Dimanche 11 avril 2010 10h50
« Hou, le vilain garçon qui pleure! »
« Tu devrais avoir honte, les garçons ça ne pleure pas! » « Arrête de pleurer. Si tu n’arrêtes pas, on te laisse tout seul et on s’en va. »
« Oh que tu es ridicule quand tu pleures! »
« Ah ah ah! Regardez ce grand garçon qui pleure comme une fille! »
Nous sommes dans la rue. Au travers de mes larmes, à 7 ans, en les entendant rire quand je suis si triste, je sens bien que mes parents ne m’aiment pas. Et cela me fait pleurer de plus belle. J’ai mal au pieds, cela fait des heures qu’ils me tirent pour que j’avance plus vite et j’en ai ASSEZ!
Je pleure de plus belle…Brusquement, je prends conscience que je suis seul. Je suis seul, abandonné, dans la rue, plus de parents.Je calme mes sanglots, et un couple de personnes âgées s’approche de moi.
« Que t’arrive-t-il, mon garçon? »
« Mes parents… se moquent… de moi… et ils m’ont… abandonné! »
Et je pleure de plus belle.
Le vieux monsieur me rend dans ses bras. Sa femme me caresse la joue, et cette chaleur humaine me calme presque instantanément. Ils me font rentrer dans un café pour m’offrir un bon chocolat et je leur raconte mes malheurs. Ils me consolent, la femme se met en quête de mes parents pendant que son mari me dit que mes parents m’aiment mais ne savent peut-être pas me le dire.
Elle revient avec mes parents,la mine défaite, qui m’ont cherché partout. Je sens à la fois le plaisir de la revanche et je suis désolé de la peine que je leur ai faite en disparaissant ainsi. Ils avaient juste été jusqu’au prochain coin de rue et s’étaient cachés en m’attendant.
Ne me voyant pas arriver, ils s’étaient inquiétés, et ne me trouvaient plus.Il m’a fallu des années pour comprendre que mes parents étaient victimes d’une éducation rigide où on n’exprime pas ses sentiments. Me prendre dans leurs bras leur semblait de la faiblesse. Me montrer leur amour un aveu impossible. Je me suis donc nourri du peu qu’ils me donnaient. Il m’a fallu des années pour me sortir de là moi-même.
Montrez-vous assez à ceux que vous aimez votre amour?
Le traduisez-vous par des gestes d’attention et de tendresse?
C’est si important…
Bien amicalement, Christian
chalet Imniac 27, Chesieres, VD CH 1885, SWITZERLAND
11 avril 2010
Histoire