Le Carrefour D’algérie
Les cadres algériens sont aujourd’hui pris entre le marteau et l’enclume. Au nom d’une campagne anticorruption tout azimuts, il est difficile de parer à tous les excès. Excès de zèle, excès de contrôle, excès de pression contre des cadres algériens suspectés dès leur installation à des postes de responsabilité.
Telle est aujourd’hui la triste réalité dans le secteur public. Un secteur qui ne cesse d’accumuler les affaires de corruption, de détournements et il faut l’admettre, de suspicion y compris des cadres reconnus par tous leurs collègues comme étant intègres et honnêtes. Il est vrai que dans cette lutte implacable contre la corruption, nul n’est sensé ignorer la loi et donc chacun est dans l’obligation de respecter scrupuleusement les règles. Pourtant, si problème il y a, il est sans nul doute, situé dans certaines lois dépassées, inapproprié dans une économie de marché où la seule règle applicable est celle de la concurrence. Certains responsables d’établissements bancaires, ou de sociétés algériennes importantes ne peuvent pas ignorer cette concurrence, très rude et souvent déloyale notamment de la part des opérateurs étrangers qui jouissent d’une carte blanche dans toutes les opérations qu’ils pilotent. Le cadre algérien en voulant bien faire pour l’entreprise qui l’embauche, entreprise publique algérienne, bien entendu, s’expose à des risques énormes puisqu’il n’est nullement à l’abri d’une sanction allant jusqu’à l’emprisonnement. Les pouvoirs publics savent pourtant que dans les affaires, certaines règles ne sont pas appliquées. Comment alors faire face à la concurrence avec des règles archaïques? Comment exiger de ces mêmes cadres des résultats sans qu’ils puissent agir avec un minimum de libertés? Et comment, lorsqu’ils prennent le risque, ils sont carrément jetés aux chiens? L’esprit d’initiative suppose la présence de protection, du moins certaines garanties. Et si erreur il y a, professionnellement parlant, c’est au conseil d’administration d’étudier la question. L’on ne peut accepter que chaque directeur ou chaque responsable suspecté de malversation ou de mauvaise gestion soit traîné dans les cours de justice sans qu’il y ait au préalable une étude des préjudices par une commission compétente. La lutte contre la corruption, dans de telles conditions, devient trop facile. Si la loi est sensée protéger l’économie algérienne, elle doit également protéger les cadres de cette économie dont beaucoup ne savent plus quoi faire. Doivent-ils agir en leurs âmes et consciences pour le bien du pays ou ne rien faire de peur d’être jetés en prison pour des crimes dont ils sont innocents? Tel est le dilemme!
11 avril 2010
Contributions