Depuis le temps qu’il nous est promis une stratégie industrielle à coups et coûts de grandes rencontres de très haut niveau d’expertise, voilà que sur le tapis est remise au goût du jour une autre stratégie concernant les industries agro-alimentaires. La copie de la première a été révisée plusieurs fois, corrigée,
soumise à validation, réécrite comme un conte de fée, puis reléguée aux calendes grecques. Entre temps des entreprises publiques ont perdu leur force d’adaptation aux exigences qualitatives du marché mondial, ont remercié leurs personnels, ont fait faillite. Certaines ont pu être revendues parmi les plus chanceuses, les autres se sont transformées en dépotoirs. Les étrangers sont gourmands en profits immédiats et préfèrent investir, telle que la logique d’entreprise le recommande, ce qui serait normal, compte tenu des conditions offertes dans d’autres pays que le notre. Aux plans des résultats, nous continuons à importer de plus en plus de produits finis ou dans le meilleur des cas semi-finis. Une stratégie qui a donc favorisé l’importation massive et tout ce qui va avec, comme corruption et malfaçons. Maintenant que les signes d’espoirs viennent de l’agriculture qui s’est remise à répondre aux besoins des citoyens et dont il faut régler la question des prix par la surproduction, le ministre de l’Industrie et de la Promotion des Investissements, propose d’intégrer le secteur lié à l’agriculture et qui est censé la promouvoir à une stratégie globale, dont les contours ne sont pas encore dessinés au lieu de laisser ce secteur se développer selon les lois du marché. Mais en fait que veut dire une stratégie industrielle à l’ère de la mondialisation, si ce n’est de prendre la part aux missions auxquelles nous destinent les grands de ce monde ? Autrement nous allons nous retrouver à inventer le fil à couper le beurre. Car en fait de stratégie industrielle, si l’on n’est pas capable par la recherche scientifique et le travail qui s’ensuit pour la mettre en œuvre, à produire nos véhicules, nos avions et nos équipements industriels, pourquoi toute cette agitation académique qui nous fait perdre du temps et de l’énergie inutilement. La seule théorie ne suffit plus si l’on veut aborder l’avenir avec plus de réalisme. Toucher au secteur agro-industriel c’est toucher à une offre d’emploi qui ne se plaint pas pour le moment et qui mérite tout simplement que l’Etat joue un rôle régulateur en amont, c’est-à-dire continuer à faire de la production agricole un objectif à moyen terme. L’exemple de l’orge en est la parfaite illustration et n’a pas eu à faire appel de stratégie mais d’actions.
Le Carrefour D’algérie
3 avril 2010
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