La direction du MSP aurait poliment refusé de recevoir une délégation de l’organisation des Frères musulmans égyptienne qui a généreusement proposé ses bons offices pour réconcilier les frères algériens qui se tirent dans les pattes pour les sièges de responsabilité à l’intérieur de leur mouvement.
C’est sous le couvert de l’anonymat que l’information a été révélée à un confrère par un responsable du MSP qui a précisé que le refus diplomatique de Bouguerra Soltani de s’entretenir avec la délégation égyptienne a été expliqué par le fait que les principaux dirigeants du Hamas se trouvaient au même moment à… Paris où ils prenaient part à une exposition internationale des «organisations islamiques».
Officiellement du moins, on ne sait pas ce qui a bien pu donner la liberté à un parti politique égyptien de jouer aux marieuses avec un parti politique algérien – théoriquement du moins – autonome.
L’hypothèse d’une «initiative spontanée et désintéressée» ne tenant pas la route, il devient assez clair que les frères ne sont pas venus tous seuls.
Ou c’est Menasra et ses partisans qui ne savent plus ce qu’ils veulent, Soltani ayant accédé à toutes leurs conditions de retour à la maison, ou alors c’est la direction aux affaires du parti qui espère rallier tous ses «enfants» sans avoir à faire de concession sur l’essentiel.
Un «essentiel» qui n’est apparemment pas mis sur la table mais dans les négociations de coulisses. Tellement dans les coulisses que ça a nécessité un recours à l’arbitrage d’une autorité qui transcende les dérisoires déchirements internes et un toujours possible parti pris embarrassant. Le problème est qu’en l’occurrence, c’est de déchirements internes qu’il s’agit.
Les deux «courants» étant abreuvés de la même matrice qui fait de la ruse l’essentiel de la stratégie politique, c’est sur ce terrain que tout se joue.
Les carrières individuelles, comme le destin commun. Soltani ne va logiquement pas se permettre le luxe toujours périlleux de remettre sur le tapis un débat clos à son unique avantage et Menasra ne compte visiblement pas renoncer à une initiative (commune ?) qui le remettrait sur la sellette de la maison-mère après avoir perdu l’illusion de pouvoir voler de ses propres ailes.
Et il sera donc seul à recevoir les frères égyptiens. Même si ces derniers ne sont pas venus pour si peu, il va falloir qu’ils s’en contentent. Le parti pris est certes tentant pour les islamistes d’Oum Eddounia, mais les frères, à Alger comme au Caire, ne s’encombrent pas d’états d’âme. C’est Soltani qui est aux affaires et les «réconciliateurs» du jour le savent très bien.
04-04-2010 Point Net
4 avril 2010
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