Le Carrefour D’algérie
Il est des signes qui ne trompent pas ou alors très peu. Un décret proposé par le département de Monsieur Ould Abbès va permettre l’ouverture prochaine de services d’action sociale au niveau de chaque commune. On peut y lire plusieurs lignes. La première est celle de l’élargissement des structures
parrainées par le ministère de la Solidarité Nationale, et qui auraient pour mission de rapprocher l’Etat d’Alger du citoyen de Tindouf ou d’un autre endroit reculé des grands axes de la décision. Modèle obsolète si l’on s’en tient à toutes les tentatives de réformes administratives du même genre et qui se sont avérées inconsistantes, inefficaces, bureaucratiques avant de produire de l’émeute, là où le calme était recherché. Connaissant les niveaux des communes et l’emprisonnement des décideurs locaux dans des procédures qui leur permettent tout juste d’occuper un bureau pour bâiller un mandat durant, on peut douter de l’apport d’une structure supplémentaire à chaque fois qu’une défaillance est constatée dans le fonctionnement de l’Etat. C’est une mode dont il faudra se débarrasser rapidement à l’ère de l’informatique et de l’e-gouvernance. On ne pense plus de cette manière ailleurs et on agit différemment, il suffit d’adapter en s’inspirant rationnellement. La seconde ligne de lecture de ce décret fait peur. En effet il est prévu une stratégie globale du secteur de la solidarité d’ici 2015 et ce n’est pas bien loin, mais les observateurs s’attendaient à la disparition de ce « ministère de la pitié » dont les missions pouvaient très bien revenir aux communes directement et sans passer par les lourdes structures où l’aide disparaît en chemin entre un bon de commande et un bon de livraison. On s’attendait donc à faire remplacer ce Ministère par plus de solidarité dans la lecture et tout ce qui touche moins au ventre qu’à l’esprit. L’effort n’est pas à consentir au niveau de la création de structures de plus en plus nombreuses pour s’assurer chacun son petit empire en papiers, mais de révolutionner le code communal en prenant un soin particulier à faire des élections autre chose qu’une mascarade nationale, où les mêmes reviennent au devant de la scène comme un héritage depuis l’indépendance, allant jusqu’à provoquer des pénuries de couches pour adultes, à force de se déplacer inutilement. La solidarité loin de se limiter à l‘emprisonnement institutionnel dans lequel elle se débat sur des fauteuils roulants, aurait fort à gagner en se transformant en us et coutumes dans le comportement de chacun. Comme avant l’indépendance. Tout simplement comme avant.
10 avril 2010
Contributions