pour noms, essentiellement, la fraude électorale et la corruption, deux vrais fléaux, coûteux et générateurs de misère, de violence, voire de chaos. De la sorte, Saïd Sadi reste, là encore, égal à lui-même : il fait œuvre pédagogique. On peut dire de Amirouche : une vie, deux morts, un testament, ce qu’une pub célèbre disait d’un certain médicament : ça fait du bien là où ça fait mal.
11 avril 2010 à 17 05 06 04064
ICI MIEUX QUE LA-BAS
Amirouche…, Boumediene et Boussouf…
Par Arezki Metref
arezkimetref@free.fr
Pas encore lu le livre de Saïd Sadi sur le colonel Amirouche mais, il semblerait que ça se meuve déjà pas mal. Rien qu’au travers des interviews, la sienne et celle de Noureddine Aït Hamouda, et au vu du contenu de la préface publiée sur Internet, on saisit la portée subversive du propos. Ça promet et ça ne peut être que salutaire ! Inédit ! Un pavé dans le ronron consensuel et falsificateur qui sert d’ordinaire à une historiographie ouvertement bidonnée.
Oui, un pavé – un vrai – dans la mare au diable où, captive, l’histoire de la guerre de Libération n’est qu’un festin au cours duquel les gros poissons bouffent les petits. Ce qui, au passage, donne l’occasion d’avoir une pensée pour Benyoucef Mellouk, héros solitaire dont le donquichottisme persévérant finira par faire éclater au grand jour la vérité des impostures. Les réactions semblent déjà nombreuses, notamment à l’interview du fils du colonel Amirouche dans El Watan. Je me suis amusé à la lecture des commentaires anonymes qui succèdent à l’entretien. Personne, évidemment, ne conteste la dimension héroïque, point culminant de la légende d’Amirouche. Même si l’Algérie possède ses héros, il n’y en a pas eu d’équivalent. Donc, à cet égard, pas de problème. Là où ça discute sérieux, pour ne pas dire grave, semble-t-il, c’est dans le fait de désigner nominativement Boussouf et Boumediene comme étant à l’origine du guet-apens tendu par l’armée française à Amirouche et Haouas, en route vers Tunis dans le but de demander des comptes aux fonctionnaires de la Révolution en train de se prélasser dans les palaces. Sans compter la séquestration de la dépouille d’Amirouche dans les soussols de la gendarmerie, placée alors sous le commandement du colonel Bencherif que Noureddine Aït Hamouda dit avoir interpellé sur la question. Il aurait répondu qu’il n’avait fait qu’exécuter un ordre de Boumediene. D’ailleurs, et à raison, Noureddine Aït Hamouda s’étonne qu’aucun journaliste ne soit allé trouver Ahmed Bencherif pour recueillir sa version de cette affaire. On peut s’attendre peut-être à ce que, interpellé de la sorte, haut et fort, Ahmed Bencherif ne sorte de sa retraite pour apporter spontanément ses lumières au débat. Ce n’est donc pas du livre lui-même qu’il s’agit ici mais de fragments du buzz qu’il suscite. Je passe sur les commentaires-bateau qui alignent les mots, et les insultes, sans faire avancer le schmilblick. Il reste quelques grandes catégories de position. 1. Les anti-Kabyles. On retrouve parmi eux les défenseurs acharnés de Boussouf et Boumediene, qui relativisent l’héroïsme d’Amirouche sans le nier. Parmi eux, il y a ceux qui, par mégarde, ou carrément, ouvertement, déclinent leur anti-kabylisme même pas primaire. Ils sont à fond dans le révisionnisme tant leur désir d’éradiquer les Kabyles de la contexture nationale les pousse jusqu’à nier des évidences historiques. Peu parmi eux nient l’importance d’Amirouche, mais ils l’atténuent de beaucoup, et tiennent surtout à placer au sommet de l’échelle du patriotisme, Boussouf et Boumediene, qu’ils défendent bec et ongles. 2. Les boumedieniens. Autre catégorie tout aussi simple. Celle des gens qui reconnaissent la dimension d’Amirouche, justifient sans l’approuver forcément Boussouf mais qui défendent mordicus Boumediene. Les partisans de Boumediene réduisent évidemment à la proportion d’artefact chacun de ses actes négatifs. Reconnu patriote et intègre (on brandit toujours l’argument qu’à sa mort en 1978 après douze ans de régne, son compte bancaire était presque vide), tout ce qu’il a fait, l’a été au profit du pays. D’ailleurs, si l’Algérie d’aujourd’hui possède tant de cadres de valeur, c’est grâce à lui. Bref, un mélange de torchons et de serviettes qui ne rend pas à Boum ce qui appartient à Boum et aux autres ce qui n’est pas à lui. Peut-on s’accorder cinq minutes sur cette tautologie : on peut être un dictateur, assoiffé de pouvoir, sans cesser d’être patriote et honnête. 3. Les malgaches essentialistes. Cette catégorie est déjà plus complexe. Elle découple Boussouf de Boumediene, et accorde au premier les circonstances atténuantes refusées au second. Boussouf, c’est un grand monsieur, disent les locataires de cette catégorie, dont tous les actes ont été commandés par l’intérêt de la nation. Boumediene, par contre, n’était qu’un opportuniste et un putschiste qui a trahi son mentor, Boussouf, par goût du pouvoir absolu. Si l’on s’inscrit dans ce raisonnement, de toute évidence, la mort d’Amirouche est le fait de l’armée française et cette histoire de trahison n’est que de l’intox du capitaine Léger. 4. Les fraternalistes beats. «Tous frères !» qu’ils disent. Le pendu et la corde. Ils constatent, en gros, que tout le monde est beau, gentil et tout et tout. Et qu’il faut laisser reposer les martyrs en paix. Que ce n’est pas la peine de remuer tout ça. Et que ça ne fait qu’ajouter de la fitna. Amine ! 5. Les «Terminators» novices. Cette catégorie est redoutable. On y trouve ceux qui ne croient en rien. Pour eux, tout est fichu et l’était d’ailleurs depuis le début. Tous égaux dans la félonie et la nullité ! Sauf eux, bien entendu! Même ceux-là reconnaissent qu’Amirouche a sa place au panthéon de notre histoire mais ils ne voient pas à quoi ça sert dans un pays bâti sur du sable. 6. Les dubitatifs. Ils opinent du chef devant le portrait machiavélique, autoritaire, tordu, tracé de Boussouf et de Boumediene. Sans verser dans les griefs faits à Amirouche souvent par ses adversaires, ils voudraient cependant qu’on fasse de lui aussi un portrait plus nuancé. Sans toucher à son indiscutable héroïsme. Evidemment, il y a d’autres catégories dans ce débat essentiel, qui a le mérite de porter sur les fondements mêmes de l’histoire de ce pays pris en otage. Et si, comme on croit l’avoir compris, le pouvoir est en train de faire rédiger une «réponse» au livre de Saïd Sadi, c’est qu’il y a panique à bord du Titanic.
A. M.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/04/11/article.php?sid=98418&cid=8
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11 avril 2010 à 17 05 17 04174
Amirouche : Une vie, deux morts, un testament, de Saïd Sadi
Amirouche, une vie, deux morts, un testament, le nouveau livre de Saïd Sadi
Samedi 20 Mars 2010 — Amirouche, une vie, deux morts, un testament, c’est le titre d’un nouveau livre que s’apprête à publier dans les prochaines semaines, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), le Dr. Saïd Sadi. Fruit de longues recherches, ce livre retrace la vie mais aussi les circonstances de la disparition de celui qui reste l’une des figures de proue du mouvement de libération nationale. L’auteur qui s’est astreint à un travail minutieux, raison de son relatif effacement de la scène politique, fait des révélations qui ne manqueront sans doute pas de provoquer des polémiques. De nombreux clichés ayant entouré l’action du « lion de la Soummam», comme sa prétendue aversion vis à vis des intellectuels, son sois-disant penchant pour l’islamisme avant l‘heure ou encore son caractère de « sanguinaire », y sont battus en brèche. Etayés par des témoignages parfois troublants de dirigeants sur les circonstances de la mort du héros et des documents puisés dans les archives françaises, cet opuscule fera certainement du bruit. Pour rappel, les dépouilles d’Amirouche et de Si El Houes ont été cachées dans les sous-sols des bâtiments qui abritent la gendarmerie nationale jusqu’au début des années 80, avant que leurs ossements ne soient transférés au cimetière d’El Alia. Saïd Sadi est auteur de plusieurs livres dont Algérie, échec recommencé, et Askuti, un roman en tamazight.
http://www.algeria.com/forums/history-histoire/27137-amirouche-une-vie-deux-morts-un-testament-de-sa-d-sadi.html
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11 avril 2010 à 17 05 18 04184
Ameziane Athali :
Said Sadi :
« Le colonel Amirouche n’était pas un égorgeur »
Vendredi 26 Mars 2010 — Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Said Sadi, a animé, vendredi 26 mars, une conférence publique à Tassaft dans la commune de Iboudrarene, située à 45 km au sud est de la wilaya de Tizi Ouzou. Cette sortie publique du Dr Sadi entrait dans le cadre de la commémoration du 51eme anniversaire de la mort des colonels Amirouche et Si El Houas. Dans son intervention devant un public nombreux, le leader du RCD est revenu sur son livre Amirouche, une vie, deux morts, un testament. Un recueil de témoignages sur la vie et le combat du colonel Amirouche. Des témoignages recueillis auprès des compagnons d’armes du héros de la Révolution. « Amirouche n’était pas un égorgeur », a notamment déclaré le Dr Sadi. Une réponse à ceux qui mettent en doute le parcours et les qualités du colonel Amirouche. Lors de cette rencontre, le président du RCD ne s’est pas exprimé sur les questions liées à l’actualité politique nationale, laissant ainsi le public venu l’écouter sur sa faim en se limitant à évoquer son livre.
http://www.algeria.com/forums/history-histoire/27137-amirouche-une-vie-deux-morts-un-testament-de-sa-d-sadi.html
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11 avril 2010 à 17 05 19 04194
La Bibliothèque nationale empêche la publication du livre de Said Sadi
Samedi 27 Mars 2010 — Le parlementaire Nouredine Ait Hamouda, fils du héros de la révolution, le colonel Amirouche a critiqué la diffusion, par la télévision algérienne, d’un reportage sur « le colonel Amirouche », contenant le témoignage d’un officier français qui défendait « l’Algérie française », ajoutant que la bibliothèque nationale refusait toujours d’attribuer un ISBN au livre de Said Saadi sur le chahid. M Ait Hamouda a déclaré à El Khabar concernant la lettre de protestation qu’il a adressée au DG de l’ENTV, sur le contenu du reportage, diffusé sur la chaine le 19 mars dernier, que ce documentaire était une atteinte à la mémoire du chahid et à sa famille. Le député RCD s’est en effet dit étonné que la télévision algérienne puisse diffuser un témoignage d’un colon français et agent des renseignements dans l’armée française durant la guerre, alors que ce dernier qui, après avoir été fait prisonnier par l’armée de libération puis libéré sur ordre du GPRA, à travers la croix rouge, avait décidé de retourner en Algérie comme agent des renseignements dans l’armée française pour défendre « l’Algérie française ». Il a également assuré que cet officier avait fourni dans le documentaire un témoignage et des informations erronées, à travers lesquelles, il avait porté atteinte à la mémoire des moudjahidines. Cet espion avait, auparavant, sorti un livre contenant des informations mensongères, puisqu’il avait écrit que le colonel Amirouche était un homme sanguinaire et qu’il avait, lui-même, procédé à l’exécution de l’officier Mahiouz. M Ait Hamouda s’est étonné que la télévisions algérienne ait eu recours à un officier de l’armée française pour obtenir des informations sur le chahid, au lieu d’en demander à son fils, à sa famille ou aux moudjahidines qui ont combattu à ces cotés, ainsi qu’a l’utilisation d’une photo du colonel pour le générique alors que, a-t-il ajouté « je n’ai vu le réalisateur qu’il y a 15 jours et il m’a informé qu’il avait préparé un reportage sur mon père, sans m’en révéler le contenu. Il m’a, en plus de cela, provoqué en déclarant qu’il protesterait contre la publication du livre de Said Saadi ». Il a, à ce sujet, accusé la BN de retarder la publication du livre rédigé par le président du RDC, le Dr Said Sadi, en ne lui attribuant toujours pas d’ISBN, indiquant que les autorités voulaient contrôler les pensées et les idées et exercer un monopole sur l’histoire en faisant interdire tous les livres qui seraient contraires aux orientations du pouvoir.
http://www.algeria.com/forums/history-histoire/27137-amirouche-une-vie-deux-morts-un-testament-de-sa-d-sadi.html
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11 avril 2010 à 17 05 20 04204
Saïd Sadi :
Amirouche a été “privé de mort par Boumediene”
Samedi 27 Mars 2010 — Amirouche, une vie, deux morts, un testament est sans doute un livre qui fera date. Son auteur, Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), a animé hier à Tassaft, wilaya de Tizi Ouzou, une conférence autour de ce pan de la mémoire nationale que d’aucuns ont essayé de salir. “Il y avait une injustice sur l’homme, mais à travers lui, c’était toute la résistance algérienne qui risquait d’être atteinte”, affirme d’emblée le Dr Saïd Sadi devant une assistance nombreuse et en présence de plusieurs anciens maquisards, dont Tahar Bouzeghoub et Rachid Adjaoud. C’est en s’appuyant sur des témoignages d’acteurs du combat libérateur que Sadi a pu restituer la vérité historique.
Les recherches qu’il a menées au sujet du parcours et du combat du colonel Amirouche ont permis à Saïd Sadi de déceler trois invariants dans le combat de l’homme du Djurdjura, dont la marque de fabrique était établie très tôt. D’abord Amirouche faisait abstraction des barrières sociales ; ensuite, en plus d’être un homme de terrain, Amirouche était un homme de réflexion et, enfin, il y a une dimension éthique chez celui qui a organisé la sécurité du Congrès de la Soummam. Selon l’orateur, l’idée de l’indépendance de l’Algérie n’a jamais fait le moindre doute chez Amirouche. Dans les PV du commandement de la Wilaya III, l’indépendance était inéluctable. C’est grâce à un homme comme Amirouche que le Congrès de la Soummam, qui a fixé les perspectives politiques à la Révolution algérienne, a pu se dérouler. Amirouche avait mobilisé 3.000 soldats pour la protection du Congrès, et si celui-ci a permis une mise en perspective politique de la nation, c’est d’abord grâce à Abane et Amirouche, affirme encore le conférencier. Ce dernier dira, au sujet de l’opération “la bleuïte”, qui avait pourtant touché presque toutes les wilayas historiques du pays, que “c’est un crime contre la mémoire nationale que de dire que Amirouche était un anti-intellectuel”. “L’Histoire a été manipulée”, regrette le président du RCD.
Le livre qui est sous presse et en attente du numéro ISBN restitue Amirouche dans toute sa dimension d’homme d’État. “La séquestration des restes des colonels Amirouche et Haouès sera probablement l’un des traumatismes subis par le pays qui mettra le plus de temps à cicatriser, quand l’Algérie pourra parler à sa conscience”, écrit l’auteur dans la préface du livre. La falsification de l’Histoire a ouvert la voie, estime Sadi, “aux bonimenteurs de la mémoire, eux-mêmes précurseurs des escrocs politiques qui ont façonné un passé à la convenance des appétits et des humeurs de despotes parasitant l’honneur et le destin de la nation”. Refusant de faire de l’Histoire un enjeu partisan, Saïd Sadi considère que la crise actuelle trouve ses racines dans le passé falsifié et tourmenté de l’Algérie. “Les assassinats politiques, les fraudes électorales ou les détournements de la ressource nationale sont les traductions, au sens génétique du terme, d’une tare originelle que seule une mutation à la mesure de l’aberration pourrait corriger”, écrit-il. L’auteur est revenu longuement sur la séquestration du corps du colonel de la Wilaya III, “privé de vie par l’armée coloniale” et “interdit de mort par Boumediene”.
Le récit, plein de révélations comme cet épisode où “Ben Bella avait alerté, après le Congrès de la Soummam, Fathi Dib, responsable des services spéciaux égyptiens, sur le risque que ferait peser sur la Révolution algérienne la rencontre du 20 août 1956” dès lors qu’elle était décidée par “deux acteurs kabyles”, Abane et Krim, promet d’apporter la vérité sur un pan de la mémoire nationale. “Il faut que la vérité éclate pour éviter au pays de vivre les mêmes erreurs”, conclura le Dr Sadi, dont le récit contribue à faire éclater “la vérité sur des crimes politiques ou symboliques qui ont faussé les repères de notre mémoire, fragilisé notre conscience nationale et, de ce fait, hypothéqué le devenir de notre peuple”. Par ailleurs, une cérémonie de recueillement au carré des Martyrs du cimetière de Tassaft aura lieu ce matin, et sera suivie de prises de parole, avons-nous appris auprès du comité d’organisation.
http://www.algeria.com/forums/history-histoire/27137-amirouche-une-vie-deux-morts-un-testament-de-sa-d-sadi.html
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11 avril 2010 à 17 05 20 04204
Saïd Sadi à Tassaft :
«Boumediène est derrière la mort symbolique d’Amirouche»
Dimanche 28 Mars 2010 — Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) assène ses vérités historiques sur un pan de la mémoire nationale. Auteur d’un livre sur la vie et le combat du colonel Amirouche, en attente du numéro ISBN, Saïd Sadi a animé, vendredi après-midi à Tassaft, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, une conférence sur ce récit. En présence d’une assistance nombreuse dont plusieurs anciens maquisards compagnons de lutte du chef de la Wilaya III, le docteur Sadi, le verbe toujours incisif, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour dire la vérité historique. Le leader du RCD passera en revue le parcours et le combat du colonel Amirouche, dans une salle archicomble. Il battra en brèche les contre-vérités «construites» par le pouvoir à l’encontre d’Amirouche, depuis l’indépendance. Pour Saïd Sadi, l’indépendance du pays n’a jamais fait l’ombre d’un doute chez Amirouche. Celui-ci a été à l’origine de la réussite du congrès de la Soummam qui a fixé les perspectives politiques de la révolution algérienne. Il a su organiser et structurer la Wilaya III, avant d’apporter son aide aux autres Wilayas. Cette réussite conféra au personnage une autre dimension, à tel point qu’il a été mandaté par le CCE pour réorganiser la Wilaya I alors en butte à des conflits à couteaux tirés.
Abordant l’épisode de la Bleuïte, le docteur Sadi réhabilitera le colonel sur la base de témoignages qu’il a pu réunir auprès d’acteurs de l’époque. «C’est un crime contre la mémoire nationale lorsque l’on dit qu’Amirouche était un anti-intellectuel», dénoncera-t-il. Pour convaincre, l’orateur citera l’école de formation des étudiants de la Wilaya III ouverte à Tunis. Le livre Amirouche, une vie, deux morts, un testament, fera certainement l’effet d’une bombe, puisqu’il démolit des mensonges historiques avec lesquels le pouvoir algérien a déconstruit la mémoire du combat libérateur. Sadi annonce déjà la couleur dans la préface. Pour lui, la falsification de l’histoire «a ouvert la voie aux bonimenteurs de la mémoire, eux-mêmes précurseurs des escrocs politiques qui ont façonné un passé à la convenance des appétits et des humeurs de despotes parasitant l’honneur et le destin de la nation». Ainsi, aux yeux du conférencier, quand un pouvoir use de la falsification du patrimoine symbolique pour se légitimer, c’est qu’il a fait le choix du pire. «Les assassinats politiques, les fraudes électorales ou les détournements de la ressource nationale sont des traductions, au sens génétique du terme, d’une tare originelle que seule une mutation à la mesure de l’aberration pourrait corriger», lit-on dans la préface qui dénonce «la stratégie de confiscation du destin algérien décidée et menée par le clan Boussouf.»
Sadi citera le recours de Boumediène à la mort symbolique du héros de la Wilaya III par la séquestration de son corps, avec cette métaphore qui résume l’acharnement qui a ciblé le colonel de la Wilaya III : «Privé de vie par l’armée coloniale, Amirouche était interdit de mort par Boumediène.» «Le silence des élites qui accompagna la découverte de ce qu’il faut appeler une forfaiture annonçait la dérive morale et le naufrage intellectuel dans lesquels se débat la nation, un demi-siècle après son indépendance», ajoutera l’auteur pour qui cette façon de concevoir notre histoire en projetant notre responsabilité sur d’autres «a amplifié et compliqué les dérives qui réduisent l’Algérie à un Etat virtuel, une société atomisée et une nation en sursis, devenant, du même coup, une menace géostratégique pour la Méditerranée occidentale et l’espace périsaharien. » Le récit de Saïd Sadi sur Amirouche promet de faire mal en s’attaquant aux contre-vérités historiques. «Mon droit et mon devoir, c’est de chercher à comprendre et à contribuer à faire éclater la vérité sur les crimes politiques et symboliques qui ont faussé les repères de notre mémoire, fragilisé notre conscience nationale et hypothéqué le devenir de notre peuple», conclut le docteur Sadi. Hier, une cérémonie de recueillement a eu lieu au carré des martyrs, en présence de moudjahidine, de personnalités et d’une délégation du RCD conduite par son président, Saïd Sadi.
http://www.algeria.com/forums/history-histoire/27137-amirouche-une-vie-deux-morts-un-testament-de-sa-d-sadi.html
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11 avril 2010 à 17 05 22 04224
Sonia Lyes :
Le livre de Saïd Sadi sur le colonel Amirouche en librairie dans dix jours, les autorités préparent la riposte
Lundi 29 Mars 2010 — Après près d’une semaine d’attente, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a obtenu aujourd’hui le numéro du dépôt légal et d’ISBN de son livre Amirouche, une vie, deux morts, un testament, a-t-on appris de bonne source. Il faut dire que d’ordinaire, le numéro d’ISBN est obtenu dans un délai ne dépassant pas les 48 heures. Le livre, mis sous presse, devrait être disponible dans une dizaine de jours. Des versions en arabe et en anglais sont également envisagées. Et l’édition européenne du livre est attendue pour la deuxième moitié du mois d’avril. Dans ce livre étoffé de témoignages, Saïd Sadi évoque le parcours mais surtout les circonstances de la mort d’un des plus grands héros de la révolution. De par les révélations de première importance qu’il contient, cet ouvrage ne manquera sans doute pas de provoquer une polémique. Selon certaines indiscrétions, Sadi, s’appuyant sur des témoignages et des documents, privilégie la thèse d’un complot de l’armée des frontières algérienne alors sous l’autorité de Boussouf et de Boumediene.
Dimanche, les autorités semblent avoir déjà commencé à préparer leur riposte. Le ministre des Moudjahidines, Mohamed Chérif Abbas a présidé à Djebel Thamer, là ou ils sont tombés, une cérémonie de commémoration du 51éme anniversaire du martyr des colonels Amirouche et Si El Houes. Omar Sakhri, un commandant de l’ALN, un des cadres de la wilaya VI historique, a rapporté que les colonels Amirouche et Si El Haouès étaient, le 28 mars 1956, en mission vers le commandement de la Révolution installé en Tunisie. « Informés grâce aux renseignements de la Révolution de mouvements suspects des troupes françaises dans la région de Menaâ dans les Aurès, les deux chefs durent changer d’itinéraire, choisissant de se rendre en Tunisie par le Sahara en passant par Bou-Saâda », a-t-il indiqué. Selon lui, l’armée française aurait intercepté des messages en morse envoyés par les deux chefs de la révolution pour les localiser à Djebel Thamer où ils ont été encerclés par d’importantes forces coloniales, avant de tomber en héros… ». Une thèse qui ne recoupe pas, loin s’en faut, celle rapportée dans l’ouvrage de Saïd Sadi.
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11 avril 2010 à 17 05 23 04234
Préface du livre de Said SADI, « AMIROUCHE : une vie, deux morts, un testament.»
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Publié: 30/03/10
« Il (Amirouche) se défendit longtemps au bas d’une falaise
et fut tué à la grenade. Pour lui, il reste à tuer
la légende dont il était entouré. »
AFP, 30 mars 1959.
La séquestration des restes des colonels Amirouche et Haoues sera probablement l’un des traumatismes subis par le pays qui mettra le plus de temps à cicatriser, quand l’Algérie pourra enfin parler à sa conscience. Le silence des élites qui accompagna la découverte de ce qu’il faut bien appeler une forfaiture annonçait la dérive morale et le naufrage intellectuel dans lesquels se débat la nation, un demi-siècle après son indépendance.
Faut-il dire l’indicible ? Oui. Quels qu’en puissent être les désagréments conjoncturels qui s’ensuivent.
La censure, la désinformation ou même la peur sincère de la vérité, motivée par le souci de ne pas réveiller une histoire tourmentée et complexe, ont conduit l’Algérien à la méconnaissance, au reniement puis à la haine de soi. Cette schizophrénie a ouvert la voie aux bonimenteurs de la mémoire, eux-mêmes précurseurs des escrocs politiques qui ont façonné un passé à la convenance des appétits et des humeurs de despotes parasitant l’honneur et le destin de la nation.
Une épreuve dont on a identifié les causes est à moitié dépassée ; le refoulement génère toujours des rebondissements qui surgissent au moment où l’on s’y attend le moins et qui se manifestent de la pire des manières. C’est parce que l’Algérie, sans bornes ni boussole, a trop triché avec son passé que son histoire la hante. Quand un pouvoir use de la falsification du patrimoine symbolique pour se légitimer, c’est qu’il a délibérément et définitivement fait le choix du pire. Les assassinats politiques, les fraudes électorales ou les détournements de la ressource nationale sont des traductions, au sens génétique du terme, d’une tare originelle que seule une mutation à la mesure de l’aberration pourrait corriger.
On a avancé que la violence d’une colonisation de peuplement, ayant pulvérisé repères et normes communautaires, a substitué l’affrontement au débat. Soit. Mais il se trouve que ceux qui greffent leur impudeur sur cette séquelle dans un pays indépendant se posent comme les adversaires les plus distingués du colonialisme, eux qui, en vérité, en sont la reproduction la plus pitoyable.
On a aussi affirmé qu’il est fréquent de voir, dans tout le Tiers-Monde, des responsables protéger leur pouvoir par l’assassinat. Il ne s’agit pas de justifier ces crimes mais du moins est-il possible, en certaines occasions, d’en deviner la cohérence. Or, dans le cas du hold-up des ossements d’Amirouche et de Haoues, il n’y avait pas de menace sur le « trône ». Nous sommes bien face à la monstruosité absolue.
Il y a eu dans cette sombre affaire une synergie du Mal.
Affichant une singulière symétrie dans leurs attaques, les armées française et algérienne ont fait preuve d’une remarquable complémentarité, au point de conforter, dès 1962, l’information qui veut que l’ennemi n’a atteint les deux colonels que par l’imprudence, voire la complicité de ceux qui étaient chargés de les guider à partir de Tunis.
En effet, pendant toute la guerre et jusqu’à la mort du colonel de la wilaya III, les forces coloniales, banalisant exécutions sommaires et tortures et déversant leur napalm sur les villages et les forêts, n’ont eu de cesse de marteler que, le jour où elles neutraliseraient « le sanguinaire Amirouche », le conflit qui embrasait l’Algérie prendrait fin ou, du moins, verrait son dénouement se rapprocher considérablement.
Prenant le relais après l’indépendance, l’armée algérienne, c’est-à-dire l’armée des frontières ou, pour être encore plus précis, la Sécurité militaire – et donc Boumediene et son makhzen – qui a également construit son pouvoir sur les assassinats, la censure, les fraudes électorales et la corruption s’attellera à l’une des entreprises de désinformation post-indépendance les plus cyniques en s’acharnant à construire la contre-légende Amirouche : islamiste avant l’heure, paranoïaque sanguinaire, anti-intellectuel, arrogant, rien ne fut épargné au colonel de la wilaya III.
Le déferlement de rumeurs, d’allusions et de polémiques plus ou moins orchestrées ne parvenant toujours pas à occulter la vénération que vouaient à Amirouche ses hommes et plus généralement la population, Boumediene, digne héritier de Boussouf, recourut à la solution radicale : la mort symbolique. Il fit déterrer clandestinement ses restes pour les séquestrer dans la cave de la gendarmerie nationale où ils restèrent jusqu’à sa propre disparition. Privé de vie par l’armée coloniale, Amirouche était interdit de mort par Boumediene.
Quand des apparatchiks daignent aborder ce scandale d’Etat, ils invoquent le complexe d’un Boumediene qui, n’ayant jamais fait le maquis, ne pouvait supporter la célébration d’un officier adulé de son vivant et dont la réputation avait été forgée dans l’épreuve qui avait frappé son peuple.
Au regard de notre avenir collectif, le problème n’est plus de juger l’homme qui a fauté mais de trouver le courage moral de répondre à la question de savoir pourquoi, hormis des amis de la famille du martyr, pas un politique, pas un homme de religion, pas un artiste, pas un universitaire n’a osé, à ce jour, se prononcer sur ce qui relève du crime contre l’Homme. Il ne s’agit donc pas, pour l’intellectuel, de compatir avec ceux que l’horreur a frappés dans leur sang, mais de contribuer en tant que témoin privilégié à racheter notre dignité collective.
Les élites algériennes devront se résoudre à assumer, si toutefois elles veulent donner une chance à leur pays de le dépasser un jour, le déshonneur qui nous habite tous peu ou prou et qui fut à l’origine de la deuxième mort du plus emblématique des colonels de l’ALN.
En février 2010, je lis, de la plume d’un certain B. Amar un article apologétique intitulé « Un bâtisseur nommé Boumediene »[1]. Il déplore le fait que, depuis sa mort, le nom de Boumediene ne soit pas assez cité. Plus loin, l’auteur ajoute que l’homme du 19 juin a redonné du panache aux Algériens, précisant que « la fierté du peuple algérien, c’est de voir ses élites intellectuelles respectées, ses héros réhabilités, son histoire écrite avec intégrité, sa presse libre et responsable, ses partis désintéressés portant des programmes créatifs. » Toutes choses que Boumediene a consciencieusement et férocement combattues.
La confusion et la violence ont perverti la performance intellectuelle algérienne. En l’occurrence, la démission est moins préoccupante que l’empressement à se vassaliser.
Pourquoi cette aphasie ou, plus grave, un tel empressement à la soumission ?
Quand Taos Amrouche[2] vint avec ses chants berbères de Kabylie à Alger en 1969, à l’occasion du Festival panafricain, elle se heurta à la censure oblique mais obstinée de Boumediene. J’avais essayé de soulager sa déception en lui organisant un gala à la cité universitaire de Ben Aknoun où nous animions le « Cercle de culture berbère ». Tous ceux qui se pâmaient devant ses chants à Paris se défilèrent au moment où, à Alger, elle les appelait pour l’aider à comprendre et si possible à dépasser le sectarisme qui l’excluait d’une manifestation prétendant réhabiliter la culture africaine. Je me rappellerai toujours les propos désabusés qu’elle lâcha dans l’appartement de sa cousine, rue Horace Vernet : « Tu sais, mon frère, du courage il y en a eu une telle consommation pendant la guerre qu’il ne doit plus en rester beaucoup chez nous. »
Et pourtant, près de nous, les choses évoluent, y compris dans des pays ayant connu des systèmes similaires au nôtre. Lors de l’ouverture du congrès de son parti, j’ai entendu en 2006 Mahdjoubi Aherdane, président du Mouvement populaire, faire état, devant toute la classe politique marocaine, de la responsabilité directe de Mehdi Ben Barka – icône nationaliste s’il en est et qui fut à son tour victime de la violence politique – dans l’assassinat de Abbas Messadi, dirigeant de l’Armée de libération, qui gênait son ascension au lendemain de l’indépendance.
J’ai pu acheter à Rabat tous les livres de la famille Oufkir et ceux des détenus de Tazmamart relatant l’enfer que leur avait fait subir Hassan II.
La déstalinisation a eu lieu, le castrisme est en voie de décongélation, le procès des Khmers rouges est en cours, un peu partout dans le monde des vérités historiques émergent, s’affinent et se confortent ; syndrome de Stockholm algérien, le boumédiénisme continue de sévir.
À ce jour, il est exceptionnel de trouver un article critique sur la stratégie de confiscation du destin algérien décidée et menée par le clan Boussouf.
À chaque fois que j’ai eu à introduire un débat sur la responsabilité du tandem Boussouf-Boumediene dans l’impasse qui paralyse et ensanglante le pays, j’ai rencontré des yeux qui se baissaient ou entendu d’aimables recommandations m’invitant à ne pas réveiller les morts. Quand on essaie de faire valoir l’idée que les drames de notre histoire doivent être discutés, non pas pour assouvir une quelconque vengeance, mais parce que le débat public, servant de catharsis, peut contribuer à prémunir le pays contre de nouveaux malheurs, les thuriféraires prêts à s’enflammer sur d’autres excès expliquent sentencieusement qu’en ce qui concerne les agissements de Boumediene, « c’est de la politique. »
Cette séquestration n’a pas d’équivalent. Comme toutes les guerres révolutionnaires, l’insurrection algérienne a eu sa part de tragédies et de méprises. De l’assassinat d’Abane aux exécutions des colonels des Aurès en passant par la bleuïte et l’attaque de Sakamoudi, il y eut des fautes, des erreurs et de nombreux conflits politiques auraient pu connaître une issue plus sereine, si la brutalité qui continue de caractériser la vie publique avait pu être canalisée dans des espaces de médiation réguliers.
Mais comment demeurer silencieux devant un tel viol moral, qui, de surcroît, est commis par le premier responsable d’un pays et s’étonner ou se plaindre qu’une génération plus tard, des hommes éventrent des femmes enceintes au motif qu’elles n’appartiennent pas à leur secte ?
Quand Nordine Aït Hamouda, le fils du colonel Amirouche, m’informa en 1983 des conditions dans lesquelles avaient été camouflés pendant vingt ans les restes de son père et ceux de son camarade Haoues, j’avoue avoir eu le réflexe de l’avertir sur une possible manipulation politique. Chadli en effet, qui avait succédé à Boumediene, s’adonnait alors à un jeu de quilles dans le sérail et les barons ayant servi son prédécesseur tombaient les uns après les autres. La nouvelle était à ce point invraisemblable que l’idée d’une manœuvre destinée à éliminer un homme et son clan en les chargeant d’une tare indélébile pour justifier la disqualification de leur règne s’imposa à moi, comme à nombre de camarades dans l’opposition.
Ceci, en dépit de notre connaissance du pedigree du régime. L’enlèvement de Boudiaf au lendemain de l’indépendance et, plus tard, l’assassinat d’hommes tels que Mohamed Khider ou Krim Belkacem nous avaient instruits sur les mœurs qui inspirent et régissent l’exercice du pouvoir dans le système FLN. Nous-mêmes avions eu à découvrir à nos dépens le sort que pouvait réserver le pouvoir algérien à tout citoyen désirant se faire entendre dans son pays, fût-ce de façon pacifique. Nous avions connu les tortures, les emprisonnements, les retraits de passeports ou les licenciements arbitraires qui n’épargnaient pas même nos proches. Pour horribles qu’ils fussent, ces abus n’avaient pas suffi à nous aviser du fait que l’on puisse s’autoriser à néantiser des morts. Et quels morts !
« C’est un peu comme si la France avait séquestré Jean Moulin », me confiera François Léotard en 2007. On imagine pourtant bien qu’il avait eu, en tant que ministre de la Défense française, l’occasion d’accéder à des dossiers plus ou moins sulfureux.
Quand il a fallu se rendre à l’évidence et admettre que le sacrilège avait été bel et bien commis, je me rappelle ce que j’ai dit à Nordine Aït Hamouda : « Un peuple dont les élites applaudissent un homme qui s’abîme dans de telles ignominies passera par de terribles épreuves avant d’avoir le droit de réintégrer l’humanité. Désormais, nous voilà avertis, plus rien ne devra nous surprendre. »
Cette impossibilité à inviter à une lecture lucide et adulte des coups de force qui ont structuré le système algérien connaît des évitements sur d’autres registres, tout aussi handicapants pour la rénovation politique du pays. La question kabyle qui sous-tend le destin d’Amirouche et de beaucoup d’autres dirigeants algériens fait partie de ces tabous.
Je rappelle dans le récit qui va suivre comment Ben Bella a alerté, après le Congrès de la Soummam, Fathi Dib, responsable des services spéciaux égyptiens, sur le risque que ferait peser sur la Révolution algérienne la rencontre du 20 août 1956 dès lors qu’elle était décidée par « deux acteurs kabyles » (Abane et Krim). Je signale aussi qu’Ali Kafi a décrété, après leur mort et dans l’indifférence générale, que les trois dangers de l’Algérie avaient pour noms Abane, Krim et Amirouche. Les convictions et les parcours différents, voire les antagonismes qui ont marqué à certaines périodes les relations de ces dirigeants n’ont pas suffi à atténuer la hantise suscitée par leur origine commune.
Les deux hommes, dont l’un a joué le rôle d’indicateur d’un service de renseignements étranger en pleine guerre et l’autre celui de hussard de la géhenne nationale, ont tous les deux désigné des compatriotes de premier plan à l’élimination physique ou l’infamie.
Malgré de telles fautes, certaines de nos élites estimeront que le problème n’est pas dans ce que deux responsables qui se sont laissé aller à des conduites aussi coupables aient fini par exercer des fonctions de chef d’État ; non, pour nos intellectuels organiques, le préjudice causé au pays serait dans ce que l’auteur de ces lignes, homme politique originaire de Kabylie, ose évoquer de travers impliquant des dirigeants extérieurs à sa région.
Ne pas traiter d’un réel sensible dérangeant l’un ou l’autre des clans, occulter la vérité historique ou, plus grave, la livrer aux mises en scène de cour serait sans impact sur la conscience nationale et sans incidence sur la cohésion du pays.
Au lieu de prendre la mesure des conséquences de nos errements, nous avons pris l’habitude de nous précipiter dans des fuites en avant, à chaque fois que l’Histoire nous met face à nos turpitudes. Incapables d’assumer nos actes, nous invoquons les immixtions de l’Étranger, dont nous exigeons pardon et réparation. Il en est ainsi du dernier slogan exhibé par le régime algérien, sommant l’ancienne puissance coloniale de faire acte de repentance en préalable à l’établissement de relations saines et apaisées entre l’Algérie et la France.
Cette manœuvre, abordant par ailleurs un problème historique essentiel, revêt ici l’allure du gadget politicien. La repentance de Paris est une affaire franco-française. Si ce pays, qui peut tout de même trouver quelques événements de son histoire à « positiver », veut spéculer sur les bienfaits de la colonisation, cela engage la communauté à laquelle est proposé cet artifice. En ce qui me concerne, en tant qu’Algérien, mon droit et mon devoir, c’est de chercher à comprendre et de contribuer à faire éclater la vérité sur des crimes politiques ou symboliques qui ont faussé les repères de notre mémoire, fragilisé notre conscience nationale et, de ce fait, hypothéqué le devenir de notre peuple.
Cette façon de concevoir notre histoire en projetant notre responsabilité sur d’autres a amplifié et compliqué les fourvoiements qui réduisent l’Algérie à un État virtuel, une société atomisée et une nation en sursis, devenant, du même coup, une menace géostratégique pour la Méditerranée occidentale et l’espace péri-saharien.
Le traitement réservé au combat et à la mémoire du colonel Amirouche illustre jusqu’à la caricature cette propension quelque peu morbide à nier la réalité, la déformer pour la mettre en conformité avec les fantasmes des maîtres du moment.
Cela fait plus de quarante ans que j’écoute tous les témoins et engrange le moindre document pouvant me permettre d’éclairer ce que fut la vie de cet autodidacte, dirigeant hors pair, que j’ai entendu chanté par nos mères de son vivant. Plus j’avançais dans mes investigations, plus je découvrais une figure en tout point opposée à celle que se plaisait à façonner la propagande algérienne. En un sens, la ferveur populaire dont Amirouche fut et demeure l’objet et l’avilissement du personnage que s’acharnait à imposer Boumediene symbolisaient le divorce du pouvoir et de la société.
Je me suis entretenu avec la plupart des hommes qui ont servi et accompagné Amirouche avant et pendant la Révolution. Aucun ne m’en a donné le profil distillé par le pouvoir. Le colonel Amirouche a été vécu par tous comme un homme de cœur et un homme d’État. Témoignant de son humanisme, la quasi-totalité de ces maquisards a pleuré lors des interviews que j’ai faites avec eux : de douleur ou de colère trop longtemps contenue. J’en ai même rencontré qui vivent, comme c’est le cas pour Dda Mohand, que l’on découvrira dans ce livre, dans la culpabilité d’avoir survécu à leur chef.
Les missions qu’a effectuées Amirouche dans les Aurès et à Tunis, l’engagement militaire et la qualité de l’organisation politique qu’il avait obtenus en Kabylie, les orientations et l’aide qu’il prodiguait aux wilayate de l’intérieur ainsi que le melting-pot de maquisards qu’il y engagea, les recommandations qu’il adressait à l’extérieur, les réserves qu’il émit contre l’armée des frontières, sa modernité qui se révélait dans une stratégie de communication que lui envieraient bien des hommes politiques d’aujourd’hui, ses anticipations sur l’après-guerre, notamment à travers la formation des cadres, font de lui le dirigeant qui aura le plus et le mieux appliqué les résolutions du Congrès de la Soummam dont, au demeurant, il demandait dès janvier 1959 une déclinaison plus précise pour mieux appréhender l’avenir.
Amirouche avait le don qui permet de créer à partir de rien ou de si peu. Mais cela ne suffit pas à fabriquer une légende. Il a atteint une telle efficience et une telle considération parce qu’il savait évacuer le ressentiment personnel de la responsabilité politique. Que de fois n’a-t-il affronté des hommes sur des questions de principes, de programme ou d’attributions ? Une fois les choses dites, il était en mesure de renouer un contact aussitôt, dès lors que la patrie l’exigeait.
J’ai entendu les moins impulsifs des notables officiels concéder qu’Amirouche était le Zapata national. Une manière de réduire l’envergure d’un homme en l’enfermant dans le personnage enivré par la poudre du moindre pétard, prêt à s’emballer comme un cheval sauvage.
Je dois pourtant à la vérité de dire que récemment, insondable système algérien, un des dirigeants les plus informés du pays, ayant appris que j’allais publier un ouvrage sur le colonel Amirouche, m’avoua : « C’est un être fascinant, il y a quelque chose de Guevara chez cet homme. »
En retraçant la vie d’Amirouche, je pense avoir pu approcher la limite qui distingue le héros du militant ordinaire. Le héros, mû par une impulsion intime, met sa ferveur et son talent au service d’une cause qu’il confond avec son destin. Entretenant une relation quasi mystique avec la marche de l’Histoire, il ne doute jamais de l’essentiel et, de ce fait, s’interdit tout calcul. En la matière, l’Histoire a souvent renié le dicton qui veut que les héros ne meurent jamais. Comme tant d’autres révolutions, la guerre d’Algérie a vérifié que la plupart des héros meurent pour leur idéal. Ils ont pour nom Abane, Ben M’hidi, Boudiaf, Zighout, Ben Boulaïd, Didouche ou Amirouche ; tous ceux qui ne postulaient pas le combat comme un instrument de prise de pouvoir n’ont pas survécu aux attaques de l’ennemi ou aux intrigues de leurs pairs.
J’ai eu l’occasion de dire par ailleurs que l’Algérie indépendante, qui a eu tant d’hommes de pouvoir a, si l’on excepte l’épisode Boudiaf, été privée d’hommes d’État. Les premiers sont obnubilés par le contrôle et l’entretien des appareils : armée, police, parti unique, clientèles ; tout ce qui peut menacer la puissance absolue. Les seconds s’emploient à mettre en œuvre les chantiers qui libèrent les sociétés : éducation, justice, santé, statut de la femme, place du culte dans la cité, etc.
En replongeant dans le destin d’Amirouche, on trouvera sans peine à quelle catégorie il appartient.
Au terme de la rédaction de ce récit, j’étais partagé entre le dépit et l’espoir. Le peuple algérien, dont les cadres ont tu, admis et quelquefois amplifié un acte de trahison mémorielle, a également produit à partir de ses plus intimes racines un homme que tout poussait à la marge du monde et qui devint un symbole à 33 ans. Autre leçon de vérité, le cataclysme déclenché par Boumediene et ses affidés n’a pas pu avoir raison de l’adhésion populaire qui a porté, protégé et perpétué le combat et la mémoire d’Amirouche.
Aucune valeur, aucune norme, aucun repère n’a survécu à la boulimie du pouvoir. Saad Dahlab, évoquant la manipulation des actes fondateurs de la nation, déplore que l’on soit allé jusqu’à tricher sur la date de l’indépendance qui fut proclamée « le 3 juillet 1962 – le 3 juillet et non le 5 comme l’a décidé Ben Bella pour effacer paraît-il la date du 5 juillet 1830. Preuve de l’ambition démesurée de ce dernier. Comme si l’on pouvait gommer l’histoire d’un trait de plume [...]. Nous, ajoute-t-il, nous disons au contraire aux jeunes Algériens de ne pas oublier la date du 5 Juillet 1830 pour veiller jalousement à ce qu’elle ne se reproduise jamais. »[3]
Nous avons falsifié la date de l’indépendance, nous avons organisé l’inflation du nombre de martyrs et d’anciens moudjahidine ; nous avons même séquestré les ossements de deux héros dans l’indifférence ou, pour certains, un silence complice.
Que peut-on construire sur tant de reniements ?
Comment parler d’injustice sans semer la haine, comment combattre l’arbitraire sans appeler à la violence, comment dire la vérité sans susciter la vengeance ?
En commençant tous par assumer notre part de la responsabilité, qu’elle soit active ou passive, dans le désastre national et en méditant cette parole du président Kennedy, dont on verra ici que l’engagement au côté du peuple algérien fut induit par Amirouche : « Mon pays a fauté mais c’est mon pays. »
[1] Le Soir d’Algérie, 17 février 2010.
[2] Cantatrice kabyle de confession chrétienne, sœur du célèbre poète et essayiste Jean Amrouche.
[3] Pour l’indépendance de l’Algérie, Mission accomplie, Editions Dahlab, Alger, 1990.
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11 avril 2010 à 17 05 26 04264
«Amirouche, une vie, deux morts, un testament », le nouveau livre de Saïd Sadi
Sonia Lyes
« Amirouche, une vie, deux morts, un testament », c’est le titre d’un nouveau livre que s’apprête à publier dans les prochaines semaines, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), le Dr. Saïd Sadi. Fruit de longues recherches, ce livre retrace la vie mais aussi les circonstances de la disparition de celui qui reste l’une des figures de proue du mouvement de libération nationale.
L’auteur qui s’est astreint à un travail minutieux, raison de son relatif effacement de la scène politique, fait des révélations qui ne manqueront sans doute pas de provoquer des polémiques. De nombreux clichés ayant entouré l’action du « lion de la Soummam», comme sa prétendue aversion vis à vis des intellectuels, son sois-disant penchant pour l’islamisme avant l‘heure ou encore son caractère de « sanguinaire », y sont battus en brèche. Etayés par des témoignages parfois troublants de dirigeants sur les circonstances de la mort du héros et des documents puisés dans les archives françaises, cet opuscule fera certainement du bruit.
Pour rappel, les dépouilles d’Amirouche et de Si El Houes ont été cachées dans les sous-sols des bâtiments qui abritent la gendarmerie nationale jusqu’au début des années 80, avant que leurs ossements ne soient transférés au cimetière d’El Alia. Saïd Sadi est auteur de plusieurs livres dont « Algérie, échec recommencé»», et « Askuti », un roman en tamazight.
http://www.tsa-algerie.com/culture-et-media/amirouche-une-vie-deux-morts-un-testament-le-nouveau-livre_9975.html
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11 avril 2010 à 17 05 26 04264
Par Democrate2009 le 21/03/2010 | 17:01
Juger un livre avant même de l’avoir lu…je crois que cela se passe de commentaires !!! Et si les historiens et les intellectuels faisaient correctement leur boulot, les politiques ne s’en chargeraient pas. Je brule d’impatience de lire ce » bouquin. Il paraît qu’il contient des infos qui ne sont jamais sorties. Il paraît également que le fils du Colonel y a grandement contribué.
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5 mai 2010 à 19 07 29 05295
Ali Kafi prépare une riposte au livre de Saïd Sadi sur le colonel Amirouche
Sonia Lyes
L’ancien Président du haut comité d’Etat (HCE), Ali Kafi, organise jeudi à Alger une rencontre avec certains titres de la presse nationale pour répondre aux accusations contenues dans le livre de Saïd Sadi, « Amirouche, une vie, deux morts, un testament ». Visiblement suscitée, cette sortie constituera la première d’un responsable à un tel niveau politique.
Jusque là, seul l’ancien Ministre, Mourad Benachenhou, a tenté de répliquer au responsable du RCD à travers des écrits publiés par le Soir d’Algérie, si l’on excepte les déclarations du porte parole du RND faites à Bejaia.
Dans son livre, Saïd Sadi accuse le duo Boussouf- ancien responsable du MALG- Houari Boumediene d’être complices de la mort de l’ancien colonel de la wilaya III, Ait Hamouda Amirouche. Tiré à 10.000 exemplaires, l’ouvrage est déjà épuisé. Un autre tirage est envisagé. Selon certaines sources, un accord est en voie de conclusion pour une sortie française du livre chez Flammarion dans les prochaines semaines.
05/05/2010 | 18:08 |
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9 mai 2010 à 21 09 38 05385
Le Carrefour D’algérie
Dimanche 9 Mai 2010
Pole&mic
Par B.Nadir
Notre et «leur» Histoire
Notre histoire ou du moins l’Histoire officielle que nous avons apprise à l’école était des plus fantastiques. Nos hommes d’Histoire sont tous des héros qui se sont sacrifiés rien que pour la Liberté. Mais le temps use les Hommes en dévoilant leur «fragilité». C’est ce temps qui est leur ennemi car l’homme ne peut vivre avec ses complexes. Il est obligé d’en parler pour se soulager. Aujourd’hui ou simplement ces dernières années, les langues se délient et on parle de notre Révolution. Malheureusement, leurs «vérités» ou «mensonges» nous ont frustrés et continuent à nous «frustrer» en déballant leurs différends sur la place publique alors que la partie «accusée» est absente car ayant quitté notre monde. On nous parle de «liquidation» de «trahisons» et de «complot». C’est quoi alors cette Histoire qui s’est soldée par l’une des plus belles victoires de notre ère en faisant plier la France. Saadi a osé écrire un livre sur un Héro, qui s’appelle Amirouche et qui dérange apparemment. Le livre n’est qu’un livre où le psychologue nous retrace l’itinéraire d’un militant de la cause nationale dans un style «libre» et non de celui d’un académicien. Docteur Sâadi a laissé paraître sa sensibilité et sa soif de liberté et de comprendre le pourquoi de la déchirure. Le plus important, c’est que le Docteur met la lumière sur le silence des uns et des autres en se demandant pourquoi n’a-t-on pas enterré Amirouche en rendant son corps à sa famille jusqu’au début des années 80. L’écrivain Boudjedra sort de son silence et accuse de son côté le défunt Krim Belkacem d’avoir commandité le meurtre de Abbane Ramdane. Benchérif laisse croire qu’il aurait été obligé de suivre les instructions d’en haut pour cacher le cadre de Amirouche et Si Al Haoues pour «raison d’état». La fille de Krim ne jure que par réhabiliter la mémoire de son père. Ali Kafi, dont son livre retiré des étalages car portant atteinte aux Hommes et qui n’a apprécié personne sinon il aurait été mis sur inter Net, est sorti de son long silence pour «parjurer» Sâadi. Dans toute cette marmelade, je ne comprends rien mais j’ai compris que l’avenir nous appartient et que l’Histoire devrait être écrite par des historiens et les Hommes libres. Si leur histoire est une honte, notre Histoire est belle.
9 mai 2010 à 21 09 43 05435
RACHID ADJAOUD, OFFICIER DE L’ALN ET SECRÉTAIRE DU COLONEL AMIROUCHE :
«Il voulait secouer ceux qui vivaient dans le confort de Ghardimaou et Nador»
Dans votre édition du lundi 3 mai 2010, un large espace a été accordé à M. Benachenhou pour traiter des problèmes de Wilaya III et de son chef, le colonel Amirouche. M. Benachenhou m’a cité dans son écrit à deux reprises. Il a fait référence à des déclarations faites à un journaliste, M. Aït Ouakli Wahib, publié dans le quotidien L’Expression il y a déjà quelques années.
Evidemment, M. Benachenhou a choisi les morceaux de ma déclaration qui lui conviennent le mieux pour étayer ses écrits pour ternir l’image de la Wilaya III. Il se porte même juge et partie pour faire endosser au colonel Amirouche de graves erreurs dans l’affaire de la «Bleuite». Je n’ai pas eu le privilège de connaître ce Monsieur dans les maquis de la Wilaya III, je ne l’ai jamais vu au cours d’une cérémonie au musée d’Ifri, ni à une quelconque cérémonie commémorant l’anniversaire de la mort de Si Amirouche et Si Haouès à djebel Thameur. Je n’ai pas encore compris, un demi-siècle après leur décès, ce que visent M. Benachenhou et ses amis ? Les héros de la Révolution n’ont pas besoin d’éloges, encore moins d’avocats pour les défendre, mais de lucidité et d’honnêteté de la part des vivants. Dans le fond, vous insinuez que dans l’affaire de la «Bleuite», les services français n’avaient eu aucun rôle. Ce serait une pure invention du colonel Amirouche pour se débarrasser de mille huit cent cadres de l’ALN comme l’ont dit avant vous des officiers coloniaux. Pourquoi accordez-vous plus d’importance aux déclarations du capitaine Leger et pas aux archives de la Wilaya III que chacun peut consulter ? Mais il paraît qu’elles ne sont plus disponibles. Qui voulez-vous convaincre que le combat d’Amirouche qui a fédéré les maquis se réduit à la «Bleuite» ? En fait, toute votre démarche vise cet objectif, pourquoi ? Des écrivains et journalistes d’outre-Méditerranée que nous n’avons jamais vus et qui ne nous ont jamais entendus pour écrire l’histoire de la guerre de Libération malgré toute notre disponibilité, continuent d’écrire «debout» et en sens unique, à leur seul avantage et celui de leurs proches. M. Benachenhou, le colonel Amirouche, en se rendant en Tunisie en ce mois de mars 1959 avec son frère Haouès, avait le cœur bien gros. Ce n’est certainement pas pour aller se reposer à «Carthage ou Hammamet» mais pour remuer ceux qui se prélassaient dans le confort à Ghardimaou et Nador. En partant, il a rassemblé ses cadres à Akfadou, il a donné ses conseils et consignes, il a laissé 12 000 hommes entre moudjahidine et moussebline et il nous quitte en pleurant. Le destin a voulu que son itinéraire s’arrêtât à Boussaâda avec Si Haouès, pourquoi donc vous défendez l’indéfendable sur son décès et sur son itinéraire ? Si Amirouche aurait-il survécu en arrivant à Tunis ? M. Benachenhou, pendant que les maquisards de l’intérieur affrontaient les opérations «Jumelles», «Pierres précieuses» et autre «Bleuite», l’armée française montait ses lignes électrifiées de barbelés et de mines, alors qu’une armada de l’ALN se reposait tranquillement derrière les frontières pour préparer «l’avenir». Ce n’est qu’une fois ces barrages achevés que quelques compagnies de djounoud sont envoyées et sacrifiées, car rares sont ceux qui arrivent en Algérie. La ligne «Morice» était pratiquement infranchissable. C’est dur, très dur de parler maintenant de cette partie de notre histoire, mais parlons-en sereinement entre nous comme des grands, sans haine ni passion d’où tout esprit régionaliste sera exclus. Ce débat alors ne profitera qu’à notre peuple. Jeune officier à l’époque du départ de Si Amirouche, j’ai ressenti toute la douleur de cette absence et l’affliction de son décès avec Si Haouès à Boussaâda, nos appels de détresse deviendront encore plus inaudibles après la disparition de ces deux chefs de la Révolution. Je me suis permis à l’époque de l’opération «Jumelles» d’adresser au GPRA une lettre par laquelle je retraçais le désarroi dans lequel se trouvaient les maquis de l’intérieur, cette lettre n’aura pas plus d’échos que nos nombreux appels de détresse précédents (voir livre de Mohamed Harbi Le FLN de 1954-1962pages 108 et 109). En 1962, il ne resta que 4 000 moudjahidine sur les 12 000 laissés par Si Amirouche avant son départ en Tunisie. Les différentes opérations ont consumé 8 000 hommes devant l’indifférence de ceux qui, en 1962, ont pris l’Algérie indépendante dans le sang. Et puisque beaucoup accordent plus d’intérêt à l’affaire de la «Bleuite», l’affaire «Oiseau bleu» montée par Krim Belkacem au début de la Révolution mérite qu’on s’y arrête pour la mémoire. Je voudrais conclure en disant qu’il y a un problème dans le cas de Amirouche : ceux qui l’ont côtoyé l’ont admiré, respecté et pleuré comme le peuple. Ceux qui ont fait le maquis au Maroc ou à Tunis et qui parlent de lui aujourd’hui sont submergés par la haine. Il doit y avoir deux Amirouche.
R. A.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/05/09/article.php?sid=99857&cid=2
9 mai 2010 à 21 09 45 05455
MORT DU COLONEL AMIROUCHE
Les contradictions remontent à la surface
Le livre de Saïd Sadi Amirouche : une vie, deux morts, un testament force, pour pertinent qu’il soit dans l’interrogation qu’il assène à l’histoire, au déchaînement des réactions. Après Mourad Benachenhou, Ali Mebroukine, c’était au tour de Ali Kafi, colonel de la Wilaya II historique, d’attester d’une réaction-témoignage. Sa vérité et celle de Benachenhou, loin de se confondre, s’entrechoquent en se contredisant.
Sofiane Aït-Iflis – Alger (Le Soir)- Ainsi en est-il des liaisons radio entre Tunis et la Wilaya III. Ali Kafi affirme ( El Watan du samedi 8 mai 2010) que Krim Belkacem ne pouvait pas avoir alerté le colonel Amirouche, qui devait partir à Tunis, sur l’impératif de changer d’itinéraire pour la simple raison que les contacts radio avec la Wilaya III passaient par lui. «Impossible. Il (Krim Belkacem, ndlr) n’avait aucun contact radio avec Amirouche. Les contacts radio avec la Wilaya III passaient par moi. Krim, maquisard depuis 1947 et connaissant parfaitement les techniques de l’ennemi, ne pouvait pas envoyer un message écrit, de peur qu’il ne tombe entre les mains des Français. Et comme on était pressés par le temps, il ne pouvait pas aussi transmettre le message par le biais d’une personne.» Dans son opinion livrée dans Le Quotidien d’Oran le 17 avril 2010, Mourad Benachenhou évoquait, lui, une tentative vaine de joindre le colonel Amirouche. «Quelques jours avant la bataille qui a coûté la vie au colonel Amirouche comme à Haouès, l’échange de messages entre différentes unités ennemies, messages interceptés et déchiffrés par les services d’écoute de l’ALN, faisait état de rumeurs, parmi les populations locales, du déplacement de Amirouche en compagnie de Haouès ; les bulletins de renseignements généraux de la gendarmerie nationale ennemie, diffusés en clair tous les jours à 17h, ont, à la même époque, mentionné ce déplacement», écrit-il, poursuivant : «Krim Belkacem, Boussouf, Bentobbal et Nacer ont été informés de cela ; en même temps, les services de transmissions de l’ALN ont tenté de contacter en vain Amirouche pour l’informer qu’il avait été repéré et qu’il devait changer d’itinéraire ; comme il avait de son propre chef décidé de ne plus recevoir de messages de Tunis, les Wilayas IV et II ont été contactées pour lui transmettre l’information ; mais elles aussi n’avaient pas le moyen d’informer à temps Amirouche.» Mourad Benachenhou, qui fut au moment des faits de l’autre côté des frontières, parle bien de tentatives de joindre le colonel de la Wilaya III et ce n’est qu’après l’échec de ces tentatives que les Wilayas IV et II avaient été sollicitées pour transmettre le message. À en croire Benachenhou, le contact avec la Wilaya III était, du moins d’un point de vue logistique et au plan opérationnel, possible. Que le colonel Amirouche ne daignait pas recevoir les messages en provenance de Tunis est une autre histoire. Ali Kafi, pour sa part, souligne que «les contacts radio avec la Wilaya III passaient par moi». Si, comme l’atteste Benachenhou, Krim, Boussouf, Bentobbal et Nacer avaient essayé de joindre le colonel Amirouche, Krim aurait bien pu, comme Saïd Sadi le rapporte dans son livre, joindre, dans une initiative propre, le PC de la Wilaya III et recommandé au récepteur du message d’alerter Amirouche sur la nécessité de changer d’itinéraire. Dans son livre, Saïd Sadi, rapportant des témoignages qui étaient au PC d’Amirouche dans l’Akfadou, affirme que le message de Krim Belkacem alertant Amirouche sur l’impératif de changer d’itinéraire pour se rendre à Tunis avait bel et bien été reçu et que le commandement de la Wilaya III avait chargé quelqu’un de rattraper le colonel déjà en chemin vers Tunis et de le lui transmettre. Le messager, rapporte Saïd Sadi, a été pris dans une embuscade et ne l’avait donc pas transmis.
S. A. I.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/05/09/article.php?sid=99859&cid=2
9 mai 2010 à 21 09 46 05465
ALI KAFI, ANCIEN PRÉSIDENT ET COLONEL DE LA WILAYA II :
«Je n’ai pas lu le livre mais voici ma version»
Ali Kafi a réagi — sans même l’avoir lu — au contenu du livre écrit par Saïd Sadi. Le président du Haut Conseil d’Etat a profité d’une rencontre avec la presse pour s’en prendre aux colonels Amirouche et Boumediène et pour dresser un tableau noir de la gouvernance de Abdelaziz Bouteflika.
Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – Lors d’une rencontre avec des journalistes des quotidiens Liberté, El Watan, El Fedjr et El Khabar, organisée jeudi en son domicile, Ali Kafi a réagi au livre Amirouche : une vie, deux morts, un testament. Le président du HCE, qui avoue ne pas avoir lu l’ouvrage de Saïd Sadi, conteste à l’auteur le droit d’écrire sur la Révolution algérienne. «Saïd Sadi n’a pas le droit d’écrire sur l’Histoire. Il est psychiatre et non pas historien. De plus, n’étant pas un acteur de la Révolution, il est très loin du processus historique de notre Révolution. Il ne l’a pas vécue, donc il ne peut pas s’en imprégner (…) Au vu de la faillite qui a gagné son parti (le RCD), veut-il peut-être rebondir sur la scène en enfourchant le cheval de la grandiose Révolution qui a libéré le pays ? Si Amirouche était encore en vie, il aurait exécuté son propre fils ainsi que Saïd Sadi.» Si l’on s’en tient aux propos de Ali Kafi, aucun Algérien n’est disposé à écrire l’histoire de l’Algérie. «Nos historiens sont des lâches et des entremetteurs. Ils n’écrivent pas. Pourquoi on n’écrit pas notre histoire ? La France a-t-elle peur que l’histoire de l’Algérie soit écrite ? Y aurait-il des Algériens qui seront dérangés par l’écriture de l’histoire?», s’est-il interrogé. Revenant sur le contexte historique de l’époque, Kafi — alors colonel de la Wilaya II — a reconnu avoir été écarté des travaux du Congrès de la Soummam. «Nous étions une délégation officielle, Zighout, Ben Tobbal, Mezhoudi, Rouabhi, Benaouda et moi-même. (…) J’ai assisté à deux séances avant que Zighout ne me contacte et me confie la mission d’aller attendre un avion qui allait larguer des armes. Mais il n’y avait pas d’avion. Je n’ai pas été écarté et je ne prétends pas que j’ai participé au Congrès, mais je m’interroge sur la mission qu’on m’a confiée». Ne manquant pas de traiter Saïd Sadi «d’affabulateur », Ali Kafi confirme, néanmoins, les informations publiées par le président du RCD. Assénant ses vérités, Kafi s’en prendra de face aux colonels Boumediène et Amirouche. Du président de la République il dira : «Moi, Boumediène je l’ignore. Il est entré à la Révolution en 1956 grâce à une lettre de recommandation d’Ahmed Ben Bella. Il ne connaît pas les tenants et les aboutissants de la guerre de Libération (…) Celui qui a rendu l’Algérie malade c’est Boumediène, il nous a laissé un héritage désastreux qui nous gouverne actuellement (…) Il a ruiné le pays. Les deux seules bonnes décisions qu’il avait prises, ce sont la nationalisation des hydrocarbures et la révolution agraire». Pour ce qui est du colonel Amirouche, Ali Kafi tiendra des discours diamétralement opposés. Dans un premier temps, il prendra le ton de l’offense en évoquant le colonel de la Wilaya III historique : «On appelait Amirouche “Taxi Ami Salah”» rapporte- t-il en prenant soin d’évoquer dans le détail sa «fuite» face à l’ennemi. «On s’est retrouvés tous dans une maison à Michelet. Repérant Amirouche, isolé dans un coin tout empêtré dans sa kechabia, Abane l’avait sermonné devant tout le monde en le traitant de tous les noms d’oiseaux. Il lui cria à la figure : ‘’J’emmerde celui qui t’a nommé officier” (inal bouh lisemak dhabet)», raconte Kafi. Mais ce dernier semble finalement se reprendre : «Amirouche était plus qu’un grand frère pour moi. On avait d’excellentes relations, on se voyait régulièrement ». Et il qualifiera «d’impardonnable » la séquestration des corps de Amirouche et Si Haouès après la Révolution. «Cela ne fait pas très longtemps que je suis au courant de cette affaire. Mais je la considère comme un crime impardonnable contre les chouhada. » Au-delà de l’aspect historique, la sortie médiatique de Ali Kafi se caractérise aussi par des critiques à l’égard de la gouvernance de Abdelaziz Bouteflika. Un constat d’échec sans appel. «L’Algérie vit une faillite totale et elle se dirige vers l’inconnu. Nous avons consacré toute notre vie pour le militantisme depuis le mouvement national, avec de grands espoirs, actuellement tout sombre subitement dans l’obscurité.»
T. H.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/05/09/article.php?sid=99858&cid=2
10 mai 2010 à 0 12 12 05125
Livre de Saïd Sadi : le débat politique détourné
La polémique ne fait qu’enfler. Un succès, éditorial mais d’abord politique, pour le livre de Saïd Sadi, dont une deuxième édition est attendue dans les prochains jours. Subversif à plus d’un titre, Amirouche, une vie, deux morts, un testament est moins destiné à éclairer l’opinion publique sur un chapitre controversé de l’histoire de la Révolution – chose à laquelle tant d’historiens et de témoins se sont déjà attelés, chacun selon sa perception –, qui a suscité des remous et provoqué des défiances au sein de la «famille révolutionnaire», chez qui les vieux clivages claniques et régionalistes demeurent vivaces. Saïd Sadi innove dans sa démarche d’historien, en présentant des «preuves irréfutable» et choquantes sur les péripéties ayant conduit à la mort des deux colonels, Amirouche et Si Houès, dans la fameuse bataille de Djebel Thameur le 28 mars 1959, sur leur route vers la Tunisie. Des documents, publiés en annexe, attestent que les deux chefs de la révolution ont été «balancés» par Abdehafidh Boussouf et le chef de l’état-major de l’Ouest, Houari Boumediene. Des historiens ont déjà fait allusion à l’existence d’une pareille conjuration, pour corroborer ce que la vox populi a toujours véhiculé depuis cette époque, notamment en Kabylie, mais ne sont jamais allés jusqu’à citer des noms et présenter des «preuves» comme l’a fait le chef du RCD. Ces «révélations» n’ont pas suffi pour convaincre tout le monde. Mais l’important dans le livre de Sadi est dans sa démarche, éminemment politique. C’est donc sous cet angle qu’il faut analyser cette sortie inédite, mûrie depuis des mois. Par le choix d’un symbole de la Révolution – en Kabylie, Amirouche demeure un mythe –, Saïd Sadi cherche visiblement à marquer définitivement son parti sur la voie de la régionalisation que d’aucun décrivent comme synonyme de balkanisation. Un discours qu’il a commencé à adopter depuis notamment sa défaite à l’élection présidentielle du 9 avril 2004. Mais plus romantique, en parlant crânement d’un pouvoir «anti-kabyle», Sadi voudrait revenir à l’ambiance de la crise de 1962, où le clan au pouvoir, celui d’Oujda en l’occurrence, devait affronter une alliance d’opposants regroupés essentiellement dans le «clan de Tizi». Politiquement, il cherche une voie de salut pour son parti, qui peine à se remettre de ses débâcles électorales successives. En radicalisant son discours de cette façon, le leader du RCD risque, toutefois, de se voir apporter de l’eau au moulin des extrémistes du MAK, lesquels ont l’avantage de poser le problème en des termes crus, en appelant à l’autonomie de la Kabylie. D’ailleurs, les activistes autonomistes se sont faits plus bruyants lors de la dernière célébration du «Printemps berbère». Cela dit, la question aujourd’hui pour les démocrates algériens est de savoir si cette polémique provoquée par Saïd Sadi peut réellement faire avancer le débat sur la démocratie. Pour les plus sceptiques, cette controverse fait, au contraire, une sorte de diversion sur les vraies questions qui préoccupent la population. Et si tous ces déballages quotidiens sur les journaux et les sites Internet peuvent amuser un certain lectorat, avide de sensationnel et de polémique, on constate que cela ne fait que raviver les rancœurs et l’esprit régionaliste chez tous les intervenants dans le débat politique, car de Mourad Benachenhou à Ali Kafi, en passant par les thuriféraires traditionnels de la pensée unique et tous les «anciens amis de la presse» de Saïd Sadi, les réactions au récit de ce dernier, qui pêchent par leur caractère révulsif, ne font qu’exacerber les sentiments de haine et de division. Alors que l’écriture de l’histoire est l’instrument par excellence pour consolider l’unité nationale. M. A.
10-05-2010