La Bibliothèque nationale d’Algérie (BN) a abrité, samedi dernier, une table ronde autour du thème « La littérature algérienne en Russie ».
Cette rencontre a été animée par les écrivains Mohamed Saïdi et Abdelaziz Boubakir. Dans son intervention, Mohamed Saïdi a rappelé que les Russes ont commencé à s’investir dans la traduction des œuvres littéraires publiées dans les différents points du monde à partir de la fin du XVIIe siècle. Ce qui a permis à leur langue de se « moderniser » et de « s’intégrer » dans les productions culturelles et artistiques avec leurs multiples facettes d’expression d’autres pays. Il relève que les œuvres des écrivains algériens, à l’exemple de Mohammed Dib, Mouloud Feraoun, Kateb Yacine, Mouloud Mammeri ont été traduites en russe. Et pour les Russes, « traduire, c’est créer ». Cela dit, fait-il remarquer, en Algérie, « on ne donne pas d’importance à la traduction. Aujourd’hui, les Algériens ignorent la culture des autres ». De son côté Abdelaziz Boubakir constate d’emblée qu’il n’y a pas d’écrivains du XXe siècle qui ne soit pas influencé par la littérature russe classique. Les écrivains algériens ont à leur « tour subi cette influence ». Cependant en Algérie, « rien n’est fait pour traduire la littérature russe ». Les lecteurs algériens ont découvert cette littérature « à travers des traductions françaises ». Quant aux Russes, ils ont commencé à s’intéresser à la littérature algérienne avec « le déclenchement de la révolution du 1er novembre 1954 ». Le premier écrivain algérien « traduit en russe est Mohammed Dib ». Les livres de Mohamed Dib comme toutes les œuvres d’autres écrivains algériens « ont suscité des échos favorables de la part des critiques russes ». Après l’indépendance, les Russes ont « cessé » de traduire les œuvres de l’auteur de L’incendie. La raison ? Selon le même intervenant, une telle attitude est due à la déclaration de Mohammed Dib après l’indépendance à travers laquelle il indique que le « réalisme » est devenu anachronique. Pendant la guerre de libération est traduit Le sommeil du juste de Mouloud Mammeri. Le reste de ses œuvres ont été traduites après l’indépendance. Le même intervenant relève que l’auteur « le plus traduit » en russe est Mouloud Feraoun, même si ce travail a commencé après son assassinat par l’OAS en mars 1962. Après l’indépendance, ont été traduits aussi les livres de Malek Haddad et de Kateb Yacine, les œuvres poétiques, et les productions littéraires en langue arabe à l’exemple des romans de Tahar Ouettar et de Abdelhamid Benhadouga. « Les Russes ne font pas la différence entre les œuvres littéraires algériennes d’expression arabe et française. Ils ont évacué cette question dans leur travail de traduction. Pour eux, il s’agit d’une littérature qui met en lumière le quotidien du peuple algérien et ses préoccupations à commencer par sa lutte pour l’indépendance », conclut la même voix.
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4 avril 2010
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