» J’ai couru la fleur et le chant (champ) / J’aurais dû me faire méchant « .
Votre humble serviteur
Par Mohamed Abdoun
Le fait saillant de la semaine réside très certainement dans la publication, sur le site internet du ministère de l’Intérieur, du fameux formulaire portant demande de délivrance de documents d’identité ou de voyage biométriques. Les informations à fournir sont tellement nombreuses, souvent trop intimes,
relevant carrément de la vie privée de tout individu, que l’on est fondés à supposer qu’il s’agit peut-être d’une blague. Une blague de mauvais goût. A moins que le site en question n’ait été piraté et que ce formulaire n’ait été placé par de mauvais plaisantins. En attendant de savoir si c’est le bon formulaire, avec la douzaine de pièces à fournir, il est à se demander si un seul algérien, un seul, pourra encore voyager normalement une fois son passeport normal, son passeport chéri, aura expiré, rendu l’âme.
Bon je sais. Un passeport n’a pas d’âme. La formule ici n’est pas de mise. Mais celui-ci prend aujourd’hui une telle valeur qu’il est permis de le chérir, de le choyer, de le protéger bien plus que nos biens, amis et familles les plus précieux, en comptant anxieusement les jours qui nous séparent encore de son expiration. Bon, on peut décider de ne pas voyager, tant que ces » choseries » auront encore cours. Mais convenez avec moi qu’il faut aussi disposer d’un document d’identité en cours de validité. Surtout s’ils décident que le permis ne permettra plus de retirer du fric dans les banques et dans les bureaux de postes, à moins que celui-ci ne devienne à son tour biométrique.
Moi qui pensait que la technologie de pointe devait nous rendre la vie plus simple, plus fastoche, voilà bien des nouvelles à même de réduire à néant cet enthousiasme béat et quasi infantile.
Je me demande, d’ailleurs (hé, je me demande seulement) s’ils ne vont pas aussi nous implanter discrètement une puce électronique sous la peau pendant la séance de prise de photos. Elle permettra de donner en temps réel notre position, et de rapporter fidèlement nos conversations ainsi que nos fréquentations.
Ça rappelle un peu certains films futuristes et angoissants que l’on regardait jadis, quand on était petits, en séchant l’école, en rigolant bien et en se disant que cela ne nous arrivera jamais.
Dieu, faites qu’ils ne nous demandent pas aussi de livrer les noms et prénoms de nos complices lorsque nous nous adonnions aux délices et aux délires de l’école buissonnière et… que celui qui n’a jamais fait ça nous jette la première pierre et ajoute la question dans le formulaire…
M. A.
10 avril 2010
Contributions