Culture (Lundi 05 Avril 2010)
Reflet culturel
Par : ABDENNOUR ABDESSELAM
étrangement, des Algériens les plus maudissant la France sont en même temps les plus rêveurs d’elle. La contradiction va sans dire. Mais comment expliquer que les éléments de cette contradiction puissent “cohabiter” dans l’esprit d’une même personne ?
On peut considérer que le caractère de cette France “maudite” renvoie au matraquage idéologique et au discours exacerbant et émoustillant de ceux qui manipulent encore, comme fonds de commerce, un nationalisme de l’instant après avoir, très probablement, raté hier l’occasion de l’assumer dans le temps, c’est-à-dire directement durant la très violente guerre d’Algérie. Bien sûr que ceux qui l’ont fait dans le temps au prix d’abominables tortures, de souffrances et de leur vie ont notre respect et notre considération tout en constatant, malheureusement, que la situation présente du pays ne reflète pas la hauteur de leurs sacrifices. Du reste, on ne lègue pas aux nouvelles générations la haine en guise d’héritage. Le seul héritage utile et positif et dont ont grandement besoin nos jeunes c’est celui de l’entretien de la mémoire à travers une histoire sereine et de leur bâtir ce butin d’indépendance sur une école efficiente qui garantisse leur propre avenir, une culture d’ouverture sans transformations, un esprit de respect mutuel et une vie sociale pétrie dans les valeurs modernes et universelles. Ça sert à cela l’indépendance. Cela devrait plutôt servir à cela et nous sommes de plus en plus nombreux à dire oui à l’indépendance mais pas celle-là ! Qu’est-ce qui a bien pu pousser ces vagues de centaines, voire de milliers de jeunes Algériens, tous statuts confondus, engendrés par la terrible guerre à aller vivre ou s’installer en cette France et dont la plupart tentent, tant bien que mal ou plutôt mal que bien, d’acquérir la nationalité ? Pourquoi pas bien sûr ? Mais cette vérité quotidienne est lancée plutôt à la face de ceux qui, en retard d’une guerre et terriblement rongés par leur conscience, croient avoir trouvé leur exutoire dans la France “maudite”. Aucun discours, le plus revanchard puisse-t-il être, ne peut voiler cette implacable réalité et encore moins nier l’existence d’une population émigrée établie en France qui avoisine les deux millions de personnes. Ceux-là et bon nombre de ceux qui sont en instance de partir sont ceux de la France “rêvée” parce que le pays ne rêve pas d’eux.
A. A.
(kocilnour@yahoo.fr
5 avril 2010
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