Il y a 43 ans, en ce jour du 15 mars, l’OAS assassinait six personnalités qui militaient pour le départ de l’armée française.
Il s’agit de Mouloud Feraoun, Ali Hamoutène et Salah Ould Aoudia, mais aussi des pieds-noirs tels Max Marchand, Robert Eymard et Marcel Basset, tous engagés intellectuellement au service de la cause algérienne. En visant ces personnalités, l’organisation de Salan voulait assassiner l’espoir d’une Algérie libre et émancipée mais aussi l’envers d’une colonisation qui a permis de tisser des liens de fraternité entre les deux peuples grâce à des individus pétris d’humanisme. La conférence donnée hier (lundi) à l’institut des sciences sociales de Constantine a tenté de jeter un éclairage nouveau sur cet aspect de l’histoire à travers deux fils conducteurs. Le premier, partant des années de la révolution, mettait en exergue l’action des centres sociaux éducatifs et leur impact au sein des populations affaiblies. Selon Jean Philippes Ould Aoudia, historien et fils de l’une des victimes de l’OAS : « Ces centres étaient devenus de véritables lignes de feu et de combat agissant aux côtés des Algériens. » Ils étaient au nombre de 505 implantés dans l’Algérois, le Constantinois et l’Oranais et leurs activités limités d’abord aux domaines de la santé, de l’éducation et de l’assistance sociale s’étaient transformées petit à petit en un véritable soutien à l’action de la libération du joug colonialiste. C’est cela qui allait naturellement attirer la foudre sur les « arabophones » français qui animaient ces centres et justifier les attaques de l’armée française d’abord et ensuite celles de l’OAS et d’autres Européens qui activaient au profit du contre-terrorisme et du contre espionnage français. Le conférencier a montré aussi qu’il existait de bonnes relations entre ces centres et le FLN et tenté ensuite de démonter le mythe de la valise ou le cercueil, emprunté par les partisans de l’Algérie française pour justifier leurs crimes. En sept années, la guerre de l’OAS avait fait 4500 victimes et beaucoup étaient des instituteurs au sein des centres tels que Salah Ould Aoudia, père du conférencier qui lira en guise de conclusion, un poème dédié à son père par feu Djamel Amrani. Un autre conférencier, Michel Levalois s’intéressera au cas Thomas Urbain présenté comme un modèle d’intégration et de rapprochement entre les peuples algériens et français. Ce commis officiel, interprète militaire de profession, allait vite développer une approche différente dans les rapports avec la population algérienne et exposer sa vision « traîtresse » dans des écrits journalistiques à controverse. Il ira plus loin en se convertissant à l’Islam pour devenir Ismaïl Urbain et en épousant par la suite une Algérienne établie à Constantine. Ses idées resteront longtemps dans le réformisme, mais l’humanisme colonial ne pouvant dépasser le niveau de l’individu allait pousser Ismaïl vers la fin de sa vie à rejeter totalement le colonialisme. Ismaïl qui ressemblait beaucoup à Frantz Fanon,a vécu pendant le XIXe siècle et c’est en cela qu’il est précurseur, avance le conférencier, dans ses idées anticolonialistes et favorables à l’émancipation de la nation algérienne. Le message délivré à travers ces contributions voulait mettre en valeur l’action de plusieurs générations de militants qui ont voulu fraterniser le rapport entre les deux peuples et qui rêvaient d’une autre Algérie. C’est un devoir de mémoire, semble nous dire les conférenciers, que de valoriser l’exemple de ces humanistes et casser les tabous pour mieux nous comprendre sans pour cela oublier ce péché originel qu’est la colonisation. Enfin, ces conférences organisées aussi par l’association Les amis de Max Marchand, Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, sera donnée également à Alger et à Tizi Ouzou.
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4 avril 2010
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