Le débrayage de deux journées (les 30 et 31 mars), auquel une partie des travailleurs communaux a participé à l’appel du Conseil national du secteur des communes, structure affiliée au Syndicat autonome de l’administration publique (SNAPAP), a eu le don de provoquer l’ire de Zerhouni. Le ministre a exprimé sa colère contre cette grève et ceux qui l’ont déclenchée par le biais d’un communiqué adressé à toutes les wilayas, les daïras, les communes ainsi qu’aux annexes et structures rattachées aux collectivités locales.
Zerhouni leur a écrit qu’il voit dans cette grève «une manœuvre qui obéit à des velléités de déstabilisation de l’administration locale et son engagement au service du citoyen» et que les gens qui y ont appelé «sont à contre-courant du travail de fond engagé par le ministère de l’Intérieur pour rénover l’administration locale ainsi que l’intérêt des personnels de l’administration territoriale».
Il a ainsi formulé la même accusation contre le mouvement social qui a perturbé son département ministériel, que celle prononcée par le Premier ministre Ahmed Ouyahia contre ceux qui ont paralysé l’Education nationale et la Santé publique. Néanmoins, tout comme le Premier ministre, Zerhouni a fait le silence sur les milieux qui, selon la thèse de la déstabilisation, seraient derrière la velléité de manœuvre dans ce sens dont son département a été la cible.
Si réellement le débrayage provoqué dans le secteur des collectivités locales l’a été dans le cadre de l’opération dénoncée par Zerhouni, celui-ci, en sa qualité de ministre de l’Intérieur, détiendrait en toute logique des preuves dont il aurait dû faire état pour étayer son accusation.
En fait, la «théorie du complot» est mise en avant par les autorités face à une montée de la contestation sociale dont les revendications vont à contre-courant de leurs discours lénifiants et valorisants sur la politique sociale gouvernementale. Elles refusent en somme d’admettre que les salariés dans ce pays peuvent recourir à leur droit de grève uniquement pour protester contre l’injustice sociale dont ils s’estiment victimes et revendiquer que l’Etat prenne des mesures qui l’atténueraient, à défaut de la faire disparaître.
Si l’Etat avait le moindre soupçon de preuve que les grèves qui sont en train de se «métastaser» dans la fonction publique sont d’origine politique, avec pour objectif, comme il a été affirmé, la déstabilisation de cette fonction publique, et partant la sienne, il est totalement inconcevable que ses responsables se soient contentés de la seule accusation vague qu’ils réitèrent à l’encontre de la cause supposée de mouvement de contestation sociale.
Resteraient-ils en effet impassibles devant «une manœuvre de déstabilisation» qui contamine un secteur après l’autre de la fonction publique, d’autant qu’elle parvient à impliquer des masses de plus en larges de fonctionnaires ?
6 avril 2010
Contributions