Oran, Aujourd’hui
Du noir au gris, en attendant le blanc Lors de la dernière session de l’Assemblée de wilaya, quelques élus ont interpellé le chef de l’exécutif local à propos de certains grands projets qui restent encore en chantier depuis de longues années. Les carcasses de ces infrastructures inachevées, tels que la mosquée Ibn Badis
et le Palais des Congrès, ont finis d’ailleurs par s’inscrire dans une sorte de «normalité» propre au paysage urbain de la ville. Initiés bien avant l’arrivée du Wali actuellement en poste, ces projets éternels ont été inscrits au programme des priorités de chaque responsable successif et de chaque mandat communal. Et lors des différentes sessions rassemblant les élus locaux, ceux qui sont les mieux placés pour expliquer l’état des lieux de leur cité font semblant de tout ignorer et interpelle le premier responsable local comme s’il était lui-même la cause de tous leur maux. En fait, bon nombre de ces acteurs locaux, assis sur les privilèges offerts par un statut plutôt contesté, ne trouvent leur raison d’exister qu’à travers un talent d’orateur braqué sur l’apostrophe des pouvoirs publics. Critiquant sans cesse la « gestion des autres » en oubliant leurs propres carences, ils restent complices d’un système qui érige la médiocrité en seule valeur à promouvoir. Depuis le scandaleux projet d’hôtel du château neuf qui défigure depuis trente ans le paysage du centre ville et porte gravement atteinte à un site historique, la majorité des Oranais anonymes ne s’étonnent plus devant les erreurs et les inepties délirantes qui ponctuent la gestion du foncier. N’importe qui ici est en mesure de citer des exemples puisés sur une longue liste d’anomalies cumulées depuis des décennies. Du téléphérique à l’arrêt à la carcasse de béton du Palais des congrès, en passant par les malfaçons du nouvel hôpital universitaire de l’USTO, le choix des implantations des nouvelles cités d’habitat, la route de la corniche, l’aménagement de la pêcherie, la finition des halles centrales, les nouvelles facultés isolées au douar Belgaid, la mosquée Ibn Badis inachevée, la piscine olympique de l’USTO toujours fermée, le parc du Murdjadjo qui se fait attendre, et bien d’autres questions liées à l’amélioration du cadre de vie collectif, il n’y a bien l’embarras du choix pour illustrer le règne du laxisme qui a fini par installer la ville dans le chaos chronique quasi-permanent. Surtout après le démarrage du dernier né des grands projets ambitieux, le tramway présumé porteur de progrès et de modernité. Que pouvait bien répondre le responsable local actuel aux remontrances visant de vieux projets à l’arrêt depuis des années ? Sinon se replier dans le discours propre aux décideurs coincés par la fameuse obligation de réserve qui pénalise la transparence et le débat démocratique. « Ces projets étaient dans le noir, ils ont passés au gris et bientôt ils seront dans le blanc… ». La promesse du responsable est à la hauteur de la formule imagée. Pour la grande Mosquée par exemple, il a fallut attendre prés de quinze ans pour passer du noir au gris. La logique des feux tricolore imposera donc les mêmes délais pour le passage du gris au blanc. Pour d’autres projets plus anciens, comme la carcasse du château neuf ou la restauration des vieux quartiers, Sidi El Houari et El Hamri, ces feux tricolores sont en panne. Coincés sur le noir, qui d’ailleurs n’est pas une couleur, nous précisent les scientifiques, mais plutôt l’absence de lumière qui nous rend les choses invisibles. Ainsi va Oran…
La chronique de Benali Si Youcef
3 avril 2010
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